Les trois Lorette
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Replongeons-nous dans la littérature populaire policière fasciculaire si chère à mon cœur avec le titre du jour : « Les trois Lorette » de Louis-Ernest CHEVALIER.
Louis-Ernest Chevalier, vous ne le connaissez peut-être pas et si vous le connaissez, prière vous est faite de me donner des informations sur l'auteur, car les spécialistes de la paralittérature ne savent rien sur lui.
D'ailleurs, s'il n'existe aucune information fiable sur L.E. Chevalier, il semble n'y avoir pas beaucoup de textes signés par celui-ci.
J'ai pu recenser 4 nouvelles et trois fascicules, dont celui du jour.
On retrouve dans la plupart des nouvelles le personnage d'Arthur Maillard, un détective...
On retrouve également ce personnage dans les fascicules, mais devenu inspecteur principal de la Sûreté Nationale et en but avec un voleur machiavélique se nommant Félix Lorette...
« Les trois Lorette » est paru en 1937 dans la collection " Police " des éditions Ferenczi, sous la forme d'un fascicule de 64 pages (un texte d'environ 20 000 euros).
LES TROIS LORETTE
Lorsque l'inspecteur principal Arthur Maillard, de la Sûreté nationale, reçoit une note anonyme l'enjoignant de se rendre au 312 rue Ganneron, il est loin de se douter qu'il met le pied dans l'une des affaires les plus extravagantes de sa carrière.
Ce qui commence par l'arrestation d'un certain Félix Lorette se transforme vite en un casse-tête monumental. En effet, ils ne sont pas un, mais trois individus à se présenter sous la même identité. Tous possèdent des cartes de visite au nom de Félix Lorette et nient farouchement les méfaits dont on les accuse.
Malgré leur méfiance instinctive, l'inspecteur Maillard et son fidèle second, l'énorme inspecteur Triboulet, se retrouvent entraînés dans un tourbillon de mystères. Qui sont ces trois hommes ? S'agit-il de complices, d'imposteurs ou de victimes d'une machination insensée ?
L'inspecteur Maillard reçoit un message lui annonçant que son ennemi juré, le voleur Félix Lorette, sera présent à telle heure et à telle adresse. Sur place, en effet, la police tombe sur trois hommes dont un se présente comme Félix Lorette (le contenu de ses poches ne laisse aucun doute sur le sujet).
Mais, quand Triboulet, le collègue de Maillard, chargé des deux autres hommes, débarque dans le bureau de son chef, tout change : les deux autres individus assurent également être Félix Lorette...
Dans la littérature populaire fasciculaire, on trouve de tout, du mauvais, du moyen, du bon et parfois du très bon voire de l'excellent.
On y découvre des auteurs confirmés (Marcel Priollet, Rodolphe Bringer...), mais également des auteurs totalement inconnus (J.-A. Flanigham, Charles Richebourg...)
Et ce ne sont pas les écrivains dont on ne sait rien qui sont forcément les plus mauvais.
La preuve en est avec les deux que j'ai cités, mais également avec Louis-Ernest Chevalier.
La littérature fasciculaire est un genre bien particulier et très contraignant.
Obligation d'écrire vite, nécessité de concision et tout cela en parvenant à respecter un genre (ici, le policier).
Pour un fascicule, l'auteur n'a pas la possibilité de laisser sa plume divaguer, il est obligé d'aller droit au but, ne pouvant se permettre trop de descriptions, digressions...
Et, effectivement, Chevalier va droit au but en plaçant ses personnages dès les premières lignes. Un policier en but à un voleur qui lui échappe toujours et qui reçoit un message lui indiquant où il peut l'arrêter. Le policier arrête le voleur, du moins le croit-il, puisque deux autres hommes se présentent sous l'identité dudit voleur.
Dès lors, l'imbroglio est placé. Le mystère également. Bon point.
Le lecteur est happé.
Si on ajoute à cela l'humour né de l'attitude des trois hommes, cela renforce encore l'attrait du récit.
Mais mettre en place un mystère n'est pas suffisant, il faut avoir le temps de le résoudre... ce qui est difficile dans l'espace restreint d'un fascicule.
Reste alors la possibilité de trouver une solution directe, mais souvent peu crédible ou bien une solution plus crédible, mais qui nécessite de l'espace pour la développer.
Mais il existe une troisième solution, celle d'utiliser une astuce permettant à la fois de tout expliquer sans monopoliser trop de lignes.
Cette astuce réside souvent dans l'exposition de la réponse via une confession orale ou épistolaire.
Ici, l'auteur choisit de passer par la confession épistolaire, un pari risqué, car le résultat est souvent assez pénible à lire et ralentit le récit.
Mais là encore, L.E. Chevalier démontre qu'il est un auteur aguerri (malgré sa maigre production), car la révélation finale alterne entre le récit épistolaire et des passages narrés à la troisième personne pour exposer des moments de l'histoire. Cela évite de ralentir le rythme et permet de conserver l'intérêt du lecteur.
Bref, une bonne surprise :
- Une bonne intrigue (pour un fascicule)
- Une plume aguerrie
- Une bonne maîtrise du genre et du format
- Des personnages certes peu originaux, mais suffisamment intéressants
Au final, on trouve de tout dans la littérature fasciculaire, du mauvais, du moyen... et du bon, comme ce « Les trois Lorette » de L.E. Chevalier.