Le coup de chien de Jacques Revest
De nombreux éditeurs se sont lancés, au siècle dernier, dans la littérature fasciculaire. Certains, eurent une longue et prolifique vie, d’autres, plus courte et moins généreuse.
Dans la liste des seconds, il est une maison d’édition que je n’ai citée qu’à l’occasion de mes lectures autour de « les enquêtes du professeur » de René Byzance, des titres appartenant à la collection « L’indice » et celles des « enquêtes de l’inspecteur Barre », de Michel Corry, que l’on retrouvaient dans la collection « La clé de l’énigme ». Il s’agit des Éditions Populaires Monégasques
Si la qualité des récits différait, entre les deux collections, on pouvait noter celle des illustrations de couvertures, bien qu’elles n’étaient pas de même style.
Mais les Éditions Populaires Monégasques ont également créé la collection « Qui a tué ? » dont je n’ai jusqu’à présent vu passer que deux titres, il me semble, celui du jour, et « Meurtres sur la colline », de René Byzance.
Je ne pourrais donc pas vous dire grand-chose de la collection et comme je n’ai rien à raconter, non plus, sur l’auteur du titre concerné par la chronique, à savoir Jacques Revest… passons au texte.
LE COUP DE CHIEN
Le père Pan Bagnat et le père Langouste sont les tenanciers de deux établissements de plage rivaux.
Ils doivent chacun leur surnom à leur spécialité qu’ils proposent à leurs clients.
Or des clients, en ce début d’automne, il n’y en a guère qu’un seul, le commodore, un richissime Anglais habitué des lieux.
On peut d’ailleurs le croiser à longueur de journée sur la plage où il profite des bains de mer et de ses exercices de gymnastique sur le sable pour conserver un physique avantageux pour son âge…
Quand, à la suite d’un « coup de chien », une tempête passagère et violente, le corps du commodore est retrouvé mort dans le vivier du père Langouste, le calme sera de courte durée avec l’arrivée de l’inspecteur Maliguier, un policier perspicace, mais qui déteste la vue du sang et des cadavres…
Le père Pan Bagnat et le père Langouste se mènent une lutte acharnée pour attirer le client dans leurs établissements estivales qui sont installés non loin l’un de l’autre sur une plage de la Côte d’Azur.
Mais en ce début d’automne, les clients se font rares et seul le commodore, un riche anglais, gîte encore chez le père Langouste.
Le commodore, un habitué des lieux depuis des années, malgré son âge avancé, conserve un physique avantageux en prenant chaque jour des bains de mer et en faisant des exercices sur la plage.
Mais, après un « coup de chien », une terrible bourrasque accompagnée de pluie, le corps du commodore est retrouvé mort dans le vivier de langoustes du père Langouste.
L’inspecteur Maliguier, un policier dont la vue du sang et des cadavres rebute, est chargé de l’enquête.
Bientôt, il va se rendre compte que tout le monde où presque, sur cette plage, avait un mobile pour assassiné le commodore. Alors, qui a tué ?
Ce court récit d’un peu plus de 9000 mots est clairement à partager en deux parties.
La première met en place la rivalité entre le père Langouste et le père Pan Bagnat, ainsi que les relations tissées entre les différents protagonistes de l’histoire. L’auteur prend le temps de poser une ambiance tendue, mais relativement drôle, approchant d’une petite satire du monde méridional.
Puis viennent le coup de chien, le meurtre, l’inspecteur Maliguier et l’enquête.
Celle-ci est menée avec un certain second degré, à l’image du policier que la vue du sang rebute et qui se contente de donner des ordres à ses subordonnés plutôt que d’agir lui-même.
L’auteur, à travers les révélations de ses personnages lors des interrogatoires, tisse la toile dans laquelle chacun va se retrouver empêtré, que ce soient les tenanciers, un de leurs employés, un pauvre pêcheur sourd-muet, deux clients…
Comment trouver le coupable dans cette nasse ?
J’ai apprécié la première partie pour cette ambiance à la fois légère et satyrique, menée d’une plume agréable.
J’ai également aimé le personnage de l’inspecteur Maliguier, ce flic détestant les cadavres et le sang.
J’ai aussi été sensible à la narration au présent, un temps trop rarement utilisé à l’époque.
Malheureusement, vue la concision du texte, l’auteur ne peut exploiter réellement les possibilités de son personnage et ne peut que se contenter de les effleurer.
Ensuite, il faut bien avouer que si l’enquête est un peu tirée par les cheveux du fait qu’elle parvient à impliquer tous les protagonistes, sa résolution, elle, l’est encore plus…
Enfin, malgré tout, l’auteur nous offre là un bon petit moment de lecture.
Au final, un récit clairement découpé en deux parties et dont la seconde, la seule dévolue au genre policier, n’est pas forcément la plus intéressante.