Le mort du Vendredi saint
Plus je parle (trop rarement) de Jean-Toussaint Samat (1891-1944) et plus je me rends compte être un des rares lecteurs à évoquer ce nom alors qu’il y a un peu moins d’un siècle, celui-ci était suffisamment réputé pour remporter des prix littéraires à son époque et pour que, depuis 2003, un prix littéraire porte son nom…
Jean-Toussaint Samat fut journaliste et écrivit principalement dans les genres policier, aventures et espionnage.
Sa production alterna entre récits fasciculaires, romans et romans-feuilletons.
Il développa, dans les genres qui m’intéressent, au moins deux personnages récurrents, un espion (surnommé M. Jacquot) et un policier, le commissaire Maurice Levert.
Les deux hommes se rencontrent dans le roman « L’horrible mort de Miss Gildchrist » puis vont chacun vivre leurs propres aventures.
Le commissaire Levert, personnage qui nous intéresse aujourd’hui, vécu 7 enquêtes sous forme de romans tous ou presque parus dans la collection « À ne pas lire la nuit », des éditions de France, dans les années 1930 et réédités plus d’une décennie plus tard dans la collection « La Cagoule ».
L’ultime enquête du personnage est parue post-mortem, car terminée par Maguelonne Toussaint-Samat (1926-2018), la fille de l’auteur.
Pour rappel, le commissaire Maurice Level fut commissaire à Martigues avant d’être muté à Marseille. Lors de l’enquête « Le Mort à la fenêtre », il entre en possession d’une forte richesse, mais poursuit son travail de policier pour l’amour de l’art.
LE MORT DU VENDREDI SAINT
Ce matin-là, mercredi 28 mars 1934, M. Normand, commissaire central de Marseille, avait fait appeler son collaborateur, Maurice Levert, muté depuis peu dans la cité phocéenne, « pour le mettre au courant d’une affaire ».
Depuis cinq ans, le jour du Vendredi saint, un personnage important est mystérieusement assassiné.
Le meurtrier fixe une carte sur la poitrine de ses victimes, à l’aide d’une épine de rosier, sur laquelle est inscrit : « JE VENGE MON DIEU ».
Les martyrs viennent d’horizons divers et ont pour seul point commun leur décès brutal.
Jusqu’ici, aucun indice n’a permis de comprendre de quelle façon le coupable avait agi et encore moins de trouver son identité.
Crimes mystiques ? Crimes de psychopathe ? Toujours est-il que le commissaire Levert n’a que quarante-huit heures pour éviter un nouveau drame et pour mettre la main sur le tueur des « morts du Vendredi saint »…
Le commissaire Levert est convoqué à quelques jours du Vendredi saint par son supérieur qui lui demande d’enquêter sur une série de crimes mystérieux qui, chaque année, fait un mort le jour du Vendredi saint. Rabbins, prélat, journaliste… les victimes viennent de milieux différents, mais toutes ont pour point commun d’avoir été retrouvées avec une carte accrochée par une épine de rosier sur la poitrine sur laquelle est écrit à la machine à écrire : « Je venge mon Dieu ».
Crimes mystiques ? Crimes de fou ? Toujours est-il que le meurtrier agit avec prudence et intelligence.
Le commissaire Levert va rapidement trouver une piste qu’il va tenter de remonter jusqu’au meurtrier avant le dramatique jour du Vendredi saint.
On retrouve donc le commissaire Levert dans une nouvelle enquête.
Cette enquête démarre d’ailleurs sur les chapeaux de roues, car, à quelques jours d’un nouveau meurtre annoncé, le commissaire Levert est chargé d’élucider 4 meurtres s’étant tous déroulés durant les derniers Vendredis saints.
Et chaque meurtre est mystérieux au point qu’ils finissent tous par être classés.
Mais le commissaire Levert va trouver un fil qu’il va tirer pour dérouler la pelote jusqu’au bout.
Malheureusement, je dois bien avouer que si le roman débute de la meilleure des façons, avec quatre chapitres dans lesquels le supérieur de Levert lui explique par le détail chaque meurtre, la suite peine à soutenir le rythme et, par moments, le récit s’étire un peu trop, selon moi.
Est-ce pour remplir de la page ? Je ne crois pas que la collection dans laquelle le roman a été publié réclamait une telle prolixité. Quasi 58 000 mots là où, je pense, une quarantaine aurait été suffisante.
Pour le reste, on pourrait avancer que Jean-Toussaint Samat était un auteur avant-gardiste tant les qualités et les défauts de ce roman policier se retrouvent dans la plupart des Thrillers à succès actuels.
Intrigue tarabiscotée, meurtres impossibles, tueur intelligent, mysticisme, les longueurs pour atteindre un format plus long, des fausses pistes, des rebondissements et des révélations finales qui peinent à convaincre…
J.C. Grangé s’est fait une spécialité de ces critères et il n’est pas le seul.
Dommage, donc, car la littérature d’hier a généralement pour avantage de n’avoir pas les défauts de celle d’aujourd’hui (elle en a d’autres) et donc de permettre aux lecteurs, en alternant entre l’une et l’autre de ne pas toujours être confrontés aux mêmes travers…
Malgré tout, ce roman n’est pas désagréable à lire, bien que l’intérêt de lecture soit en deçà de celles des précédentes enquêtes du commissaire Levert.
Au final, un roman policier qui débute excellemment, qui se poursuit en demi-teinte et qui termine un peu faiblement.