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Loto Édition
22 décembre 2024

L'Association des Riffleurs

Vous n'ignorez sans doute pas que « chaque chose a une fin » ! c'est un poncif que l'on répète ad nauseam pour la moindre chose... qui a une fin.

Eh bien, les aventures de Miss Boston n'échappent pas à la règle, comme nous le prouve « L'Association des Riffleurs » la 20e et ultime enquête de Miss Boston, la seule femme-détective du monde entier, un personnage né de l'imagination d'Antonin Reschal.

Pour rappel, en 1886, aux USA, le détective Nick Carter apparaît dans un récit écrit par John R. Coryell. Publié sous la forme de fascicule, cette première aventure sera suivie de centaines (milliers) d'autres, puisque Coryell en écrivit une par semaine pendant 17 ans et qu'ensuite plusieurs écrivains anonymes prirent la relève.

Le succès auprès des lecteurs ne se démentant pas au fil des années, les éditions Eichler sentent le bon filon et achètent les droits de la série (et d'autres) pour proposer des traductions dans toute l'Europe. Dès 1906, Nick Carter débarque donc en France et reçoit un tel succès que des éditeurs français tentent de surfer sur la vague.

Ce sera d'abord Ferenczi, qui publiera la série « Marc Jordan » proposant un clone français du détective américain.

En 1910, Albin Michel se lancera dans la course avec « Miss Boston, la seule femme-détective du monde entier », une série développée par Antonin Reschal (1874-1935), un écrivain et homme de presse qui mit la femme au centre de son œuvre.

Malheureusement, il ne semble pas que la série eut le succès escompté puisqu'elle s'arrêta brutalement au bout de 20 épisodes.

Je dis brutalement parce qu'à la lecture, tout porte à croire que cette fin ait été précipitée, ce qui expliquerait que l'ultime épisode soit plus court que les précédents et peine à combler les 32 pages double-colonne qui lui était consacré. La preuve en est que les dernières pages du fascicule contiennent le sommaire complet des 20 épisodes (du remplissage, donc).

Mais cet ultime récit confirme-t-il donc cette impression ? Voyons cela.

L’ASSOCIATION DES RIFFLEURS ou LA MORT DE SOKES

L'inspecteur Sokes est chargé d'enquêter sur un mystérieux crime.

Dans un appartement bouclé de l'intérieur, le corps d'un vieil homme est retrouvé avec une corde autour du cou et une balle lui ayant traversé le crâne par le sommet.

Sokes ne parvenant pas à trouver réponse aux multiples questions que ce meurtre pose, il demande à Miss Boston de lui apporter son aide.

Très rapidement, la jeune femme découvre que le défunt était le caissier d'un terrible gang appelé l'Association des Riffleurs...

On retrouve, après huit jours sans nouvelles, le corps du vieux Hop, dans son appartement, une corde autour du cou et une balle dans la tête. Mais la balle lui a traversé le crâne par le haut, ce qui semble difficilement explicable.

L'inspecteur Sokes, envoyé sur place pour enquête, finit par demander l'aide de miss Boston.

Celle-ci découvre, dans les papiers du mort, que celui-ci était le caissier de l'Association des Riffleurs, un terrible gang qui terrifie et ensanglante les environs...

L'intrigue démarre par un meurtre en chambre close, un classique de la littérature policière, mais là n'est point le principal de l'histoire puisque ce crime est rapidement expliqué par miss Boston.

D'un début très " policier ", on retourne alors rapidement dans le genre plus aventurier dans lequel se place les enquêtes de miss Boston - et avant elle celles de Nick Carter.

C'est donc à une lutte entre l'Association des Riffleurs et miss Boston à laquelle le lecteur est convié.

On se retrouve donc en terrain connu et si ce n'est la fin brutale, cet ultime épisode est en tous points semblable aux autres.

Car, ce qui le différencie des précédents et cela est annoncé dès le sous-titre du fascicule original " La mort de Sokes ", c'est justement le décès tragique du partenaire de miss Boston, expliquant à la fois la retraite de la détective et la fin de la série.

Cependant, la " mort de Sokes " arrive si brutalement et surtout, le texte étant plus court que les précédents, que l'on a l'impression, à la lecture, qu'Antonin Reschal a été prévenu en cours d'écriture de cet épisode que celui-ci serait le dernier. Alors, il précipita la fin de Sokes pour offrir une réelle fin à sa série (ce que tous les auteurs n'ont pas pris la peine de faire).

On l'en remerciera alors a posteriori.

Cependant, on peut être surpris que l'ultime chapitre de cet ultime épisode soit consacré à remercier l'éditeur qui est sans nul doute à l'origine de cette fin brutale.

Bref.

La série débutait avec la mort de Sherlock Holmes et elle se termine avec celle de Sokes ! Les deux extrêmes n'ont évidemment pas la même ampleur.

Je suis d'ailleurs surpris qu'il ait accepté (ou qu'il n'ait rien dit) l'utilisation de son personnage, surtout dans cette circonstance, pour la série alors que l'on sait que ses avocats avaient forcé Maurice Leblanc a changé le nom du Sherlock Holmes apparaissant dans les premières éditions des aventures d'Arsène Lupin pour lui donner celui de Herlock Sholmes.

Passons.

Je n'ai malheureusement pas pu lire cette toute première aventure de miss Boston (si les 6 qui suivirent) par faute d'avoir pu trouver les fascicules originaux (qui sont très rares). Je n'ai pu que survoler une traduction anglaise de ce premier épisode qui ne laisse aucun doute sur l'utilisation des personnages de Sherlock Holmes et du docteur Watson.

Miss Boston apprend alors la mort d'Holmes à travers les journaux et comme son patron, le détective William Hopkins, pour lequel elle était apprentie et faisait la plupart du boulot, venait de mourir, elle se décida à devenir détective à son tour...

Mais là n'est pas la question. Qu'importe le début (pas lu) puisque j'en suis à la fin...

Les aventures de miss Boston se terminent donc ainsi, après seulement 20 épisodes qui furent tous publiés en 1910 (autant dire que l'éditeur n'a pas vraiment laissé la chance au produit) très loin des centaines (milliers) d'épisodes de la série Nick Carter qui perdura jusque dans les années 1960 après avoir fait également son bonhomme de chemin à la télévision, au cinéma et à la radio...

Dommage, la série n'était ni pire ni meilleure que d'autres, bien plus longues...

Un peu plus tard, les lecteurs auront le droit à une autre femme détective, une autre rivale de Nick Carter : Ethel King, une série allemande, apparemment, de plus de 200 titres dont 101 furent traduits en France et parurent à partir de 1912...

Au final, c'est toujours une tristesse quand je termine une série de l'époque, car, là, je suis certain que l'auteur ne nous proposera jamais de suite...

Une série agréable à lire du moment que l'on apprécie les récits du type « Nick Carter » et compagnie...

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