Les métiers du livre
Les livres suscitent moult passions et moult et moult vocations.
Pour que le livre existe, il faut, bien évidemment, en bout de chaîne, le lecteur. Passionné de livres et de mots, il est l'ancre de l'édifice Livre, sans lequel tous les autres corps de métiers deviendraient obsolètes.
L'auteur est celui qui verse la première goutte d'encre. Que ce soit par l'intermédiaire de sa plume, de son stylo, de son clavier ou tout autre moyen qui ne me vient pas à l'esprit, l'auteur est le premier créateur de la chaîne. Amateur ou professionnel, il est, normalement, poussé par la passion de manier les mots, de raconter des histoires et de faire ressentir des sensations et des sentiments au lecteur.
Même s'il y en a quelques-uns, l'auteur est donc, avant tout, mu par sa passion et non par le désir de célébrité et de richesse (ceux et celles qui compteraient se lancer dans l'aventure de l'écriture uniquement par appât du gain, risquent de subir encore plus de déconvenues que ceux qui créent par passion). Autant il n'est pas rare de croiser des gens désireux de se lancer dans le cinéma ou la chanson uniquement pour devenir célèbre (le paradoxe veut que maintenant il faille passer à la télévision pour accéder à la célébrité alors qu'avant il fallait être célèbre pour passer à la télévision), autant il est moins fréquent de rencontrer ce genre de personnages dans le milieu de l'écriture même si les succès d'Harry Potter et de certaines sagas comme "Le Seigneur des anneaux" ou de "Twilight" ont tendance à générer le même genre de créature (il est à noter que le fait que ces sagas aient été adaptées avec succès au cinéma n'est pas pour rien dans le phénomène).
L'auteur, à part quelques rares exceptions (du moins je l'espère), est donc un passionné des livres et des mots.
Une fois que l'auteur a mis un point final à son histoire, il sollicite un éditeur pour partager sa prose avec les lecteurs.
L'éditeur est donc, normalement, un autre passionné du livre. Je ne parlerai donc pas, dans cet article, de l'éditeur à compte d'auteur qui, lui, n'est passionné que par l'argent qu'il va réussir à soutirer au pauvre écrivain amateur trop désireux de voir ses mots couchés sur papier et qui est prêt à payer pour cela alors qu'un vrai éditeur investit ses propres deniers pour créer l'objet livre à partir du manuscrit que lui a présenté l'auteur.
Le métier d'éditeur est probablement le plus difficile de la chaîne (après celui d'auteur) mais chaque corps de métier vous dira probablement la même chose.
Si l'éditeur n'est pas dôté de moyens conséquents et de contacts nombreux, il lui faudra alors compenser par beaucoup de temps, d'énergie et de passion. Il n'est donc pas rare que beaucoup de petits éditeurs finissent très rapidement par mettre la clef sous la porte.
Si la profession est contraignante, elle est également l'une des plus exaltantes puisqu'elle consiste à transformer une histoire parfois pas totalement maîtrisée en un Livre de bonne facture. Pour cela, il faudra déjà lire les manuscrits reçus, faire le tri pour en sélectionner les meilleurs, travailler de pair avec l'auteur afin de peaufiner le texte, puis créer la maquette, la couverture, la 4ème de couverture, avant de passer la main à un imprimeur pour la reprendre ensuite pour la promotion du livre.
C'est ensuite à l'imprimeur d'intervenir. Si le métier réclame moins de passion, il nécessite tout de même un savoir faire et, surtout, une envie de faire un travail le plus minutieux possible. Par expérience, je peux affirmer que tous ne fournissent pas la même qualité de travail et que ce n'est pas toujours le plus investi et le plus passionné qui fourni le meilleur façonnage.
Si tout va bien, à ce moment là, l'imprimeur fournit l'un des plus beaux objets au monde, le Livre.
L'éditeur reprend donc alors la main pour la promotion de l'ouvrage et la diffusion.
Il est alors temps, pour le lecteur, de se procurer l'objet. Pour se faire, il pourra l'acheter grâce à un libraire ou le louer par l'intermédiaire d'une biobliothèque. Bien sûr, le lecteur peut aussi acheter l'ouvrage par correspondance, sur Internet ou, comme jadis, par des structures de ventes par correspondances comme "France Loisirs" ou "Le grand livre du mois".
Les libraires ou les bibliothécaires sont également des passionnés du livre, enfin, presque tous. Pour rencontrer des gens animés par la foi, il vaut mieux éviter les grandes structures comme la FNAC. La FNAC est à la culture ce que Castorama est au bricolage, on y trouve un peu de tout mais les vendeurs chargés de vous conseiller sont totalement incultes et ne font que répéter ce qu'on leur a dit de dire.
Après tout ce cheminement, il est temps, pour le lecteur, de participer. C'est, au final, lui qui fera vivre le livre en l'achetant, ou non, en l'appréciant, ou non, en le conseillant et en en parlant, ou pas.
Si les ventes sont nombreuses et les retours des lecteurs positifs, alors, l'auteur sera heureux et motivé pour écrire de nouvelles histoires, l'éditeur sera satisfait et gagnera suffisamment d'argent pour investir dans une réimpression et dans d'autres livres, l'imprimeur sera soulagé d'avoir du travail pour imprimer d'autres livres et le libraire aura d'autres livres à vendre ce qui sera facilité par le succès du précédent ouvrage.
Pour autant, si les ventes ne sont pas au rendez-vous, un retour positif de la part des rares lecteurs pourront satisfaire l'auteur et le motiver à écrire d'autres ouvrages et suffira à maintenir la passion de l'éditeur en le poussant à modifier ou amplifier la diffusion de l'ouvrage ou la publicité faite autour.
Au final, l'objet Livre fait intervenir différents corps de métiers et différents personnages (on peut rajouter le correcteur, l'infographiste, l'illustrateur, le lecteur du comité de lecture...) pour que le lecteur puisse voyager.
Car, mieux qu'un écran de cinéma ou de télévision, qu'un avion ou qu'un bateau, qu'une voiture ou qu'un train, le livre est le meilleur moyen de transport pour voyager à moindre frais. Pour quelques euros seulement, le lecteur pourra visiter les terres étrangères, les planètes de la galaxie, la ville d'à côté, la vie du voisin ou celui du super héros, en faisant appel aux mots de l'auteur et à sa propre imagination. Mais surtout, chaque lecteur lira le livre d'une façon différente et se fera son propre film dans sa tête, avec ses propres acteurs et ses propres décors pouvant être à la fois très proches et très éloignés de la vision de l'auteur.