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Loto Édition
29 janvier 2023

Triplix l'insaisissable

s-l1600Cela n’aura pas échappé à ceux qui lisent mes chroniques, je me penche régulièrement vers la production de José Moselli (1882-1941) un écrivain qui fit la joie des lecteurs pendant plusieurs décennies au début du siècle dernier et qui, du fait que l’entièreté de sa production fut destinée à des magazines et journaux, n’a pu demeurer dans l’esprit des lecteurs actuels faute de pouvoir, jusqu’à récemment, pouvoir accéder facilement aux récits de l’auteur.

Mais ces dernières années, quelques éditeurs et quelques amateurs éclairés tentent de faire revivre une partie de la production de José Moselli en la numérisant.

Si, de l’auteur, j’ai beaucoup aimé certaines de ses séries policières fleuves comme les enquêtes d’Iko Terouka, celle de Browning et Cie ou encore celles du voleur John Strobbins, j’ai également goûté avec plaisir à des séries plus courtes comme les enquêtes de Monsieur Dupont ou les aventures du baron Stromboli.

Mais, de tous les récits de l’auteur que j’ai lus, c’est indéniablement, et de loin, son roman-feuilleton « La momie rouge » que j’ai apprécié.

Effectivement, ce roman, à la fois roman policier, roman d’aventures et ancêtre du « page turner » est probablement, dans le genre policier, son chef-d’œuvre, Moselli parvenant à se jouer des contraintes du roman-feuilleton et à s’en servir pour nourrir sa plume et son histoire.

Aussi, j’ai longtemps hésité à me plonger dans un autre roman-feuilleton policier de l’auteur : « Triplix l’insaisissable ».

Certes, on aurait pu me le pardonner étant donné que le roman n’avait jamais été numérisé, mais je n’ai aucune excuse vu que j’avais acheté tous les numéros du magazine « Pêle-Mêle » de 1924 dans lequel il avait été publié.

À noter qu’en 2005, la revue 813 avait réédité un fac-similé des pages du magazine de l’époque.

Bref.

C’est désormais chose faite (la lecture du roman).

Triplix l’insaisissable:

Monsieur Serpier, chef de la Sûreté, reçoit la visite d’un Anglais disant être le célèbre détective Joé Blanket, et qui lui raconte qu’il poursuit un certain Otto Drohl, voleur et assassin, lequel Otto Drohl a disparu du Gigantic Palace où il logeait sous le nom de William Grant.

Ce récit terminé, Joé Blanket expire, et un second Joé Blanket se fait annoncer.

M. Serpier le reçoit et apprend que l’homme qui vient de mourir est un imposter, mais que l’histoire qu’il vient de raconter est vraie.

Le second Joé Blanket, d’ailleurs, craint lui-même pour sa vie.

M. Serpier l’écoute et le fait suivre par le détective Corfe…

Le chef de la Sûreté française reçoit la visite d’un détective anglais lui expliquant qu’il poursuit un assassin et un voleur qui s’est approprié une précieuse collection de perles. Il lui raconte également qu’il a été empoisonné et qu’il est en train de mourir.

Effectivement, celui-ci décède dans le bureau.

Mais, à peine le corps envoyé à la morgue, un autre Anglais se présente et prétend être l’homme qui vient de décéder.

Comme on le voit avec le résumé du roman, celui-ci commence sur les chapeaux de roues, du moins avec un mystère assez intrigant, d’autant que le corps du mort disparaît ensuite de la morgue.

On reconnaît l’inventivité de José Moselli, son talent pour proposer des récits rocambolesques…

Malheureusement, celui-ci ne tient pas toutes ses promesses et il ne tient pas la comparaison avec « La momie rouge » qui, il faut le dire, avait placé haut la barre.

Effectivement, cette histoire rocambolesque s’avère, au final, bien moins rocambolesque qu’il n’y paraît et offre bien moins d’intérêt que l’on aurait pu croire au début.

La faute à l’intrigue, bien évidemment, mais également et, peut-être, surtout, aux personnages.

Si, dans « La momie Rouge », José Moselli avait su proposer deux personnages attachants (d’un côté un flic intègre, mais macho et buté ; de l’autre, un personnage haut en couleur et apportant les touches d’humour) et une victime loin d’être manichéenne, car son addiction à la drogue fait qu’on se dit qu’il a un peu mérité ce qui lui arrive, dans « Triplix l’insaisissable », les personnages sont particulièrement ternes et un peu trop manichéens. Depuis les méchants méchants, sans honneur, sans scrupules, prêts à tout pour mettre la main sur les perles, jusqu’au héros (le fameux Triplix) qui est trop peu présent pour peser même si on apprend, de sa propre confession, qu’il était derrière la plupart des actions de l’histoire, en passant par les personnages intermédiaires comme le diamantaire veule qui se laisse manipuler et diriger et même sa fille qui, par amour pour son père ferme les yeux sur pas mal de choses et ne va pas mesurer la portée de ses actions.

Mais, quand tout cela, toute cette aventure, tous ces rebondissements ne servent, au final, qu’à coopter quelques perles (si précieuses soient-elles), on se dit un peu « Tout ça pour ça ».

Encore une fois, cette impression est présente surtout sur le lecteur qui a déjà eu le bonheur de lire « La Momie Rouge » du même auteur et chez qui ce roman va souffrir de la comparaison.

Pour le reste, on a un peu l’impression de se retrouver face à un feuilleton qui s’essouffle un peu (comme dans les autres feuilletons de l’auteur) du fait d’une nécessaire répétition d’actions et de rebondissements là où dans « La momie Rouge » tout s’enchaînait avec fluidité sans jamais lassé et en tenant toujours le lecteur en haleine.

Dommage.

Au final, un roman policier d’époque qui se lit sans trop de déplaisir, mais qui souffre de la comparaison avec LE roman policier de José Moselli : « La Momie Rouge ».

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