Je vous tuerai...
J'ai récemment fait mon mea culpa pour m'excuser d'une énormité que j'avais pu avancer dans mes chroniques en disant que je ne voyais pas d'autres femmes de lettres francophones s'étant essayées au récit policier avant le milieu des années 1950, excepté Juliette Lermina-Flandres, Myriam Dou ou Juliette Pary.
J'avais omis, pour une raison incompréhensible, Renée Dunan et l'auteur du jour : Michèle Nicolaï.
Car Michèle Nicolaï (1905-1950), bien que spécialisée dans les récits sentimentaux, s'est plusieurs fois confrontée au genre policier, que ce soit sous son nom ou sous les pseudonymes de Nicole Moran et Jean-Marie Laroche.
Et si je connaissais depuis longtemps le titre « Mon premier crime » pour l'avoir croisé dans la collection « La Main Blanche », je n'avais pas été chercher plus loin.
Or, à part ce titre-là, Michèle Nicolaï a écrit au moins 7 autres courts récits d'environ 10 000 mots plus un roman.
Du coup, je me suis lancé dans la découverte des titres de l'auteur que je pouvais trouver.
Le titre du jour, « Je vous tuerai... » a été publié en 1941 dans le magazine « Police-Roman ».
JE VOUS TUERAI
Lionel Katford, célèbre auteur de romans policiers, est un homme à qui tout réussit.
Mais un jour, une lettre anonyme lui annonçant « JE VOUS TUERAI », vient briser sa quiétude.
D'abord incrédule, Lionel est rapidement confronté à la réalité de la menace. Des appels téléphoniques anonymes, des messages laissés dans sa voiture... l'étau se resserre.
Il se tourne alors vers l'inspecteur Ellis de Scotland Yard, pour obtenir protection.
Lionel Katford, célèbre écrivain de romans policiers, voit sa vie basculer quand il reçoit un message anonyme glissé sous sa porte lui annonçant : « Je vous tuerai ».
Pensant d'abord à une mauvaise plaisanterie, il ne tarde pas à prendre la menace au sérieux quand un appel anonyme le condamne dans les mêmes termes.
Se sentant alors traqué, Lionel Katford ne voit pas d'autre solution que de demander la protection de Scotland Yard...
Je retrouve donc pour la deuxième fois la plume de Michèle Nicolaï à travers un petit récit policier (à peine plus de 10 000 mots) tirant un peu vers le récit noir.
On y rencontre un écrivain à succès qui, du jour au lendemain, bascule dans le doute, la peur et la crainte de mourir. Mais qui peut bien vouloir sa mort ? il serait incapable de le dire et cela le mine peut-être encore plus que la menace proprement dite.
Ne sachant d'où peut venir le coup, il ne peut s'y préparer et l'inspecteur Ellis le comprend bien puisqu'il lui conseille de se méfier de tout et de tous.
On retrouve dans le texte le goût de Michèle Nicolaï pour les récits sentimentaux puisqu'en plus des déboires de Lionel Katford, l'auteur nous offre également un début de romance entre Ellis et une journaliste.
Si l'intrigue, simple, tient la route durant tout le récit (il s'agit uniquement de menaces), elle prend malheureusement du plomb dans l'aile quand il est besoin d'avancer un mobile et de le justifier. En effet, difficile de croire à celui-ci, tant du côté de la motivation du tueur, que de la raison de sa rancœur, d'autant que le geste à l'origine de cette haine est lui-même difficilement crédible.
Mais nous sommes dans un récit fasciculaire (même si publié dans un magazine) et il faut bien consentir à ce genre de facilités qui permettent aux auteurs de respecter les contraintes d'un format court et d'une écriture rapide.
Au final, un récit pas désagréable à lire et qui souffre principalement des défauts inhérents au format court...