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Loto Édition
30 octobre 2022

Quartier Chinois 1938

ML02

Vous le savez si vous suivez mes chroniques, je suis particulièrement friand de la littérature populaire policière fasciculaire de la première moitié du siècle dernier…

Ce format court se départageait principalement en deux sous-formats : le fascicule de 64 pages et celui de 32 pages.

Le premier proposait des textes d’environ 20 000 mots, ce qui correspond à la moitié d’un petit roman.

Le second, lui, renfermait des textes entre 8 000 et 12 000 mots.

Si le fascicule de 64 pages laissait une latitude suffisante aux auteurs pour s’exprimer, celui de 32 pages, lui était à ce point contraignant que peu d’auteurs sont parvenus à s’y épanouir…

Effectivement, en 10 000 mots, il est impossible de proposer une intrigue convaincante, difficile de développer suffisamment des personnages pour les rendre attachants, quasi impensable, en respectant les codes du genre, d’instiller un style et de faire preuve d’une plume originale…

Du coup, malgré le grand nombre de fascicules de 32 pages que j’ai lus, j’ai rarement découvert des auteurs réussissant l’exploit de proposer un récit complet dans tous les sens du terme…

Parmi ces auteurs, je citerai Charles Richebourg, J. A. Flanigham, et dans une moindre mesure René Byzance.

Mais je peux surtout avancer le nom de Maurice Lambert, un pseudonyme de Géo Duvic (1900-1968), romancier et parolier.

Si jusqu’à présent, je m’étais régalé avec les récits de Maurice Lambert mettant en scène ses personnages récurrents (commissaire Mazère, l’inspecteur Machard, A.B.C. Mine)… depuis peu, je découvre les récits indépendants de l’auteur et, pour confirmer les talents de Maurice Lambert, rien de mieux que de plonger à nouveau dans des fascicules de 32 pages avant de tester des textes plus longs.

Le titre du jour « Quartier Chinois 1938 » est un récit d’aventures publié en 1943 dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot sous la forme d’un fascicule de 32 pages, double colonne.

QUARTIER CHINOIS 1938

André Vallier, reporter français, arrive dans la ville chinoise de Chien-Men alors que celle-ci s’apprête à subir un pillage de l’armée du terrible général Li-Tsang.

Regroupé avec d’autres Européens, dans l’Hôtel Intercontinental, le journaliste fait la connaissance de Crawer, un sympathique Belge, et de Janette, sa ravissante fille.

Quand Li-Tsang débarque dans l’établissement et s’approche de trop près de la jeune femme, André Vallier tente de s’interposer, provoquant la rage de Li-Tsang et ne doit la vie qu’à l’intervention de Crawer qui le présente comme son associé…

Obligé alors d’assister à une entrevue entre Li-Tsang et Crawer, Vallier apprend que ce dernier est un trafiquant d’armes en affaire avec le tyran…

Alain Vallier, journaliste français, débarque à l’Hôtel Internationale de Chien-Men, en Chine, pour faire un reportage sur le pays.

Il y fait la connaissance de Crawer, un belge et de Janette, sa ravissante fille.

Mais, la ville est prise d’assaut par les hommes de l’impitoyable général Li-Tsang.

Quand les pillards pénètrent dans l’hôtel, Vallier intervient quand Li-Tsang s’approche de Janette, obligeant Crawer à intervenir et, pour sauver la vie au jeune homme, à présenter le journaliste comme son associé.

Ainsi, Vallier apprend que Crawer est un trafiquant qui livre des armes et des véhicules aux hommes de Li-Tsang contre de l’argent.

D’abord dégoûté par l’homme qu’il jugeait sympathique, qui plus est père d’une femme dont il s’est épris, Vallier retrouve des meilleurs sentiments envers lui quand il apprend que Crawer livre des armes également à l’ennemi de Li-Tsang, dans le seul but que diverses armées renégates s’entretuent afin de se venger de la mort de sa femme assassinée lors d’un tel pillage…

C’est donc bel et bien à un récit d’aventures auquel Maurice Lambert convie les lecteurs. D’aventures exotiques, même, puisque l’intrigue se déroule dans une chine miséreuse, sauvage, tel qu’elle devait l’être dans l’esprit des Européens casaniers de l’époque (peut-être même dans la réalité, je ne peux le savoir).

Le lecteur a ainsi le droit au racisme ordinaire de l’époque, heureusement révolu, désormais, chez nos contemporains les mieux éduqués et les moins bas du front.

Les termes utilisés pour définir les Orientaux sont les mêmes que l’on retrouve depuis plusieurs décennies dans la littérature de l’époque et ne sont pas plus élogieux que ceux désignant les Africains ou les Juifs. Le racisme de jadis faisait peu de différence entre les non-blancs.

Bref, on passera sur ces passages qui choquent désormais nos rétines en remettant ceux-ci dans un contexte et une époque où même les auteurs faisant preuve de plus d’ouverture d’esprit ou de xénophilie employaient malgré tout des termes tels « nègres », « jaunes » et autres joyeusetés du genre.

Qui dit récit d’aventures, dit aventure et donc, celui-ci ne nécessite pas de s’appuyer sur une réelle intrigue. C’est le cas ici avec une histoire contant la volonté de rédemption d’un trafiquant d’armes qui décide de mettre sa vengeance de côté après avoir fait un dernier coup d’éclat en arnaquant deux opposants.

Petite intrigue sentimentale en plus, avec la relation entre le journaliste et la fille du trafiquant, histoire d’adoucir le tout.

Je dois bien avouer que l’ensemble est loin d’atteindre les sommets auxquels l’auteur m’avait habitué avec ses enquêtes policières. Le genre « aventure » moins codifié que celui « policier », fait que l’auteur, de par son cadre plus lache, paradoxalement, a plus de difficultés à s’exprimer naturellement. On ne dira jamais combien la contrainte facilite l’écriture…

Au final, un récit d’aventures moins enthousiasmant que les récits policiers de l’auteur et ce pas uniquement du fait que le texte est saupoudré du racisme ordinaire de l’époque.

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