Le 13ème Juré
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Dans les années 1930 (entre 1928 et 1940), un magazine policier marqua les lecteurs pour plusieurs raisons.
D'abord, parce que, chaque semaine, il proposait des reportages, des nouvelles ou des romans en feuilletons...
Ensuite, parce qu'il eut énormément de succès.
Puis, parce que de grands noms participèrent au magazine dont, notamment Georges Simenon qui livra des nouvelles ou des romans en feuilletons (dont certains de son commissaire Maigret), mais également des jeux concours comme « Les 13 énigmes », « Les 13 coupables » ou « Les 13 mystères ».
Ces jeux-concours permettaient de fidéliser les lecteurs qui, pendant 13 semaines, achetaient le magazine pour participer dans l'espoir de gagner une somme d'argent conséquente.
Mais Georges Simenon ne fut pas le seul à écrire pour le " Jeu des 13 " puisque, dans le même magazine, en 1930, Jean Fouquier, un auteur sur lequel je n'ai trouvé aucun renseignement en fit autant.
Le jeu concours proposé par Jean Fouquier avait pour titre : « Le 13e juré » et proposait aux lecteurs de l'époque de devenir le 13e juré d'un procès relaté concisément. Les lecteurs devaient alors, en fonction des déclarations et des différentes plaidoiries, émettre son propre jugement entre 4 possibilités : l'acquittement/les travaux forcés à temps/les travaux forcés à perpétuité/la peine de mort.
Deux ou trois semaines plus tard étaient publiés les résultats du jeu concernant le procès en question (il y en avait 13 au total) donnant le jugement le plus plébiscité ainsi que l'ordre des sentences depuis la plus populaire à la moins populaire, le nombre de voix d'écart entre la 1re et la 2e sentence, ainsi que les noms des vainqueurs.
Presque 100 ans plus tard, il est désormais possible de rejouer à ce jeu grâce à la réédition de ces 13 procès et des 13 résultats.
À l'époque, « Le 13e juré » était également, comme c'était stipulé dans la présentation de celui-ci, une occasion d'évoquer la question de l'abolition de la peine de mort puisque le magazine devait par la suite transmettre les résultats des votes aux Pouvoirs Publics.
Bien évidemment, cela n'eut pas d'incidence sur la mise en place de la peine de mort puisque ce n'est que 50 ans plus tard, en 1981, que celle-ci fut abolie.
Désormais, quasiment un siècle plus tard, vous avez la possibilité de confronter votre verdict à celui des lecteurs de l'époque et constater si les mentalités ont changé ou non depuis.
Je ne vous cache pas que, personnellement, je fus rarement en adéquation avec la Vox Populi de l'époque, ce qui démontre que ma mentalité n'est pas celle des années 1930 (et je m'en félicite).
Mais vous, qu'en sera-t-il ? Essayez et vous saurez.
Ce genre de recueil, il faut bien l'avouer, a un intérêt plus ludique que littéraire.
Pourtant, j'avoue que je ne me suis jamais ennuyé dans la lecture de ces comptes-rendus de procès, grâce, je le suppose, à la plume de Jean Fouquier et au fait que ces comptes-rendus vont à l'essentiel.
13 procès, 26 000 mots, 2 000 mots en moyenne par exposition d'un procès et ses réponses, on n'a pas le temps de s'ennuyer.
Si les procès sont évidemment fictifs, il ne fait nul doute à la lecture de ceux-ci qu'ils sont inspirés de petits procès réels.
En effet, les crimes jugés sont de ceux dont les journaux abreuvaient les lecteurs de l'époque, mais, plus encore, les avocats cités étaient, eux, des réels avocats avec, souvent, leur photo publiée.
On y retrouve ainsi, dans le tout premier procès, Maître Moro-Giafferi, qui ne fut autre que l'avocat d'Henry Désiré Landru et Guillaume Seznec...
Les autres avocats cités au cours des autres procès, bien que moins célèbres que leurs confrères, ont également existé.
Ce mélange réalité fiction peut sembler étrange et l'on se demande pourquoi lesdits avocats ont accepté de voir leurs noms apparaître dans ces fictions, mais je ne pourrais donner de réponse à cette question.
Bref.
Au final, si « Le 13e Juré » n'est pas un sommet de la littérature, il apporte pourtant un certain plaisir de lecture et, plus encore, s'avère être ludique en plusieurs points : vous, quelle serait votre sentence ? et, avez-vous le même avis que vos confrères lecteurs d'il y a 95 ans ?