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Loto Édition
17 novembre 2024

Mon premier crime

Je dois faire un mea culpa sur une omission que je commets bien trop souvent dans mes chroniques à propos des femmes de lettres en langue française dans le monde du récit policier.

En effet, j'ai bien souvent le réflexe de dire qu'il n'y en a pas ou quasiment pas avant les années 1950-1960, ne citant alors que Juliette Lermina-Flandres, Myriam Dou ou Juliette Pary en précisant que celles-ci ont très peu œuvré dans le genre.

Mais, à chaque fois, j'oublie deux autres noms qui, bien qu'écrivant plus facilement des textes dans le genre sentimental (voire érotique), ont tout de même participé à l'essor du récit policier.

La première est Renée Dunan (1892-1936) qui écrivit toute une série de récits policiers dans les années 1930.

La seconde est l'auteur du titre du jour : Michèle Nicolaï (1905-1950), de son vrai nom Sabine Bluette Brazier et connu également sous les pseudonymes de Nicole Moran ou Jean-Marie Laroche.

Après avoir écrit de nombreuses nouvelles sentimentales dans la seconde moitié des années 1930, elle s'exerce, à partir de 1941, au récit policier pour la collection « Allo Police » des éditions A.B.C.

Mais c'est pour la collection « La Main Blanche » de la Société Parisienne d'Édition, qu'elle signe « Mon premier crime » en 1944.

MON PREMIER CRIME

Annette et Jacques Dejean vivent un mariage heureux depuis deux ans.

Mais la parution d'une photo dans le journal va jeter une ombre sur leur idylle.

C'est le moment que choisira un triste personnage pour faire son apparition pour le plus grand malheur du couple...

Annette et Jacques Dejean ont tout pour être heureux. Mariés depuis deux ans, ils vivent depuis un amour sans nuage... jusqu'à ce que Jacques, dans le journal, découvre la photo de sa femme dans un article consacré à un roman policier écrit par elle sans le lui dire.

Choqué que sa femme puisse être liée à des crimes, même fictionnels, à travers sa plume, Jacques prend un peu de distance avec son épouse et c'est le moment que le destin choisit pour mettre sur leurs routes tous les éléments d'un drame à venir...

À la lecture de ce texte de 10 000 mots, difficile de ne pas constater que l'auteur est d'ordinaire spécialisé dans les récits sentimentaux (ce qui était de toute façon le cas de la plupart des auteurs de récits fasciculaires de l'époque, hommes et femmes confondus).

En effet, le début du récit verse dans un fleur bleue devenu totalement suranné depuis.

La femme aimante, le mari beau et charismatique, l'amour fou... bref, tout y passe pour le plaisir des midinettes.

C'est seulement à la moitié du récit que celui-ci entre réellement dans le genre policier puisque drame il y a.

Mais là encore, l'auteur nous sert tous les éléments qui avaient cours régulièrement dans le récit fasciculaire policier des années 1930... sauf que nous sommes au milieu des années 1940 et que le récit fasciculaire policier a pris un nouveau tournant le dirigeant plus vers le récit noir, le récit hardboiled (récit mettant en scène des personnages durs à cuire) ou encore le récit policier à la Simenon.

Bien évidement, ce côté démodé, voire obsolète, est atténué par le fait que, si, de nos jours, on lit ce genre de récit, forcément, on s'attend à un style un peu poussiéreux et une intrigue à l'ancienne, du coup, cela joue forcément moins sur l'appréciation ou non des lecteurs.

Car, il faut bien avouer que malgré cela, ou grâce, selon le point de vue que l'on adopte, le récit se lit avec un réel plaisir du fait d'une plume maîtrisée et plutôt agréable.

Après, comme pour les récits fasciculaires policiers de l'époque, du fait de leur concision et donc de l'impossibilité de créer des intrigues tortueuses, le lecteur se doute rapidement de ce qu'il s'est passé et de l'identité du meurtrier d'autant que les procédés utilisés ne sont pas forcément très originaux.

Au final, un récit sentimentalo-policier agréable à lire émanant d'une des rares femmes francophones ayant œuvré dans le genre policier avant la fin des années 1950.

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