Érèbe
/image%2F1116647%2F20250306%2Fob_3bc2df_416ooi9xuol-sx195.jpg)
Je suis toujours curieux de faire la connaissance d'auteurs de romans policiers qui ont un passé de policier.
Cette expérience ne leur confère bien sûr pas une plume de qualité d'autorité, mais elle leur permet souvent d'imprégner leurs récits d'un certain réalisme, tant dans l'esprit des personnages que dans les procédures.
L'un des exemples le plus marquants récemment est Olivier Norek qui est parvenu, en plus d'instiller une ambiance policière prenante dans ses romans à développer une plume de qualité.
Cette fois-ci, c'est au tour de Didier Fossey de passer à la moulinette de mes chroniques.
Didier Fossey fut policier à la BAC pendant 15 ans avant de se lancer dans l'écriture et de développer des... romans policiers.
Mais Didier Fossey a une particularité, c'est qu'il a été policier, certes, mais que je n'avais pas connaissance de cette information avant de débuter ma lecture (et de la terminer) et ce n'est qu'en me renseignant pour ma chronique que je l'ai appris.
Bref.
L'auteur est né en 1954 et a écrit plus d'une dizaine de romans (dont certains pour la série " L'Embaumeur ") et qu'il a développé une série autour du personnage Boris Le Guenn.
Peut-on dire que « Érèbe », sorti en 2024, fait partie de cette série ?
Je ne sais pas trop, mais Boris Le Guenn apparaît en cours d'histoire.
Érèbe:
Paris 2017. Depuis plusieurs semaines, des jeunes femmes travaillant dans des cabarets et bars de nuit de la capitale disparaissent mystérieusement. Leurs corps sont retrouvés en forêt, atrocement mutilés.
Eneko Etxeparre, commandant de police à la BRP, s’intéresse à ces disparitions dans le cadre d’une enquête conjointe avec la brigade criminelle de Versailles. Leurs investigations vont les mener très loin dans les ténèbres de la nuit parisienne, là où tout devient permis. Ours solitaire, Etxeparre va devoir collaborer avec la fougueuse capitaine Isabelle Danglard, qu’on lui impose comme second de groupe, et qui n’en fait bientôt qu’à sa tête, au mépris des procédures.
Une plongée effrayante dans le noir sordide d’un monde parallèle où la vie humaine n’a plus la moindre valeur.
Eneko, commandant à la BRP, est un flic meurtri qui ne pense plus qu'à son métier depuis la mort tragique de sa femme et sa fille. Aussi, quand des barmaids de boîtes de la région disparaissent et que deux d'entre elles sont retrouvées mortes après avoir été torturées et avoir subi une ablation de leur appareil génital ante mortem, Eneko ne pense plus qu'à retrouver le psychopathe responsable. Mais, pour ce faire, il va devoir collaborer avec la capitaine Isabelle Danglard, nouvellement mutée dans son équipe...
Alors, que dire de ce roman ?
Un flic torturé, qui ne pense qu'au boulot, ours mal léché, mais bel homme. Une fliquette plus jeune, et belle également. Un tueur très sadique. Des chapitres courts qui naviguent entre différentes époques et différents lieux. Une plume qui ne sort pas des sentiers battus (pour ne pas dire un peu fade)... on peut dire que l'auteur ne cherche pas le moins du monde à faire dans l'original...
En même temps, l'originalité ne vous assurant pas le succès, peut-on vraiment lui en vouloir.
Non... enfin... quand même. Ce serait bien d'éviter aux lecteurs toujours les mêmes poncifs, les mêmes clichés, notamment celui du beau mâle viril torturé qui finit par s'ouvrir à la belle fliquette avec laquelle il travaille...
Quant au méchant, là non plus, rien d'original... il n'aurait plus manqué que celui-ci écoute de la musique classique (du Gustave Malher, tant qu'à faire) et on était dans les cordes.
Ce serait bien, pour une fois, que le héros soit solaire ou tout du moins optimiste ou encore normal.
Et le méchant, tient, si au lieu d'être psychopathe aimant faire souffrir, c'était juste quelqu'un qui manque d'empathie, qui use de la même pratique finale (ablation de l'appareil génital de ses victimes), mais dans un but uniquement mercantile, sans qu'il y ait un sadisme particulier derrière, mais juste parce que, pour lui, les autres ne sont que des choses, des outils...
Et pourquoi pas, aussi, tenter de proposer une plume plus travaillée, nous éviter les chapitres ultra-courts pour changer de lieux et de personnages sans cesse... oui, une narration plus linéaire, qui s'appuie plus sur la qualité de l'intrigue pour tenir le lecteur en haleine que sur un hyper découpage de l'histoire ?
Oui, dans un monde idéal, le lecteur aurait peut-être le droit à ces partis pris.
Mais dans le monde réel, celui où tu dois être plus fédérateur que novateur, bin, on a ce genre de roman là.
Pas un mauvais roman, puisque je suis arrivé au bout (le fait qu'il soit court aide), mais surtout pas un roman original, ni dans ses personnages, ni dans son intrigue, ni dans sa narration, ni, surtout, dans sa plume.
Au final, un roman qui se lit... qui s'oublie...