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Loto Édition
31 mars 2024

Son premier crime

Après m’être pendant des décennies consacré uniquement à la lecture de textes issus de la plume d’auteurs francophones, voilà que, depuis peu, je me plonge dans ceux provenant d’auteurs anglophones…

Et comme j’aime toujours autant la littérature d’antan, rien d’anormal à ce que, même chez les auteurs anglophones, je privilégie ceux ayant sévi au début du siècle dernier.

Aujourd’hui, c’est sur Joseph Storer Clouston que je me suis penché.

Si ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, les moins jeunes ou les plus cinéphiles d’entre vous ne peuvent ignorer l’adaptation cinématographique que Marcel Carné fit d’un de ses romans en 1937.

Si je vous dis « Drôle de drame » ? Louis Jouvet ? Michel Simon ? La réplique culte « Moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est bizarre ! »…

Hé oui, ce film n’existerait pas sans le roman qui l’a inspiré : « His first offence » de Joseph Storer Clouston.

Joseph Storer Clouston (1870-1944) était donc un écrivain britannique qui a écrit plus d’une trentaine de romans plus quelques recueils de nouvelles…

On lui doit une série de plus de 6 romans autour du personnage de Francis Mandelle-Essington alias « Le Lunatic » dont la première aventure « The Lunatic at large » fut publiée en France en 1911 sous le titre « Le Fou en liberté ».

« His first offence » eut également le droit à une sortie en France en 1922 sous le titre « La mémorable et tragique aventure de Mr. Irwin Molyneux ».

Son premier crime :

« His first offence », titre original du roman, fut adapté au cinéma en 1937 par Marcel Carné, avec Louis Jouvet et Michel Simon dans les rôles principaux.

Le film, « Drôle de Drame », demeure culte pour sa réplique « Moi, j’ai dit bizarre ? Comme c’est bizarre… »

Irwin Molyneux, obscur essayiste à l’existence calme et rangée, ne s’attendait pas, du jour au lendemain, à faire la une de tous les journaux et à accéder à une célébrité internationale.

Mais surtout, lui, homme doux, citoyen modèle, mari aimant, n’aurait jamais imaginé être chassé par un inspecteur de Scotland Yard, un reporter, un détective amateur, un ténor… pour le meurtre de son épouse.

Voilà de quoi bouleverser sa vie… et celle de Mme Molyneux…

Mr. Irwin Molyneux est un peu dans la dèche. Ce n’est pas avec ce que lui rapportent ses essais qu’il parvient à maintenir son train de vie. Et s’il a, en parallèle, écrit un roman policier à succès, il répugne à s’abaisser de nouveau à cette littérature.

Aussi, quand son cousin, l’éminent évêque Bedford, s’invite à manger chez lui à l’improviste alors que la cuisinière du couple vient de rendre son tablier, pour sauver les apparences, Mrs. Molyneux ne voit d’autre solution que de se mettre en cuisine. Mais, du coup, ne pouvant être derrière les fourneaux et tenir son rang, Mr. Molyneux prétexte un départ précipité de son épouse pour des raisons obscures qu’il a bien du mal à fournir.

L’évêque Bedford commence alors à nourrir des soupçons autour d’Irwin et insiste pour demeurer chez lui jusqu’au retour de son épouse.

Il ne reste plus qu’à Irwin Molyneux de s’éclipser sans dire au revoir à son cousin sous un prétexte quelconque…

Cette fois, l’évêque Bedford en est certain, son cousin a assassiné son épouse. Il fait appel à Scotland Yard, lançant alors les machines judiciaires et médiatiques qui vont s’emballer sous la fougue et l’imagination des divers protagonistes…

C’est donc à une affaire d’assassinat sans meurtre que nous convie J. Storer Clouston à travers les mésaventures d’Irwin Molyneux.

Les quiproquos s’enchaînent, parfois alimentés par les réactions pas toujours judicieuses des divers protagonistes, le couple Molyneux en tête, le tout sur fond d’humour très british…

Difficile, à la lecture de ce roman, de ne pas penser à « La tragique aventure du mime Properce » d’Albert Boissière, publié en 1903 en feuilleton puis en 1910 en roman…

Difficile de ne pas comparer les deux récits, les deux titres, les deux humours, même si cette comparaison penche très favorablement pour Albert Boissière, tant au niveau de l’humour, des humours dans le cas de Boissière ainsi que d’un niveau littéraire tant la plume d’Albert Boissière était savoureuse.

Pourtant, ne boudons pas notre plaisir devant cette « boutade » ou l’auteur s’amuse en amusant ses lecteurs, livrant alors des portraits savoureux des différents protagonistes, allant du notable désargenté à l’artiste se voyant héros, en passant par l’évêque guindé et le policier investi.

C’est presque à une pièce de boulevard que l’on assiste avec l’apparition et la disparition des personnages et les lieux très restreints où se déroulent les actions.

Au final, un très sympathique roman policier qui lorgne plus vers le roman d’humour…

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