Ils étaient quatre à table
Après avoir passé des années et des années à consacrer mes lectures uniquement à des récits policiers issus de plumes d’auteurs francophones, je me remets, lentement mais sûrement, à goûter à des traductions (pas toujours très respectueuses du texte original) de récits en langues étrangères.
Bien évidemment, mon goût pour la littérature d’antan n’ayant pas diminué, c’est encore et toujours à travers des textes d’autrefois que cette redécouverte se fait chez moi.
Après avoir dévoré les aventures de Lord Peter de Dorothy L. Sayers, d’avoir goûté à Agatha Christie, d’avoir rechigné sur Rex Stout, je me frotte maintenant à un autre monument de la littérature anglo-saxonne policière : John Dickson Carr.
Et comme j’aime toujours autant découvrir les auteurs à travers leurs personnages récurrents, j’ai choisi d’aller à la rencontre de Sir Henri Merrivale, un enquêteur amateur, ancien avocat et médecin à l’embonpoint respectable.
J’aurai volontiers découvert Henri Merrivale via sa première enquête (sur 22), « La maison de la peste », mais c’est finalement le titre « Ils étaient quatre à table » qui m’a fait de l’œil, car j’aime ce genre de titres.
« Ils étaient quatre à table/Death in five boxes » fut publié en 1938 (45 en France) et signé par un pseudonyme de l’auteur : Carter Dickson. Il s’agit de la 8e enquête de Sir Henri Merrivale.
Ils étaient quatre à table :
Ils étaient quatre à table… C’est ainsi que l’on va découvrir les convives, respectivement chirurgien, critique d’art, égyptologue et homme d’affaires. Tous les quatre ont été empoisonnés à l’atropine, mais trois d’entre eux en réchappent. Le dernier, lui, est bien mort. Mais pas empoisonné : poignardé.
Détail étrange, les poches de chacun des participants étaient garnies d’objets hétéroclites : montres à la pelle, flacons de chaux vive et de phosphore, mouvement d’horlogerie…
Et encore plus étrange, tous les rescapés sont d’accord sur ce point : aucun des participants n’a eu la possibilité matérielle de verser le poison dans les verres…
Le Docteur Sanders est arrêté, un soir, en pleine rue, par une jeune femme qui lui demande de l’accompagner dans un appartement où se trouver son père pour lequel elle s’inquiète. Sanders finit par accepter et, dans le salon de l’appartement, il découvre quatre personnes empoisonnées autour d’une table. L’une d’entre elles est morte, mais d’un coup de poignard, les autres devraient s’en sortir… Les enquêteurs devront déterminer qui a tué, qui a empoisonné, et comment, étant donné que personne ne semble être entré dans l’appartement à part les 4 convives…
Si « Ils étaient quatre à table » est une enquête de Sir Henri Merrivale, celui-ci n’apparaît qu’assez tardivement, laissant la vedette, dans la première partie de l’histoire, au docteur Sanders, qui l’accompagnera d’ailleurs jusqu’au bout de l’affaire.
J. D. Carr nous propose une intrigue à tiroir, quelque peu tarabiscotée puisque chaque convive est retrouvé avec des objets étranges dans les poches et tous semblent mentir sur certains points de leurs déclarations. Qui a assassiné l’hôte ? Pourquoi ? Comment les verres ont-ils été empoisonnés alors que tous les protagonistes assurent que personne n’a pu le faire ? C’est ce que parviendra, bien sûr, à déterminer Henri Merrivale.
L’apparition de Henri Merrivale dans le récit est assez cocasse et vaut à elle seule (ou presque) la lecture de ce roman policier dans lequel l’auteur n’hésite pas à rajouter quelques touches d’humour, notamment par l’intermédiaire de l’excentricité de son personnage principal.
Mais J. D. Carr mélange également les sous-genres du roman policier avec un semblant de crime en huis clos, des victimes pas toutes si innocentes que cela, et une vengeance venue du passé, et une sorte de whodunit à 3 suspects…
Au final, un roman policier plaisant à lire, mettant en scène un personnage à la fois amusant et irritant, mais toujours atypique.