Conseil d'écriture 2
Maintenant que vous savez pour qui et pourquoi vous écrivez, il faut vous pencher sur le "Que voulez-vous écrire" ?
Il vous faut alors résister, mais ceci n'est qu'un avis personnel, à l'envie d'écrire une saga en 17 tomes pour faire comme "les grands". Bien sûr, vous êtes très inspiré par le succès des "Harry Potter", "Twilight", "Le seigneur des anneaux" et consorts et vous vous dites que, pour avoir du succès, il faut écrire forcément des sagas pour que les lecteurs d'un premier livre se plongent dans le second, puis le troisième, puis...
Oui, mais voilà, cette tactique souffre de deux défauts pour un écrivain amateur. Déjà, se lancer dans une saga lorsque l'on a encore aucun entraînement en matière d'écriture serait comme espérer remporter un marathon sans jamais avoir marché plus d'un kilomètre d'affilée, une pure hérésie. De plus, quand bien même vous auriez le don inné de réussir du premier coup à enchaîner opus sur opus, reste le fait qu'un auteur inconnu n'attire ni les éditeurs ni les lecteurs. Aussi, vous avez beau avoir écrit une saga d'enfer, rien ne dit qu'un éditeur va prendre le risque de la publier, et encore moins que les lecteurs vont s'y intéresser.
Mais, comme les conseils ne sont que des conseils, et qu'il y a toujours des contre-exemples, je ne vous découragerai pas de vous lancer dans le grand bain quitte à vous y noyer.
Pour autant, il serait tout de même bon de raison garder et de se dire qu'avant de faire un grand voyage, il est déjà bon de visiter les environs. Aussi, le meilleur conseil que je pourrais donner à quelqu'un qui voudrait se lancer dans l'écriture, serait de débuter par de courtes nouvelles.
En effet, les courtes nouvelles offrent de nombreux avantages. D'une, elles sont forcément plus rapides à écrire, du coup, vous obtenez le plaisir et la satisfaction plus rapidement. Elles vous apprennent à être concis mais également à diriger correctement une histoire. Elles sont comme le footing du matin, elles décrassent votre prose et l'entretient. Elles offrent également la possibilité de s'essayer à divers genres. Vous pourrez ainsi, sur quelques pages, vous confronter à de la science fiction, des nouvelles d'horreur, du policier, de l'humour. Elles permettent également de tester des personnages, des styles d'écritures, des descriptions...
Bref, la nouvelle est un très bon entraînement qui permet de se jauger et de se perfectionner.
Mais ce n'est pas parce que vous excellez dans la nouvelle que vous allez avoir autant de facilités dans le roman. En effet, les deux exercices sont aussi éloignés qu'un 110 mètres haies et un marathon.
Si la nouvelle peut se contenter d'une histoire un peu faible du moment que la chute soit bonne, le roman, au contraire, doit avoir pour qualité première, la construction de sa trame même si c'est au détriment du final (les polars modernes pêchent bien souvent par leurs fins qui peinent à être à hauteur du reste du roman). Tout ce qui est effleuré dans une nouvelle doit être approfondi dans un roman et ce n'est pas toujours évident de passer de l'une à l'autre d'autant que le plaisir n'est plus immédiat. Car, si vous pouviez écrire une nouvelle dans la journée, pour un roman, c'est une autre paire de manches et vous y passerez plusieurs mois et, pour certains, plusieurs années.
Du coup, si la déception d'une mauvaise nouvelle n'est pas trop déprimante, du fait des quelques heures perdues, celle d'un mauvais roman peut devenir une claque insurmontable. Les critiques sont alors d'autant plus difficiles à accepter que vous confondez investissement de temps avec qualité littéraire.
Mauvaise nouvelle, votre nouvelle est mauvaise, peu importe, elle ne vous aura pris que quelques heures de votre temps. Il ne faut pas en faire un roman mais votre roman n'est ni fait ni à faire, c'est déprimant vu que vous y avez passé un an.
Consacrez donc votre début de carrière à la nouvelle. N'hésitez pas à diversifier les genres, les styles, les personnages, les descriptions, les temps de narration, à tester des choses. Prenez en considération les critiques que vous pouvez obtenir afin d'améliorer vos écrits et, lorsque vous vous sentirez prêt, alors, lancez-vous dans le roman. Mais alors se posera la question de "Quand écrire ?" et "Quelle histoire écrire ?".
Normalement, les deux questions trouveront la réponse en même temps, au moment de l'inspiration.
Effectivement, il n'est pas rare, sur Internet, de voir des gens (des adolescents, principalement) qui clâment vouloir écrire (surtout une saga en 17 volumes pour avoir du succès et devenir riches et célèbres) mais qui n'ont jamais écrit et ne savent pas quoi écrire. Alors, on les voit errer de forums en forums en suppliant les autres internautes de leur donner des idées.
A moins d'être un écrivain aguerri capable de produire de la prose sur commande et sur les idées des autres (comme les nègres, par exemple), il y a peu de chances que vous soyez capable de tenir la distance d'un roman sur l'idée d'une autre personne, à moins que celle-ci vous connaisse bien et qu'elle s'inspire de vos goûts pour faire ses propositions.
Dans tous les cas, pour espérer mettre un point final à un roman, il vaut mieux être motivé et avoir de l'inspiration et cela ne se commande pas, surtout auprès d'autrui.
En clair, le signal de départ sera donné, bien souvent, par votre propre cerveau.
Un roman se mûrit déjà dans votre crâne avant de croître sur papier ou sur l'écran de votre ordinateur. Il est un peu utopiste de penser qu'il suffit que quelqu'un vous jette en pâture une bribe d'idée pour que vous soyez à même d'en faire toute une oeuvre.
Non ! Généralement, au début, l'idée doit venir de vous et, si ce n'est pas le cas, alors, il vous faut la laisser germer dans un coin de votre cerveau jusqu'à ce que cette idée se développe suffisamment pour que vous puissiez vous l'approprier.
Il n'est pas rare que l'esquisse née dans votre crâne finisse par l'envahir totalement jusqu'à devenir une obsession. Cette hantise maladive peut alors occuper vos journées et vos nuits jusqu'à en devenir nuisible et perturbante. C'est alors le meilleur moment de la coucher sur papier. Dans ce cas, vous ferez d'une pierre deux coups, vous vous débarrasserez de cette monomanie et vous parviendrez probablement à vos fins.
C'est parce que Mel Gibson était hanté chaque nuit par les images de "Braveheart" qu'il finit par faire le film pour se vider l'esprit. C'est parce que j'étais hanté chaque nuit pendant des mois par un film qui se tournait dans mon cerveau que j'ai fini par en écrire le scénario. Dans les deux cas, la motivation et l'inspiration sont suffisantes pour allez au bout et, en plus, une fois terminé, on peut passer à autre chose.
Après tous ces conseils vous avez trouvé l'idée qui vous donne envie d'écrire et vous l'avez laissée mûrir suffisamment pour avoir en tête le squelette de l'histoire. Très bien, il est temps de passer à la phase de l'écriture. On en reparle ?