Le hurlement du couvent
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J'aime découvrir des auteurs de romans policiers au point, souvent, de prendre des risques en tentant des auteurs dont personne ne parle.
Cela m'offre parfois d'immenses plaisirs, souvent des déceptions.
Ces recherches me plongent souvent dans les limbes de la littérature policière de jadis et, de temps en temps, dans celles des publications plus récentes.
Si on ajoute à cela que, régulièrement, je me penche dans les catalogues des éditeurs de mon département (principalement TDO Éditions et Les Presses Littéraires), on en arrive au titre du jour : « Le hurlement du Couvent » de Sonia Varichon, publié en 2017 chez Les Presses Littéraires.
Les Presses Littéraires, j'en ai déjà parlé, est un éditeur un peu particulier. À la base imprimeur, il s'est lancé dans les éditions. Je dis bien " LES " éditions, car on ne sait jamais, quand on plonge dans un livre sortant de sa presse avec son logo, s'il s'agit d'un roman publié à compte d'éditeur (il en fait) ou à compte d'auteur (il en fait également) ou même encore un livre autoédité sur lequel il aurait apposé son logo (il paraît qu'il en fait également).
Donc, pour « Le hurlement du Couvent », impossible de vous dire de quel genre d'édition il s'agit.
Toujours est-il que lire un roman publié [imprimé] aux Presses Littéraires est toujours une surprise [parfois bonne comme « L'ombre du Ratel » de Pierre Euzet, ou mauvaise, comme nombre d'autres].
Le hurlement du Couvent :
Un mot dans la bouche d’une victime oblige Jeanne Sincle, journaliste de faits divers, à revenir à Dijon. D’abord considérée comme suspecte, elle finira par être associée à l’enquête menée par l’inspecteur Enzo Tracker. Ensemble, ils vont tenter de comprendre les motivations du tueur qui prend pour cible les habitants de la ville. La jeune femme se trouve rapidement en concurrence avec un reporter chevronné de son ancien journal. Ce n’est pas le seul obstacle qui se dresse sur sa route, sa cousine Pauline ne manque pas d’imagination pour lui attirer des ennuis, son ex-fiancé débarque au milieu de l’enquête et pour couronner le tout, Jeanne apprend qu’elle a un problème cardiaque. En plus d’être attentive à cet organe vital, elle devra se tenir sur ses gardes, car elle est l’une des cibles de l’assassin.
Vers Dijon, on retrouve le cadavre d'un médecin dans la bouche duquel la police trouve un mot précisant que Jeanne Sincle, une journaliste, connaît la vérité. Seulement, la journaliste se trouvait à Paris au moment du meurtre, ce qui n'empêche pas la police de la suspecter...
Bon, je vais commencer par dire qu'au moment de ma lecture, je ne connaissais pas l'âge de l'auteur [ce qui peut expliquer certains défauts du roman]. Celle-ci avait, au moment de la sortie du bouquin, 31 ans et ce livre était son premier roman.
ReBon, je ne vais pas trop vous parler de l'intrigue du roman, de savoir si elle tient la route ou pas, car, je vous avoue tout de suite que je n'ai pas terminé ma lecture, faute à quelques éléments fortement rédhibitoires pour moi.
Le tout premier résidant dans le fait que le policier chargé de l'enquête est l'inspecteur Enzo Tracker.
Alors, bon, " Enzo ", pourquoi pas.
" Tracker ", j'ai un peu plus de mal.
Mais " inspecteur "... il me semble bien que depuis 1995 [le roman a été publié en 2017, je vous le rappelle], il n'existe plus d'inspecteur de police. Non. On dit désormais " Lieutenant ", comme le rappelle si bien Vincent Cassel dans le film « Les Rivières Pourpres » [qui date de 2000].
Quand on écrit un roman policier, le minimum, c'est quand même de se renseigner un petit peu sur les procédures, la hiérarchie et les grades, histoire de ne pas raconter n'importe quoi...
Bref.
Cela aurait pu passer.
Mais le second défaut est un peu plus terrible encore puisque l'on entre ici dans la pure écriture.
C'est toujours difficile de décrire un personnage principal, et encore plus dans les actions ou les interactions. On peut le nommer par son patronyme, son surnom, son prénom, sa profession, son caractère ou son physique.
Mais, si on choisit les deux dernières possibilités, il faut le faire avec parcimonie.
Et là... parcimonie ne doit pas faire partie du vocabulaire de l'auteur, car Jeanne Sincle est Jeanne, est Sincle, est stressée, est journaliste, mais est surtout, dixit Sonia Varichon, brune ou brunette.
Et on ne peut passer à côté de cet aspect physique puisqu'il est répété ad nauseam tout du long du roman.
Bien simple, sur un seul chapitre, l'auteur peut répéter une quinzaine de fois " La brune " ou " la brunette " pour parler de son personnage.
Et sur l'ensemble du roman, on atteint le chiffre de 200 occurrences [oui, je les ai comptées].
C'est beaucoup, c'est énorme, c'est trop. Autant se contenter de Jeanne, de mademoiselle Sincle, de Jeanne Sincle ou même encore de " la journaliste ".
Mais encore, cela aurait pu passer.
On en arrive enfin à l'aspect le plus rédhibitoire [et le plus répandu dans la littérature policière] : la beauté des personnages...
Ouais, c'est fou comme tout le monde est beau dans le polar [surtout les héros].
Ici, Enzo Tracker est beau, charismatique, trop beau dixit Jeanne Sincle qui regrette tellement qu'il s'acharne sur elle, à la suspecter, car il est tellement beau...
Quant à Jeanne Sincle... elle n'est pas belle [ouf], non, elle est magnifique [mince] si magnifique qu'Enzo Tracker regrette de devoir la suspecter [mais il est professionnel quand même]. Et c'est dommage, car elle est si magnifique qu'il aimerait qu'elle soit innocente.
Bon, je ne suis pas arrivé jusqu'au moment [qui doit exister dans le roman, je n'en doute pas] où les deux personnages finissent par se rapprocher [alors que Jeanne Sincle le déteste, mais se force un peu, car il est si beau ce policier] et probablement s'aimer [car c'est beau l'amour].
En effet, j'ai du mal avec les moments guimauves dans du roman policier, surtout quand ceux-ci arrivent après d'autres défauts comme ceux cités.
Bref, le roman m'est tombé des mains [comme beaucoup ces derniers temps] et je suis passé immédiatement à une valeur sûre [Jean-Baptiste Ferrero, pour être précis], car j'en ai un peu marre des déceptions qui s'enchaînent [je ne les évoque pas toutes, car, des fois, je ne lis pas assez de pages pour en faire une critique ou n'ai pas grand-chose à dire sur ledit roman abandonné].
Au final, un roman policier qui pêche par la méconnaissance grossière de l'auteur du monde policier ; par une répétition excessive d'un trait physique pour décrire un personnage et, surtout, par son côté guimauve où les gens sont beaux et sont attirés l'un par l'autre uniquement parce qu'ils sont beaux [car Jeanne trouve le policier horripilant et méchant et le policier considère Jeanne comme une suspecte, mais comme ils sont beaux l'un comme l'autre, forcément, ils doivent se rapprocher, car la beauté attire la beauté... beurk...]