Mystère - Amour - Drogue
/image%2F1116647%2F20240915%2Fob_c99a63_couvmad.jpg)
Toute personne lisant régulièrement mes chroniques - si tant est qu'il y en ait - ne peut ignorer toute l'affection que j'ai pour la plume de l'auteur énigmatique J.-A. Flanigham.
Je vous parlerai volontiers de l'homme, du moins pour citer quelques éléments biographiques comme je fais dans mes autres chroniques, mais, malheureusement, de J.-A. Flanigham, je ne sais rien et je ne pense pas que quelqu'un ait désormais des informations à son sujet.
Certains avancent qu'il s'agit d'un pseudonyme commun à plusieurs auteurs et j'ai bien du mal à adhérer à cette hypothèse tant toutes mes lectures des récits de Flanigham m'ont conforté dans l'idée qu'une seule personne pouvait en être l'auteur tant le style particulier de sa plume est reconnaissable...
Tous ses récits démontrent un art maîtrisé de l'incise à un niveau rarement vu chez d'autres auteurs.
Mais, comme il existe toujours une exception qui confirme la règle, penchons-nous sur le titre du jour, « Mystère - Amour - Drogue », un titre paru initialement en 1945 sous la forme d'un fascicule dans la collection « Murmure d'amour » des éditions du Moulin Vert.
On notera que ce titre a été réédité en 1951 aux éditions Lutèce (comme la plupart des titres de Flanigham).
Et c'est d'ailleurs sur cette seconde édition que mon avis va porter, mais je ne doute pas que le texte n'ait pas été révisé entre les deux versions.
De J.-A. Flanigham, j'aimerai tout de même préciser qu'il est le créateur de plusieurs personnages récurrents que j'apprécie, notamment Bill Disley, le reporter, mais aussi le couple d'aventuriers Dick et Betty Reutel, ou les membres de l'Agence Garnier.
Mais il a également écrit un certain nombre de récits noirs, publiés dans les collections fasciculaires policières des éditions Ferenczi.
Enfin, seul élément biographique, sa période d'activité s'est étendue de 1945 à 1958.
Qu'un titre était prévu en 1959, mais n'est jamais sorti (peut-être parce qu'il est mort avant d'avoir terminé de l'écrire) et, enfin, que, de sa grosse production, seuls trois titres me manquent.
MYSTÈRE – AMOUR – DROGUE
Quand un jeune ingénieur français doit laisser, derrière lui, sa fiancée tant aimée pour suivre, durant un an, un stage au Québec, il est loin d’imaginer dans quel enfer il va tomber.
En une seule rencontre, il sombrera dans les abîmes de la criminalité, de la drogue et d’une dépendance psychologique encore bien plus insoutenable…
Fred, un jeune ingénieur français, doit se séparer de sa fiancée pendant un an pour aller passer un stage au Québec avant de pouvoir reprendre l'usine familiale.
Mais, sur place, il fait la rencontre de la jeune, belle et envoûtante Rosie, qui, pour le séduire, l'initie à la drogue...
À la simple lecture de ce petit texte de 12 500 mots, je n'aurais pu deviner qu'il était signé de la main de J.-A. Flanigham tant le style est loin d'être à la hauteur de ce à quoi m'avait habitué l'auteur.
Effectivement, si on passe sur les multiples répétitions qui, malheureusement, sont le lot des fascicules de l'époque et qui sont bien souvent inhérentes à la politique éditoriale qui voulait que les textes soient vite écrits et tout aussi vite publiés ce qui faisait que, la plupart du temps, les auteurs ne prenaient pas le temps de se relire et que les éditeurs ne faisaient pas non plus cet effort, c'est surtout l'absence des fameuses incises chères à Flanigham qui est marquante.
Surtout, mais pas que, car, même sans cette absence, difficile de ne pas remarquer que la maîtrise usuelle de l'auteur, tant au niveau du genre que de la narration, ne sont pas présente dans ce texte.
Alors, on pourra évoquer le fait que Flanigham créait souvent des femmes fatales, mais c'était une habitude du roman noir de l'époque et c'est difficile de s'appuyer sur cet élément pour accorder la paternité du texte à Flanigham.
L'élément le plus probant pour expliquer ces manques est probablement qu'il s'agit là du premier texte de l'auteur publié et donc, tout aussi probablement, le premier texte qu'il a écrit.
C'est donc compréhensible que l'auteur n'ait pas encore la maîtrise qu'on lui a connue par la suite et qu'il n'ait pas encore trouvé son style, tant dans la narration que dans l'écriture et, donc, dans ces fameuses incises...
Malheureusement, un Flanigham sans ces éléments perd nettement de sa saveur et, donc, « Mystère - Amour - Drogue » en devient un texte un peu naïf par son côté fleur bleue du début, et sans grand intérêt du côté purement genre policier (puisque pas d'enquête).
Au final, un des rares récits de J.-A. Flanigham à me décevoir, un texte un peu insipide, du moins dans grand intérêt, qui se lit parce qu'il est court et pour constater l'évolution rapide de la plume de Flanigham par la suite.