Un condé
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Parfois, je lis un roman et je me dis " Mais pourquoi je n'en ai jamais entendu parler avant ? ", ou bien " Mais pourquoi n'est-il pas devenu un classique de la littérature ? ".
Bref, il m'arrive de déguster des romans que je trouve trop mésestimés, boudés ou oubliés.
Et j'en déguste de tels récits, vous ne pouvez l'imaginer que si vous lisez toutes mes chroniques, ce que vous ne faites malheureusement pas.
Mais, généralement, cela concerne des récits réellement oubliés de tous, qui ont sombré depuis le début dans les abîmes de la littérature.
Plus rarement, il s'agit de récits ayant eu succès en leur temps puis qui se sont par la suite enfoncés dans l'oubli.
C'est le cas avec " Un condé " de Pierre Vial Lesou (1930-2018).
Pierre Vial Lesou n'est pas un perdreau de l'année. Il s'agit d'un auteur de romans policier qui connut le succès dès son premier ouvrage, « Le Doulos », publié en 1957 dans la mythique collection « Série Noire » et qui en fit le plus jeune auteur de la collection...
En effet, « Le Doulos » fut adapté au cinéma 5 ans après sa parution par Jean-Pierre Melville avec Jean-Paul Belmondo en vedette (rien que ça).
« Un condé » est paru initialement sous le titre « La mort d'un condé » en 1970, dans la collection « Spécial Police ». Il a été adapté au cinéma sous le titre « Un condé », la même année, par Yves Boisset.
Pour finir, plusieurs autres romans de l'auteur ont été transposés sur la grande toile, donnant des films tels « Lucky Jo » de Michel Deville, « Je vous salue mafia » de Raoul Lévy, « L'ardoise » de Claude Bernard-Aubert... et d'autres encore.
Un condé :
Francis Favenin croit avoir enfin trouvé la paix en se retirant loin du tumulte de la ville et d'un passé lourd de violence. Mais le silence est trompeur. Des ombres s'agitent, prêtes à faire ressurgir les fantômes d'une existence marquée par la haine et le sang. Quand Hélène Dassa, la voisine énigmatique, entre dans sa vie, tout bascule. Qui est-elle vraiment ? Quels secrets dissimule-t-elle sous une apparence distante et froide ? Favenin la sent hostile, mais saura-t-il découvrir la vérité ? Et surtout, pourra-t-il affronter les démons qu'il pensait avoir laissés derrière lui ?
Francis Favenin est un flic... mais un flic en repos à la campagne, car sa femme souffre d'un grave problème cardiaque... Il a failli la perdre il y a peu, heureusement, Hélène Dassa, était là au moment du malaise et l'a littéralement sauvée. D'ailleurs, apprenant que celle-ci cherchait un coin tranquille pour écrire un roman, Francis lui a parlé de la maison voisine qui était à louer... Mais, Francis Favenin sent la " voisine " réticente, il pense qu'elle le déteste, mais il ne sait pas pourquoi. Sa femme le rassure, lui disant que celle-ci est juste un peu timide, gênée par la situation.
Mais si Hélène Dassa cachait réellement ses intentions...
Voilà un roman qui débute lentement... très lentement, dans cette maison de campagne dans laquelle l'auteur esquisse des relations un peu étranges entre un couple et leur sauveuse...
Il instille le doute, dans la tête du condé, mais également dans celle du lecteur. C'est qu'elle est bien étrange, cette Hélène Dassa...
Puis Pierre Vial Lesou nous offre quelques flash-back permettant progressivement d'expliquer les intentions réelles d'Hélène et les raisons de celles-ci.
On est aux antipodes de ce que font les films et les séries actuelles, proposant une première scène explosive et tendue pour ensuite retourner en flash-back pour expliquer celle-ci. Oui, il faut saisir le spectateur dès les premières secondes de peur qu'il ne zappe.
Ici, c'est tout le contraire. L'auteur ne prend pas son lecteur pour un benêt, il sait que celui-ci peut être patient si tu lui proposes quelque chose de maîtrisé, même si le rythme est lent et que les questions n'ont pas de réponses immédiates.
La preuve, l'auteur ne m'a pas perdu et pourtant je suis loin d'être patient. Mais la plume de Pierre Vial Lesou suffit à t'enchanter suffisamment pour que tu veuilles en savoir plus.
D'autant que l'intrigue est maîtrisée et qu'à partir d'une histoire simple, l'auteur parvient à livrer une histoire forte, violente, passionnante, étouffante, viscérale, émouvante... et tous les qualificatifs que vous voulez.
Oui, l'auteur maîtrise sa narration.
Oui, l'auteur maîtrise son intrigue.
Mais plus encore, l'auteur maîtrise ses personnages et évite tout manichéisme primaire.
Il n'y a pas de noir, pas de blanc, tout est gris, du gris clair au gris foncé. Les méchants ont eu aussi des sentiments. Les gentils ont eux aussi des travers...
Et c'est bien deux mondes qui vont se confronter.
D'une part, Favenin, un condé.
De l'autre, Rovel, un truand.
Entre les deux, deux femmes, celle de Favenin, Christine et celle de Rovel, Hélène.
Et je ne vais pas m'étendre plus pour ne pas déflorer l'intrigue, ce qui serait dommage.
Toujours est-il que ce roman met en avant, l'honneur, la vengeance, la violence, le respect et l'amour... offrant au lecteur un savoureux mélange, à la fois passionnant et haletant dans lequel le lecteur est pris et retient son souffle dans l'attente d'un climax qu'il devine sanglant et déchirant sans se douter à quel point cela le sera.
Bref.
Au final, « Un condé » ou « La mort d'un condé » est ce genre d'excellents romans qui vous font dire : « Mais pourquoi je n'en ai pas entendu parler avant ? », ou « Mais pourquoi j'ai attendu si longtemps pour découvrir ce roman et cet auteur ? » et qui vous donne furieusement envie de découvrir d'autres romans de l'auteur, ce que je vais m'empresser de faire.