Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Loto Édition
30 juin 2024

Criminel ou justicier ?

Ayant récemment découvert un enquêteur récurrent perdu dans les abîmes des journaux et des magazines du siècle dernier, je fais depuis lentement sa connaissance à travers certains récits le mettant en scène.

Pour résumer, Léon Mardoche est un commissaire de police qui fut détective, voire même écrivain, et qui est né sous la plume de Henri Picard.

De l’auteur, je ne sais rien étant donné le nombre d’homonymes et le manque de renseignements que l’on peut trouver sur eux.

Du personnage, je sais qu’il apparut au moins en 1929 dans un magazine québécois (qui rééditait souvent des textes de la littérature populaire française, ce qui laisse entendre qu’il pourrait exister des versions antérieures) et qu’on le retrouve dans les journaux suisses jusqu’en 1972.

Entre les deux dates, Léon Mardoche, à travers des contes, des récits très courts de 3 à 4000 mots, des nouvelles de 20000 mots ou des petits romans, fut écrivain, détective, parfois épaulé par un apprenti nommé Bob pour terminer commissaire de la PJ.

C’est par ces derniers textes (les plus longs) que je fais réellement sa connaissance.

« Criminel ou Justicier » est une longue nouvelle ou un très court roman (20000 mots environ) publié en 1969, sous forme de feuilleton, dans un journal suisse…

CRIMINEL OU JUSTICIER

Le braconnier Jérôme Boireau a une devise : « Pas vu pas pris », ce qui lui vaut le surnom de « Pas-vu ».

Quand, le jour de l’ouverture de la chasse, dans les bois, il tombe sur le cadavre de l’adjoint au maire, dont la dénonciation lui a coûté un passage en prison, « Pas-vu » décide de mettre sa maxime en pratique et s’éloigne le plus rapidement possible des lieux sans chercher à prévenir qui que ce soit.

Du fait de la personnalité de la victime, le commissaire Léon MARDOCHE est envoyé sur place pour s’occuper de l’affaire.

Lors de ses différents interrogatoires, le policier va vite se rendre compte que le défunt ne manquait pas d’ennemis potentiels aussi bien à cause de ses pratiques professionnelles qu’intimes…

Le policier se retrouve en charge d’une affaire dans laquelle la victime n’est pas une personne sans reproche, c’est le moins que l’on puisse dire. De par son habitude à mépriser les classes inférieures, à abuser de son autorité et de son pouvoir, aussi bien que par ses frivolités extra-conjugales, l’homme s’est attiré l’inimitié, voire la haine, d’un bon nombre de personnes…

Allez trouver le coupable dans tout cela… bien évidemment, « Pas-vu » est livré sur un plateau puisqu’il s’est trouvé sur la scène de crime, mais Mardoche est persuadé qu’il n’est pas coupable.

Dans ce court roman de 19400 mots, Henri Picard nous propose un personnage qui est finalement assez peu détaillé, tant dans sa personnalité, dans sa vie privée que dans sa méthode de travail. Ce que l’on sait de lui tient dans une concise description physique et puis c’est tout.

Étonnant puisque l’auteur avait tout de même la place pour s’attarder un peu plus sur son héros.

C’est alors la victime qui va prendre toute la place puisque c’est à travers les divers racontars sur la vie intime ou professionnelle de celle-ci que Léon Mardoche va établir une liste des coupables potentiels et tenter de rayer le plus de noms possibles jusqu’à ne conserver que celui de l’assassin.

Ce n’est donc pas une méthode d’investigation très sophistiquée qu’emploie le policier et donc le récit ne se dirigera pas vers le suspens ou la traque exaltante.

Juste une enquête policière classique durant laquelle le héros va se livrer à un travail non moins classique, allant d’interrogatoire en interrogatoire.

Pourtant, Mardoche va utiliser une méthode peu usitée jusqu’à présent, mais que l’on verra souvent par la suite et qui va lui permettre de découvrir le véritable coupable.

C’est là, la seule « excentricité » qu’il se permettra durant son enquête.

On sent qu’Henri Picard s’est volontairement plus concentré sur la victime… probablement une volonté de dénoncer ce genre de personnages qui n’hésite pas à écraser son prochain s’il a le malheur d’être d’une classe inférieure, de penser différemment de lui ou bien de posséder quelque chose qu’il convoite.

D’où, d’ailleurs, le titre du roman qui interroge clairement sur le fait de savoir si l’assassin est un criminel ou un justicier…

Mais, le simple fait de poser la question est un peu y répondre et le ressenti de Léon Mardoche n’est probablement pas loin d’être celui de son « père » littéraire.

Alors, oui, Henri Picard ne nous propose pas un policier aux dons exceptionnels, ni une enquête aux multiples rebondissements exaltants, mais juste un petit (tout petit) roman policier dans lequel la victime prend autant si ce n’est plus de place que le héros…

Au final, pas une enquête ni un héros inoubliables, mais juste un petit roman policier qui se lit agréablement et qui fait de sa simplicité une force… enfin, cela va dépendre pour qui...

Publicité
Commentaires
Loto Édition
Publicité
Loto Édition
  • Parce que l'édition est une véritable loterie dans laquelle il y a beaucoup d'appelés et très peu d'élus, il est grand temps que quelqu'un mette sa plume dans la fourmilière afin de faire connaître aux lecteurs la cruauté du milieu du livre !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Archives
Pages
Publicité