Les têtes embaumées de Chicago
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J'arrive lentement à la fin de la série « Miss Boston, la seule femme détective du monde entier », une série de 20 fascicules de 32 pages, double colonne, écrits par Antonin Reschal et publiés en 1910 aux éditions Albin Michel.
Pour rappel, Miss Boston est une version féminine du détective américain Nick Carter dont les aventures avaient un immense succès outre-Manche depuis quelques décennies et dont les traductions déferlaient sur l'Europe et la France avec autant de succès depuis 1906.
Quant à Antonin Reschal (1874-1935), c'était un homme de presse et un écrivain qui avait mis la femme au centre de son œuvre, tant dans les magazines photos qu'il dirigeait que dans les récits qu'il écrivait, que ceux-ci fussent policiers, dramatiques ou érotiques...
« Les têtes embaumées de Chicago » est le 19e et avant-dernier épisode de la série.
LES TÊTES EMBAUMÉES DE CHICAGO
Une série de meurtres macabres terrorise Chicago. Cinq cadavres, tous masculins et décapités, sont retrouvés dans des endroits différents le long du lac Michigan. L'absence de têtes rend l'identification des victimes impossible, et le vol ne semble pas être le mobile des crimes.
Miss Boston, la célèbre détective, est chargée de l'enquête, mais les indices sont rares, et il va falloir toute la persévérance de la jeune femme pour trouver la piste qui la conduira à la résolution de l'affaire...
Alors que miss Boston et l'inspecteur Sokes, son fidèle adjoint, se baladent sur les bords du lac Michigan, ils sont intrigués par un attroupement. En s'approchant, ils se rendent compte qu'un corps sans tête est allongé sur le sable.
À peine le temps de se lancer dans l'enquête que le duo apprend qu'on a découvert un second corps sans tête. Bientôt, d'autres découvertes aussi macabres vont avoir lieu...
On retrouve donc miss Boston et l'inspecteur Sokes pour l'avant-dernière fois dans une enquête totalement indépendante (ce qui n'a pas toujours été le cas, car certains épisodes mettaient en scène les mêmes criminels).
Cette fois-ci, des hommes sont décapités et leurs corps jetés sur le rivage du lac Michigan. Les corps sont habillés, leurs effets n'ont pas disparu, le vol ne peut donc être le mobile des meurtres. Mais alors ? Quel intérêt de décapiter des hommes, puis d'abandonner ainsi leurs corps ? Vengeance ? Crime de psychopathe (on disait " monomane " à l'époque) ?
Très vite, miss Boston va trouver une piste qui, le lecteur le devine avant les enquêteurs, va être la bonne.
On retrouve dans cet épisode tous les éléments présents dans les précédents.
Une enquête plus basée sur l'action que la réflexion (à l'image de celles de Nick Carter).
Un adjoint qui sert de potiche et qui n'est là que pour lancer des louanges à la détective (un panégyrique qui peut s'avérer un peu lassant, mais qui est surtout souvent injustifié tant les conclusions de la jeune femme sont à la portée de n'importe quel cerveau).
Cependant, contrairement au précédent épisode se déroulant dans les plaines de l'Arizona, miss Boston retrouve la ville et il faut bien avouer que ce terrain de jeu lui sied mieux. C'est d'ailleurs en cela que se différenciait Nick Carter de ses homologues de l'époque en adoptant les rues des grandes villes naissantes, comme terrain de jeu.
Bien évidemment, on ne s'attend pas à un immense succès ni à de la grande littérature.
Cependant, les aventures de miss Boston offrent une représentation d'une certaine littérature de l'époque qui comblait les lecteurs avides d'aventures, de dépaysement et d'action. Du moins, les enquêtes de Nick Carter dont on ne compte plus les épisodes tant il y en a eu en raison de l'immense succès qu'elles pouvaient avoir auprès du public.
Car, effectivement, les enquêtes de miss Boston eurent bien moins de succès ce qui explique le faible nombre d'épisodes et la façon brutale dont la série va s'interrompre au prochain épisode avec la mort de Sokes (ce n'est pas une révélation, le sous-titre du dernier épisode étant " La mort de Sokes ").
Au final, un épisode dans la veine des précédents. Ni meilleure ni plus mauvais et qui s'avère être une lecture plaisante et distrayante pour peu que l'on apprécie la littérature fasciculaire de l'époque.