Cécile et le monsieur d'à côté
Toujours à la recherche d’un nouvel (ou ancien) auteur français (ou de langue francophone) à découvrir, je privilégie la plupart de temps une rencontre via l’entremise d’un enquêteur récurrent.
Mais une fois n’est pas coutume, je décidai d’organiser une entrevue avec Philippe Setbon, non pas à travers une série, mais à travers une trilogie aux personnages indépendants, celle de « Les trois visages de la vengeance » avec son premier opus « Cécile et le monsieur d’à côté »…
Philippe Setbon, né en 1957, est un peu un touche-à-tout puisque dessinateur de BD, scénariste, écrivain, réalisateur, photographe et qu’il a probablement d’autres dons plus confidentiels.
Je connaissais le bonhomme à travers son travail de réalisateur puisque j’avais déjà vu ses deux uniques films.
Le second est celui qui m’a laissé le moins de souvenirs : « Frost » avec Jeff Goldblum.
Le premier, lui, a été plus marquant bien que celui-ci ait été la cible de très nombreuses critiques acerbes (probablement à juste titre) : « Cross » avec Roland Giraud et Michel Sardou.
Mais si le film m’a marqué, c’est probablement parce que j’avais lu, jeune, le roman tiré du film (une collection, à l’époque, couchait sur papier une série de films comme « À la poursuite du diamant vert », « Golden child, l’enfant sacré du Tibet », ou encore « Drôles d’espions »).
Bref.
N’ayant jamais lu un texte de l’auteur, je me suis donc rattrapé avec « Cécile et le monsieur d’à côté », sorti en 2015.
Cécile et le monsieur d’à côté :
Cécile, obligée de déménager suite à une déception sentimentale aurait-elle trouvé son ange gardien en s’installant dans le quartier des Batignolles ? Toujours est-il que ses problèmes se règlent les uns après les autres, de manière pour le moins expéditive. Simple hasard ou intervention extérieure ? Quel rôle joue son voisin, Servais Marcuse, un grand-père débonnaire qui vit dans les souvenirs d’une vie aventureuse ? Aurait-il repris du service pour les beaux yeux de sa nouvelle voisine ? L’aurait-il côtoyée dans une vie antérieure ? Il faudra attendre les dernières pages de ce roman pour dénouer les fils, découvrir les secrets et les motivations de chacun des personnages de ce nouveau polar de Philippe Setbon…
La vie de Cécile n’est pas évidente. Après une séparation difficile, elle est obligée d’emménager dans un immeuble à côté d’un vieux gros monsieur qui se prend immédiatement d’affection pour elle.
Marcus, le voisin, devient alors son confident et apprend que Cécile regrette de n’avoir pu récupérer son chat que son ex refuse de lui rendre.
Quelques heures plus tard, le fameux ex a rendu le chat et toutes ses affaires.
Puis Marcus apprend que Cécile a des problèmes avec son supérieur et, quand il la voit rentrer, après un repas avec ce dernier, amochée et apeurée, le sang du voisin ne fait qu’un tour.
Le lendemain, le chef de Cécile est retrouvé mort chez lui à la suite d’un cambriolage qui a mal tourné.
La chance serait-elle de nouveau du côté de Cécile… ou bien le monsieur d’à côté serait-il un ange gardien d’un genre très particulier.
Que dire de ce roman ?
Je le résumerai un peu trop brièvement par deux mots : simple et efficace.
Simple parce que l’auteur ne s’embarrasse pas de fioritures et propose un récit, une intrigue relativement simple sans être simpliste : un homme au passé violent qui a un drame sur la conscience cherche à soulager celle-ci en aidant une jeune femme inconnue pour des raisons que le lecteur découvrira.
Efficace, car, en faisant entrer le lecteur dans l’histoire et dans l’action assez rapidement, l’auteur propose un texte sans temps mort dont l’intérêt est rehaussé par un personnage intéressant, drôle, touchant, mais aussi inquiétant.
Et Philippe Setbon mène sa barque sans dévier et quasiment en ligne droite, contrairement à ces écrivains de romans policiers qui ne cessent d’alterner les intrigues, les retours en arrière… afin d’égarer les lecteurs.
À peine un petit « flashback » à un moment pour expliquer le personnage de Marcus et hop, emballé, c’est pesé.
Alors oui, les personnages sont un peu « trop » par moments, que ce soit Marcus dans son entièreté, son chauffeur de taxi-assistant qui accepte les choses un peu trop facilement, la flic déjantée, voire même Cécile dans un moment qui conduira à un drame…
Mais c’est cette légère démesure dans une apparente simplicité qui fait le sel de ce roman d’autant que la fluidité de la plume de l’auteur fait passer le tout, notamment à travers quelques touches d’humour.
Et le lecteur est charmé jusqu’au point final qui, s’il n’est pas des plus originaux, offre un petit moment de poésie…
Au final, l’auteur mélange des ingrédients usuels du polar pour créer une recette simple et efficace.