Le mort de la vingtième heure
Je poursuis mon inlassable quête de personnages d’investigateurs récurrents de la littérature populaire avec la carrière du commissaire Henri Merville de Lydie Servan.
Le personnage, je l’ai déjà croisé dans quelques-unes des enquêtes qu’il mena entre 1948 et 1955, que ce soient celles en format 64 pages de la collection « Double-Six » chez Nord-Éditions, sous des titres signés de pseudonymes de l’auteur : Louis Hellais et Luc Vattier ou bien sous le format 96 pages de la collection « Le Verrou » chez Ferenczi, ceux-ci étant tous signés Lydie Servan.
En tout, on approche une dizaine de titres dont certains sont des textes précédents réécrits et rallongés par l’auteur.
Quant à Lydie Servan, je vous ai déjà dit le peu que j’en savais, c’est-à-dire quelques-uns de ses pseudonymes et sa période d’activité.
« Le mort de la vingtième heure » a été initialement publié en 1953 sous la forme d’un fascicule de 96 pages dans la collection « Le Verrou » aux éditions Ferenczi.
LE MORT DE LA VINGTIÈME HEURE
Vincent Thévenot, un vieil homme acariâtre et solitaire, est retrouvé mort une balle dans la tête, un matin, par sa femme de ménage.
Suicide ?
Le commissaire Henri MERVILLE, chargé de l’affaire, ne tarde pas à écarter cette hypothèse bien que rien ne semble avoir été volé.
L’arme ayant disparu, cela implique l’intervention d’une tierce personne.
Quant à chercher à qui le crime profite, la découverte du testament de la victime va très vite donner la réponse et elle ne plaira pas au commissaire MERVILLE et encore moins à son épouse Hélène…
Le vieux Thévenot a été abattu, le soir, chez lui, d’une balle dans la tête.
Le commissaire Henri Merville, chargé de l’affaire, peine à trouver des indices jusqu’à ce que le testament du défunt lui apporte un suspect, son héritier, qui n’est autre que Plassard, un journaliste ami du policier et surtout de sa femme Hélène.
On retrouve donc le commissaire Henri Merville encore plus proche de son épouse journaliste et écrivain de romans policiers, Hélène. Proches même si une tension va naître du fait qu’un très bon ami et collègue de travail d’Hélène va être suspecté et mis sur le grill par le commissaire Merville. Surtout que le suspect refuse de livrer son alibi pour la nuit du meurtre.
Lydie Servan nous propose donc des personnages un peu plus fouillés que de coutume, puisqu’on les découvre un petit peu dans leur intimité, du moins dans leurs chamailleries en ce qui concerne Henri et Hélène Merville.
Cette friction sur fond de fausse jalousie ajoute une touche d’humour et de légèreté au récit pendant que l’intrigue se déroule sur des notes bien plus sombres.
Une nouvelle fois, Lydie Servan parvient à instiller une certaine ambiance à son récit, tant par la qualité de sa plume que par le développement de ses personnages principaux dont les lecteurs suivent un peu les ressentis.
Certes, ce dernier point est plutôt inhabituel dans les récits fasciculaires, mais n’oublions pas que le format des titres de la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi s’apparentent plus à des petits romans, par la forme et par la taille du texte (ici, un peu plus de 28 000 mots) que de véritables fascicules.
Aussi, avec plus de latitude, il est plus aisé de développer ses personnages.
Mais la force de Lydie Servan, dans cet épisode et dans d’autres, elle la tire probablement de son habitude d’écrire des récits sentimentaux plus que des récits policiers, et de parvenir à mêler le meilleur des deux genres, en ne délaissant jamais ni son intrigue ni ses personnages…
Bien évidemment, l’intrigue ne vole pas non plus haut dans les sphères les plus hautes, mais elle comprends quelques rebondissements et fait le job à condition qu’on la replace dans le monde de la littérature populaire quasi fasciculaire.
Au final, un très bon moment de lecture grâce au talent de l’énigmatique auteur Lydie Servan.