Bataille de gangs
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Pour rappel, je suis un passionné de littérature populaire policière du siècle dernier et, principalement, des personnages récurrents de la littérature fasciculaire.
Ce fut l'occasion, pour moi, de découvrir des " héros " de papier du début du 20e siècle (Marc Jordan, Toto Fouinard, Miss Boston...) jusqu'à la fin des années 1950 (Commissaire Odilon Quentin, L'Ange...)
Et c'est dans cette fin de l'ère du fascicule, dont le succès décline rapidement avec l'apparition du Livre de Poche au milieu des années 1950, qu'apparaît l'un de mes personnages littéraires préférés (toutes littératures préférées) : le journaliste londonien Bill Disley, qui forme, avec son ami-garde du corps, Jeff, un ancien boxeur pro et un ancien pickpocket, un duo savoureux.
Pour être plus précis, Bill Disley apparaît au milieu des années 1940 sous la plume du mystérieux J.-A. Flanigham.
De cet auteur, on ne sait rien, si ce n'est sa période d'activité (1945-1958), son talent d'écrivain, et, probablement un autre de ses pseudonymes, Raymond Gauthier (quoi que...)
On lui doit un grand nombre de fascicules policiers, que ce soient des 16 pages, 32 pages, 64 pages, 98 pages que 128 pages.
Mais, surtout, J.-A. Flanigham a développé plusieurs personnages récurrents : le couple d'aventuriers Dick et Betty Reutel, la bande de l'Agence de détectives Garnier et Bill Disley.
Et, de ces " héros ", c'est incontestablement Bill Disley qui me passionne le plus.
Ce personnage, d'abord apparu dans une collection sentimentale (" Murmure d'amour " des éditions du Moulin Vert) avant de voir ces titres réédités au sein de la collection " Police-Roman ", eut par la suite le droit à deux séries dédiées : " Les aventures de Bill Disley " et " Les nouvelles aventures de Bill Disley " soit, en tout, plus d'une cinquantaine d'aventures allant du récit de 10 000 mots au court roman de plus de 30 000 mots.
C'est dans la collection « Les aventures de Bill Disley » que l'on retrouve le titre du jour, « Bataille de gangs », un livret de 128 pages, paru en 1952 et épisode n° 4 de la série.
BATAILLE DE GANGS
Dans le décor surréaliste de « L'Ange Noir », la plus sélect des boîtes de nuit new-yorkaise, une série de faits tragiques sème la panique dans les milieux policiers et parmi les gangsters de la capitale.
Quel est le mystérieux chef de bande de ce nouveau gang qui ose s'attaquer à Burt Milroy, roi du racket, gangster étrangement sympathique ?
Mortimer, le chef de la brigade mondaine, mène-t-il le double jeu dans cette étonnante sarabande, sillonnée de meurtres sensationnels et de tortures dignes des anciens âges ?
Bill DISLEY, accusé du meurtre de la belle Dora, saura-t-il se tirer des griffes de la police et mener son action à bien ?
Reine Bruce, monstrueuse d'inconscience et de froide détermination, domine cet étrange drame, par son cynisme et son mépris total de la valeur humaine…
Bill Disley et son compère Jeff débarquent à New York pour préparer une série de reportages. Ils en profitent pour retrouver Nick, un ami dirigeant « L'Ange Noir », une boîte de nuit à la mode.
Seulement, Nick vient d'être victime d'un nouveau gang ayant cherché à le racketter, et lui ayant cramé la plante des pieds pour le convaincre.
Bill Disley rencontre alors une jeune femme qui lui demande de passer chez elle, car elle veut lui faire des révélations à propos dudit gang.
Quand Bill Disley rend visite à la jeune femme, il se fait assommer et se réveille à côté du corps exsangue de son " indic "...
J'ai déjà précisé, dans les trois épisodes précédents de la série, que j'estimais que Bill Disley s'épanouissait dans la contradiction, c'est-à-dire plus au sein de la concision des fascicules de 32 pages que dans les petits romans de 128 pages.
C'est une nouvelle fois le cas ici.
D'ailleurs, plus que Disley, c'est probablement la plume de Flanigham qui se nourrit de la contrainte de concision du fascicule pour performer.
Ce n'est pas pour rien que la qualité première de l'auteur réside en son art des incises dans les dialogues, ces petites informations permettant de mieux cerner l'état d'esprit des personnages en peu de mots.
Du coup, forcément, quand Flanigham a plus d'espace, son art se dilue un peu et devient moins visible, moins prégnant, moins flagrant.
Comme ses intrigues sont toujours relativement simples (il préférait le récit noir au récit à suspens), là encore, l'espace ne lui sied pas toujours.
Là aussi, c'est une nouvelle fois le cas. L'intrigue, en effet, emprunte tout au roman noir à l'américaine (jusque dans les lieux) avec cette histoire de gangs qui s'affrontent et de femmes vénéneuses.
D'ailleurs, la femme est toujours au centre des histoires de Flanigham et elle a rarement le beau rôle. Au mieux, c'est l'ingénue par qui le malheur arrive. Au pire, c'est la femme vénale et manipulatrice qui fait le malheur des hommes.
Le lecteur se retrouve donc en terrain connu quand il aborde un texte de Flanigham.
Seulement, dans les aventures de Bill Disley, l'auteur ajoute un élément appréciable : l'humour.
En effet, la relation entre Bill Disley et Jeff Dickson (profitez-en, son nom apparaît rarement dans les récits) est sujette à humour, grâce à la relation de franche camaraderie entre les deux hommes et leurs proportions à se taquiner (et à bibiner).
Bill Disley est le bel homme charmant et frondeur du duo. Jeff, le colosse taiseux et bagarreur (et un peu poivrot).
On apprécie donc les dialogues entre les deux hommes qui rythment le récit à coups de punchlines et de notes humoristiques.
Cet épisode ne fait pas exception.
Au final, un récit dans la veine des trois précédents. Pas aussi savoureux que les aventures plus courtes, mais tout de même un plaisant petit roman noir avec de l'humour dedans.