La main coupée
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Je poursuis ma lecture des aventures de « Miss Boston, la seule détective-femme du monde entier » d’Antonin Reschal.
Pour rappel, cette série de 20 fascicules de 32 pages, double colonne, parue en 1910 eut à l’époque pour but de surfer sur le succès des traductions des aventures du détective américain Nick Carter qui avaient déferlé en France à partir de 1906 et qui ravissaient déjà les lecteurs américains depuis 1886.
Si des auteurs français avaient déjà tenté de surfer sur la vague en créant des clones de Nick Carter (Marc Jordan, par exemple), Antonin Reschal (1874-1935) fut probablement le premier à créer un équivalent féminin. Deux ans après apparaîtront les premiers épisodes d’une série allemande publiée par Eichler (la même maison d’édition qui diffusa les traductions de Nick Carter dans toute l’Europe) : « Ethel King, le Nick Carter féminin ». La série comprendrait, en langue originale, plus de 200 titres dont la moitié auraient été traduits en Français.
Antonin Reschal est un homme de presse et écrivain dont la carrière fut consacrée à mettre les femmes en avant, principalement à travers leurs charmes, par des magazines de photos de nues ou des récits polissons, mais aussi à travers d’autres qualités comme celles de miss Boston…
« La main coupée » est le 17e titre de la série.
LA MAIN COUPÉE
La célèbre détective Miss Boston est sur les traces de la maffia italienne.
Depuis plusieurs mois, elle pourchasse le chef de la bande et est désormais persuadée qu’elle va le débusquer dans une villa isolée d’un petit village.
Mais, quand elle arrive sur place, une dizaine de personnes se trouvent réunies devant la bâtisse.
Tous ont les yeux levés vers un balcon, d’où se balance, suspendue à une corde, une main coupée…
La police italienne a prévenu la police américaine que des membres de la maffia ont débarqué outre-Atlantique. On leur impute rapidement quatre meurtres dont, miss Boston en est certaine, l’instigateur, le commanditaire, est planqué dans une villa isolée du petit village de Maitland.
Aussi se rend-elle sur place accompagnée de l’inspecteur Sokes. Mais, devant ladite maison, ils découvrent une foule de badauds qui contemplent la bâtisse avec horreur. Et pour cause, au balcon pend une main coupée…
Miss Boston, dans ce 17e épisode, s’en prend à la maffia (qui s’écrit avec deux « f » à l’époque).
Si le sujet est désormais usé jusqu’à la corde, le phénomène ne touche les États-Unis que depuis une décennie tout au plus après la migration outre-Atlantique de plusieurs millions d’Italiens pauvres.
Cependant, la maffia ici n’est que prétexte à des pratiques macabres et à la vengeance et si l’on pouvait croire que le sujet serait abordé sur plusieurs épisodes et que l’entité maffia serait choisie par l’auteur pour être le grand méchant de la série, on constate rapidement qu’il n’en est rien.
Dans l’épisode, même s’il est dit que miss Boston poursuit les membres de la maffia depuis plusieurs mois, en fait, le sujet débute et se termine avec cet épisode.
Pour ce qui est du reste, l’enquête, une nouvelle fois, avance grâce à la bêtise crasse des vilains méchants et on assistera au manichéisme habituel de ce genre de littérature ainsi qu’un panégyrique de l’héroïne, tout comme c’était le cas avec Nick Carter dans la série inspiratrice.
Au final, on se retrouve avec un épisode dans la veine des précédents, épisode auquel, malheureusement la maffia n’apporte pas de plus-value.