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Loto Édition
9 octobre 2022

Un crime au Palais d'Hiver

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George Trombert (1874-1949) fut tout d’abord un sportif de haut niveau.

C’est en escrime (Fleuret, épée, sabre) qu’il remporta, en 1920, 3 médailles par équipe aux Jeux olympiques d’Anvers en 1920 (deux d’argent et une de bronze).

Mais George Trombert rendit également des services à la France pendant la Première Guerre mondiale, du moins, suffisamment pour être élevé au rang de Chevalier de la Légion d’honneur en 1923.

Enfin, et c’est ce qui m’intéresse le plus, George Trombert fut également écrivain.

Sous son nom ou divers pseudonymes (Marcel Darache, George Sanzès, Rosita d’Ainay, René Morny, Michèle Rivière), il écrivit des fascicules à l’eau de rose ou des romans policiers ou d’espionnage…

« Un crime au Palais d’Hiver » est un court roman policier publié en 1935 dans la collection « À ne pas lire la nuit » chez Les Éditions de France…

UN CRIME AU PALAIS D’HIVER

Lorsque Ranch se leva au son du gong annonçant la seconde reprise, la victoire ne semblait pas pouvoir lui échapper.

Son adversaire, l’Anglais Tom Beeck, après avoir pris deux fois le compte de neuf, était de nouveau par terre quand le round avait pris fin.

Lorsque le gong retentit, il se mit debout, avec cette souplesse qui le faisait ressembler à un tigre, mais, aussitôt, il retomba sur sa chaise, et, basculant en avant, il s’étala la face contre terre.

Les tenants de Ranch l’avaient saisi par les épaules pour le relever, mais c’était une masse inerte qu’ils soulevaient. Les yeux du champion étaient fermés. De sa poitrine s’écoulait un ruisseau de sang.

Il était mort…

Alors que Ranch, jeune pugiliste, fils d’un riche américain, se lève de son tabouret pour entamer le second round de son combat au Palais d’Hiver, face à un champion d’Europe de Boxe, celui-ci s’écroule brutalement.

Cet amateur qui, pourtant, avait largement dominé son adversaire n’avait alors aucune raison de faire un malaise et, pour cause, c’est d’une balle dans le cœur qui l’a fait flancher.

Pourtant, personne, dans cette salle bondée à craquer, n’a vu ni entendu quoi que ce soit…

Qui et, surtout, comment cet homme a-t-il été ainsi abattu sous les yeux de tous ?...

C’est ce que vont chercher à découvrir le Préfet de police Labaume, le juge d’instruction Duchamp et le substitut Vernet, en menant chacun son enquête de son côté, qui par esprit professionnel, qui par amitié, qui par amour…

Voilà donc un court roman policier (33 600 mots) qui base son intrigue sur un crime en chambre close, mais une grande chambre avec beaucoup de monde dedans puisqu’il ne s’agit pas moins du Palais d’Hiver.

Un meurtre mystérieux pour lequel la justice cherchera d’abord à savoir comment la victime a été tuée, puis de quelle manière le crime a été organisé pour être aussi discret et, enfin, qui a commis ou commandité le meurtre.

Il faut reconnaître à George Trombert le talent d’avoir mis en place une intrigue intéressante, pas dénuée d’intérêt même si elle se base sur des éléments devenus désormais archaïque et que l’on peut se demander la raison de l’organisation d’un crime aussi complexe et spectaculaire quand il aurait été plus simple de tuer la personne à un autre endroit et d’une manière plus conventionnelle.

La bonne idée du roman réside également dans le fait de proposer une large galerie de personnages tant du côté des suspects que des enquêteurs.

Effectivement, d’une part, le lecteur fait connaissance avec le Préfet de Police, le substitut et le juge d’instruction et l’étudiant russe Meskoutine.

Le premier, parce que le meurtre est médiatique du fait des circonstances dans lesquelles il s’est déroulé.

Le deuxième, parce que l’ambassadeur américain a promis une forte somme en récompense de la découverte de l’identité du meurtrier, et que le juge d’instruction, connaissant l’ambassadeur, tient là une démarche à la fois politique et amicale.

Le troisième, parce qu’il s’éprend d’une des protagonistes de l’histoire, la fille adoptive de l’ambassadeur.

Et le dernier, tout d’abord pour l’aspect intellectuel de résoudre une telle énigme, puis par appât du gain pour la prime promise.

Certes, des quatre, l’enquête sera principalement menée par le Préfet et même plutôt par ses hommes (et femme) bien aidés en cela par l’analyse de l’étudiant russe.

De l’autre côté de la barrière, on retrouve des personnages plus classiques avec les enfants de l’ambassadeur d’un côté, la femme dont la victime était amoureux et son cousin de l’autre.

Dans les deux cas, les femmes sont jeunes et belles et les hommes sont jeunes et beaux. On ne trouvera donc aucune originalité parmi eux.

En plus de l’intrigue pas inintéressante, George Trombert fait preuve d’une plume agréable et d’une certaine maîtrise de la narration.

On regrettera seulement une résolution beaucoup trop abrupte, trop rapide, à cause d’élision de certaines scènes qui aurait permis aux lecteurs de suivre l’enquête de bout en bout.

Ce choix se comprendrait dans un format fasciculaire puisqu’il implique une forte concision, mais elle est un mystère dans le format « livre » de la collection « À ne pas lire la nuit » qui peut aisément contenir 30 % de texte supplémentaire. Et ça l’est d’autant plus que l’auteur, pendant tout le reste du récit, prend son temps conter son histoire.

Au final, un bon roman policier des années 1930 qui ne pêche que par la brutalité de la résolution de l’enquête.

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