Vendre des livres
C'est à l'heure où vous pensiez avoir fait le plus difficile, créer un livre de toutes pièces, que vous allez vous rendre compte que le plus dur reste à venir : vendre les livres.
Ne pensez surtout pas qu'un livre va se vendre tout seul grâce à ses qualités littéraires. Même le meilleur ouvrage nécessite un travail acharné pour trouver son public.
Tout d'abord, Internet. Vous pourrez facilement vendre vos ouvrages sur votre propre site Internet. Ce site pourra être créé par un professionnel, si vous avez des moyens, ou par vous-même, un peu de travail, quelques dizaines d'euros et les outils adaptés vous le permettront. Cela ne concurrencera jamais les qualités visuelles d'un site professionnel, mais, pour vendre quelques livres, ce pourra être suffisant.
Si vous faites tout vous-même, il vous faudra également sélectionner un hébergeur pour votre site et un nom de domaine, qui reprendra le nom de votre maison d'éditions. Pour OXYMORON Éditions, ce sera tout simplement www.oxymoron-editions.com.
Pour les hébergeurs, n'hésitez pas à comparer les services proposés et les prix, en sachant que vous n'aurez pas besoin d'une grande bande passante puisque rien à télécharger depuis votre site à part, peut-être, quelques communiqués de presses et des extraits de livres.
Au final, vous trouverez aisément des hébergeurs pour quelques euros seulement par mois, nom de domaine compris (vous n'aurez pas besoin de payer pour obtenir un nom de domaine, par exemple oxymoron-editions.com, cela sera compris dans votre abonnement).
Mais, mettre vos livres en vente sur votre site est loin d'être suffisant, à moins d'avoir les moyens d'une campagne publicitaire de grande ampleur. Effectivement, les éditeurs étant nombreux, vous vous retrouverez noyé au milieu de la concurrence et, sachant que les internautes dépassent rarement la troisième page des moteurs de recherches, la seule façon pour quelqu'un, d'arriver chez vous, sera, soit de taper le nom de votre maison d'édition directement dans le moteur de recherche, ce qui implique qu'il vous connaisse déjà, soit de cliquer sur un lien menant chez vous.
Le référencement de votre site s'améliore en fonction du nombre de liens pointant vers lui, aussi, n'hésitez pas à vous inscrire dans les divers annuaires, pas que ceux spécialisés dans le livre, et à laisser votre lien sur des blogs littéraires.
Vous pourrez ensuite chercher à vendre vos livres par l'intermédiaire de sites marchands. Il faut savoir que pour inscrire vos ouvrages sur amazon.fr, par exemple, il vous faudra passer par la création d'un compte professionnel qui vous sera facturé 39 euros par mois pour des ventes finalement trop faibles, bien souvent, pour rentabiliser l'investissement, d'autant que, sur chaque vente, vous sera prélevé une marge de près de 11%.
Pour autant, si vous n'être pas trouvable sur amazon.fr, par exemple, il vous sera difficile de créer les fiches de vos livres sur certains sites comme des bibliothèques virtuelles (librarything ou Booknode, par exemple) ce qui ralentira votre diffusion auprès du public.
Une façon de contourner ce problème sans ouvrir un compte vendeur chez amazon, vous inscrire sur la FEL, Fichier Exhaustif du Livre, une base de données utilisées par les libraires et dans laquelle pioche également amazon.fr. Pour cela, passez par Cyber Scribe.
Pour continuer la piste d'Internet, vous pouvez créer un profil Facebook, mais sachez que, comme pour le reste, on ne prête qu'aux riches et que, tant que vous serez inconnus, votre Facebook ne vous apportera que des invitations pour des groupes ou des jeux abscons.
Surfez sur les blogs littéraires et n'hésitez pas à parler de votre maison d'édition, de vos ouvrages, de vos auteurs, cela peut sembler de la perte de temps, mais, de toute façon, il vous faudra beaucoup de temps et d'énergie à défaut de beaucoup d'argent.
Tout comme vous pouvez envoyer des exemplaires de vos livres à des journalistes dans l'espoir qu'ils en parlent (de toute façon, ils ne parlent pas des livres qu'on ne leur offre pas, c'est devenu une habitude malheureuse), vous pouvez en faire autant auprès de bloggeurs qui ont beaucoup de visiteurs. Pour cela aussi, il existe des sites qui regroupent des bloggeurs et qui organisent la distribution des ouvrages en assurant l'éditeur d'obtenir une critique (bonne ou mauvaise) en retour. Mais là encore, une bonne critique sur un blog littéraire ne suffira pas à attirer le monde, il faut s'assurer que ces critiques se multiplient.
Mais, la vente sur Internet a également un coût. Hormis les frais d'hébergement du site, les frais Paypal (ou autre service paiement) de quelques dixièmes d'euros, il faudra également penser aux frais de port pour l'envoi du livre (ce sera l'objet d'un prochain article).
En dehors du monde virtuel, il existe des échoppes spécialisées dans la vente de livres que l'on appelle des librairies. Si celles-ci sont de moins en moins fréquentées, il n'en demeure pas moins qu'elles sont un bon moyen pour accéder au lecteur, donc au client, donc à des ventes. Si vous avez de l'argent, vous aurez probablement un distributeur et un diffuseur au niveau national. C'est eux qui assureront tout le travail de la distribution auprès des librairies, en échange il vous en coûtera, environ, entre 10 et 15% du prix de votre livre pour chacun (ce qui fait donc entre 20 et 30% du prix du livre rien que pour accéder aux librairies nationales). Pensez également qu'il y aura des frais pour les invendus, que les distributeurs et diffuseurs ne travaillent pas que pour vous et qu'ils privilégieront d'abord la distribution des gros éditeurs qui, bien souvent, sont également les possesseurs de ces sociétés de distributions et de diffusion.
A ce stade là, vos livres pourront se trouver un peu partout, mais à quel prix.
Mais, les prélèvements ne s'arrêtent pas là. Le libraire, lui aussi, veut vivre de son travail et vous réclamera entre 30 et 40 % du prix de votre livre en échange. Les libraires vous prendront en moyenne 30 à 35 % et la FNAC, elle, vous réclamera 40% (à ce prix, on comprend qu'elle fasse des rabais de 5% sur les livres et qu'elle ne fasse pas payer les frais de port).
Sachez que la plupart des libraires prennent vos livres en dépôt. C'est-à-dire qu'elles ne vous paient que pour les livres vendus, donc, elles ne prennent pas de risques et accepteront, bien souvent, de prendre quelques exemplaires même d'un ouvrage édité par un inconnu et écrit par un inconnu. Pour autant, ce n'est pas parce que les ouvrages ne seront pas vendus chez elles, qu'ils vous suffira de les récupérer pour les vendre ailleurs. Effectivement, un livre demeuré en rayon trop longtemps finit par jaunir, sans compter les ouvrages qui sont tripotés avec plus ou moins de respect par les clients (je ne vous explique pas dans quel état j'ai récupéré mes exemplaires déposés à la FNAC, ils sont totalement invendables).
Si vous avez de la chance et que vous démarchez vous-même, vous pourrez tomber sur des libraires compréhensifs et désireux d'aider les éditeurs et les auteurs qui démarrent. Encore mieux, si le libraire a lu votre ouvrage et l'a apprécié, il n'hésitera pas à le conseiller à ses clients. Mais un libraire ne peut pas tout lire alors, il faut s'attendre à ne pas faire de grandes ventes par ce biais tant qu'on a pas eu un médiatisation réelle à côté.
Quand vous êtes un éditeur inconnu qui propose des livres d'un auteur inconnu, le moyen le plus rapide et le plus facile d'accéder aux lecteurs est que vos ouvrages soient disponibles dans un maximum de bibliothèques. Si la plupart des lecteurs hésitent à tenter leur chance auprès d'un livre inconnu dans une librairie puisqu'il va lui falloir débourser quelques euros, ils seront moins réticents à oser l'expérience en bibliothèque où ça ne leur coûtera plus rien. Vous pouvez donc espérer que vos ouvrages seront lus et, s'ils sont appréciés, que les lecteurs retiendront le nom de la maison d'édition et de l'auteur. Évidemment, on peut se dire qu'un ouvrage dans une bibliothèque, c'est un risque que plusieurs lecteurs n'achètent pas votre livre, mais, comme, de toute façon, ils ne l'auraient pas acheté, autant être lu et reconnu.
Pour autant, toutes les bibliothèques ne jouent pas le jeu et si, quelques-unes jouent le jeu en soutenant les petits éditeurs et auteurs locaux, principalement celles tenues par des amoureux du livre, la plupart vous retourneront un non massif. Certaines pousseront même le dédain jusqu'à ne jamais vous répondre ou bien vous faire miroiter une commande qui ne viendra jamais (ce cas est bien plus courant qu'on pourrait le penser).
Enfin, il y a une autre façon de vendre des livres, les séances de dédicaces et les salons littéraires.
Pour les séances de dédicaces, elles auront principalement lieux dans les endroits où vos livres sont accessibles au public, librairies et bibliothèques. Quand vous débutez, ces séances de dédicaces sont un bon moyen de faire désenfler l'égo des écrivains, mais j'y reviendrai dans un autre article. N'hésitez pas à multiplier les séances de dédicaces, même si les résultats en terme de ventes sont décevants, c'est en investissant beaucoup de temps et d'énergie dans ce genre de pratique qu'on finit par se faire connaître.
Il reste donc les salons littéraires. Selon les régions, plusieurs de ces salons ont lieux chaque année. En intérieur ou en extérieur, ils permettent aux auteurs et aux éditeurs de se faire connaître du public et de prendre le temps de défendre leurs ouvrages auprès des passants. Les ventes ne sont pas toujours à la hauteur du temps passé, notamment pour les auteurs inconnus, mais tout grand voyage débute par un premier pas. Je reviendrai également sur ces salons littéraires.
Ensuite, à vous d'innover en tentant de vendre des ouvrages aux comités d'entreprises, au Conseil Général près de chez vous, de demander des subventions (dans les Pyrénées-Orientales, il vaut mieux faire du roman terroir pour obtenir des subventions, mais là aussi, j'en reparlerai), de contacter les clubs de lectures, les associations...
Sachez que si vous faites tout vous-même, il vous sera très difficile d'avoir assez de temps pour tout faire, d'autant plus si vous écrivez également.
Pour finir, une petite idée de ce que peut gagner un éditeur moyen sur le prix d'un livre, les chiffres avancés sont approximatifs et dépendent de plusieurs éléments.
Sur un livre de 20 euros (pour faciliter le calcul) :
- 2 euros ===> droits d'auteur
- 2.5 euros ===> imprimeur
- 2.5 euros ===> diffuseur
- 2.5 euros ===> distributeur
- 6 euros ===> libraire
- 1.5 euros ===> TVA
Au final, il restera 3 euros par livre à l'éditeur pour payer tous les frais (correction, maquette, site...) et se faire une marge bénéficiaire.
Évidemment, si l'éditeur est petit et auto-diffusé, il n'a pas de diffuseur ni de distributeur à payer mais, en contre-partie la part de l'imprimeur augmente parfois pour flirter avec les 5 euros par exemplaire.
Tous ces comptes n'ont de raisons que si l'ensemble des livres imprimés sont vendus, dans le cas contraire, les livres peuvent partir au pilon et donner lieu à un manque à gagner (en sachant que l'imprimeur est le seul, dans tous les cas, à toucher pour l'intégralité des livres, les autres partenaires ne touchant que sur les livres vendus uniquement).