Le canal des innocentes
Je poursuis ma découverte de la plume de l’auteur Hervé Huguen ainsi que des enquêtes de son personnage récurrent : le commissaire Nazer Baron, avec le quatrième opus de sa saga : « Le canal des innocentes ».
Pour rappel, Hervé Huguen est né en 1954 et fut avocat à Nantes avant de se lancer dans l’écriture (à sa retraite ?).
Il crée alors le personnage du commissaire Nazer Baron qui vivra plus d’une vingtaine d’enquêtes.
Le canal des innocentes :
1988. En six mois, trois jeunes femmes mystérieusement disparues furent retrouvées le long des berges du canal de Nantes à Brest, victimes d’un tueur maniaque qui ne sera jamais identifié.
Vingt-trois ans plus tard, un corps sans vie est abandonné sur les mêmes rives, le long du seuil de partage de Bout-de-Bois. Puis c’est au tour d’une cinquième jeune femme d’être découverte à proximité de l’écluse de la Prée. Toutes deux présentent exactement les mêmes caractéristiques physiques que les disparues de 1988.
Persuadé que le Prédateur du Canal s’est réveillé, le commissaire Nazer Baron exhume les vieux dossiers. L’enquête le mène à un suspect entendu naguère comme simple témoin, dénoncé par sa propre épouse, mais qui nie avec toute l’énergie de l’innocence. Pourquoi aurait-il tué ces malheureuses ? Pourquoi recommencer après vingt-trois années d’oubli ?
De Nantes à la forêt du Gâvre, Nazer Baron suit la piste comme on longe les méandres d’un cours d’eau. Au gré de ses intuitions. Au gré des impasses et des rebondissements. Seul face à un assassin qui semble avoir tout prévu.
Le commissaire Nazer Baron est en convalescence après avoir pris une balle dans la hanche (on ne saura pas comment ou pourquoi). Pourtant il est rappelé par ses supérieurs pour enquêter sur une histoire d’enlèvement et de meurtre d’une jeune femme qui rappelle sans conteste une affaire vieille de 23 ans sur laquelle Baron avait enquêté à l’époque. Pourtant, si l’autopsie laisse penser qu’il s’agit du même tueur, « Le prédateur du canal » qui assassina 3 femmes à l’époque, le principal suspect s’était pendu…
Que dire de cette nouvelle enquête du commissaire Nazer Baron sans répéter ce que j’ai déjà écrit dans mes chroniques sur les titres précédents ? Rien, probablement, tant cet épisode est calqué sur le fond et sur la forme sur ceux-ci.
Côté qualités, on retrouvera donc un personnage attachant, pas trop manichéen et que l’on aime suivre dans une enquête. Une plume agréable, fluide, qui n’en fait jamais trop ou trop peu, bref, qui est au service de l’histoire et des personnages. Une histoire à taille humaine (même s’il s’agit d’un tueur en série) sans débordement de violence et de sang (même s’il s’agit d’un tueur en série) sans descriptions détaillées des sévices subies par les victimes… bref, pas écrit pour faire frissonner ou révulser.
Côté défauts, et là il est utile de préciser que ce sont des défauts pour moi, pas forcément pour tout le monde, il y a déjà le système narratif.
Effectivement, dans les épisodes précédents, Hervé Huguen usait déjà d’un système narratif alterné. Légèrement ou pas, très alterné ou pas, mais il y avait toujours au moins deux points de vues de personnages différents ou d’époque différente.
Ici, même si l’intrigue se prête à une alternance d’époque, c’est surtout à une alternance de point de vue que l’auteur s’adonne.
Certes, on sait que cet artifice a pour but de dynamiser un récit, mais quand il n’est qu’artifice, je le déplore. C’est le cas ici comme dans la grande majorité des récits en usant.
Dommage.
Et si j’ai mis un « s » à défauts, j’aurai pu m’en abstenir, car le défaut sus-cité est le principal défaut du roman et je serais presque tenté de dire le seul… si ce n’est que l’identité du coupable apparaît aux yeux du lecteur plus rapidement qu’à ceux des enquêteurs, mais c’est un détail.
Au final, un épisode dans la veine des précédents, tant dans les qualités que dans le défaut.