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13 octobre 2024

Drame à la belote

Depuis les nombreuses années que j'aborde la littérature fasciculaire du siècle dernier, il est un auteur qu'il me semble n'avoir encore jamais abordé : Max-André Dazergues.

Et pourtant, celui-ci fut un auteur prolifique et important de cette paralittérature... important de par son immense production, mais également pour son influence et la qualité de sa plume (on crut un temps que Max-André Dazergues était un pseudonyme de Georges Simenon et il reçut le Grand Prix Littéraire de Lyon en 1938).

Max-André Dazergues, de son vrai nom André Ernest Compère (1903-1963) aborda, sous divers pseudos (André Mad, Paul ou André Madandre, André Star) tous les genres de la littérature ou presque : sentimental, aventures, policiers, jeunesse, Science-Fiction.

Il est dit que Dazergues participa à lancer Frédéric Dard dans la carrière d'écrivain. Les deux hommes furent d'ailleurs amis.

Le titre par lequel je vais aborder cet écrivain est « Un drame à la belote » un fascicule de 98 pages publié en 1933 dans la collection « Crime et Police » des éditions Ferenczi.

Un drame à la belote :

À Lyon, quel que soit le temps, tous les mercredis soirs, au café des Deux-Ponts, c'est l'heure de la belote pour Étienne Jaline, Raphaël Chabrillant, Maurice Houdain et Albert Rondelet.

Mais, en ce troisième mercredi d'octobre, les habitudes vont être bouleversées... Albert Rondelet, à peine arrivé, alors que la partie débute, se sent mal et finit par s'écrouler... mort... empoisonné.

L'inspecteur Balme, chargé de l'enquête, va devoir « humer » l'atmosphère du Café des Deux-Ponts et de sa clientèle pour découvrir qui a tué Albert Rondelet et pourquoi...

Lyon, au Café des Deux-Ponts, le mercredi soir, c'est soirée belote pour quatre notables de la ville.

Mais, ce soir-là, alors que l'un d'entre eux est arrivé en retard, quand la partie débute, celui-ci se sent mal et s'écroule, mort.

L'empoisonnement ne fait aucun doute et la police est prévenue.

C'est l'inspecteur Balme qui est chargé de l'enquête. Il va alors chercher à comprendre comment le café fonctionne, qui en sont les habitués... et leurs habitudes... s'intéresser à qui était présent durant la partie, pour parvenir à identifier l'assassin.

À la lecture de ce court roman (27 200 mots), on peut comprendre pourquoi Max-André Dazergues fut soupçonné d'être un pseudonyme de Georges Simenon. Car, ici, tout est question d'atmosphère. Ambiance à l'intérieur du café, mais également atmosphère météorologique avec cette pluie incessante...

De plus, l'inspecteur Balme, tout comme Maigret, prend son temps pour enquête, s'intéresse aux gens, les petites gens comme les notables, constate la confrontation entre les deux mondes, observe... et ses déductions s'appuient plus sur les attitudes des différents protagonistes que sur des indices matériels (quoi que).

Les désirs que provoquent la serveuse, la vie dissolue de l'un des joueurs, les amourettes de la fille de la nièce de la victime...

L'inspecteur Balme prend son temps et, à travers lui, Max-André Dazergues également.

Car l'auteur n'hésite pas à s'attarder sur quelques descriptions, de lieux, d'ambiances, de personnages, il ne se hâte pas et, finalement, on constate que, l'air de rien, il a placé tous les pions de l'échiquier pour expliquer le drame et pour identifier le coupable.

Et Dazergues s'attarde sur les habitudes... ne cessant, tout au long du récit, à mettre la plume sur les actes répétés de chacun, de la tenancière qui tricote à la serveuse qui fricote en passant par l'horloge publicitaire... et les us des clients... us dérangés que peu de temps par le décès de l'un d'entre eux puisque les choses finissent toujours par reprendre leur déroulé.

Alors, bien sûr, l'inspecteur Balme n'a pas le charisme de Maigret tout comme Dazergues n'a pas le talent de Simenon.

Oui, les personnages manquent un peu de profondeurs.

Oui, l'atmosphère, bien que présente, peine à devenir un personnage à part entière du roman comme Simenon savait si bien le faire.

Mais, au final, pour un simple fascicule, même de cette taille (98 pages), c'est déjà une gageure d'être parvenu à un tel résultat.

Alors, Max-André Dazergues n'est pas Georges Simenon, mais il n'en est pas moins un auteur que je vais tenter de retrouver sur ma route littéraire, car il s'avère très intéressant et dans sa démarche et dans son écriture.

 

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