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Loto Édition
24 février 2013

La onzième plaie

onzieme_plaie« La onzième plaie » est le premier roman d'un jeune auteur, Aurélien Molas. Quand je dis jeune, il faut savoir que l'écrivain est né en octobre 1985 et que son roman a été publié en février 2010. Aurélien avait donc 24 ans et demi à l'époque, mais, en considérant qu'il faut plus d'un an entre le moment où un tapuscrit est proposé à un éditeur et le moment de la sortie du livre et, qu'il faut aussi compter le temps d'écriture, Aurélien Molas avait probablement entre 22 et 23 ans quand il a entamé l'écriture de son roman.

Autant le dire tout de suite, pour un auteur de cet âge, le rendu est très prometteur quant à la suite de sa carrière.

 

La onzième plaie : Ils sont tombés sur quelque chose qui les dépasse. Qu'ils n'auraient pas dû découvrir...

Dans un Paris survolté, où la violence éclate à chaque carrefour, des équipes de flics sans attaches, en proie à leurs propres démons, s'engagent avec l'énergie du désespoir dans une croisade sans merci.

 

Avec une quatrième de couverture assez évasive et une couverture, à mon sens, totalement ratée, difficile de comprendre le parti pris de l'éditeur pour vendre le premier roman d'Aurélien Molas.

À vrai dire, si je m'étais contenté du visuel, je n'aurais jamais jeté un œil à ce livre. Heureusement, Internet est là pour obtenir des critiques de lecteurs et ce sont celles-ci, pour beaucoup très bonnes, qui m'ont encouragé à m'intéresser à cet ouvrage et de poursuivre ma découverte d'auteurs de polars français.

Grand bien m'en a pris puisque j'ai adoré cette lecture malgré certains choix de l'auteur qui entrent dans les « clichés » que je dénonce souvent dans le monde du polar.

Tout d'abord, même si ce n'est pas précisé dans la présentation du livre, l'enquête mise en place par l'auteur tourne autour de la pédophilie, un sujet à la fois glauque et casse-gueule, puisque le risque de sombrer dans le voyeurisme ou dans la surenchère est toujours présent.

Un tel choix est assez étonnant de la part d'un si jeune auteur, mais cela démontre une certaine ambition.

aurelien-molas_828825_460x306Aurélien Molas décide de placer son enquête et ses enquêteurs au centre d'une France à feu et à sang. La situation sociale est devenue catastrophique et le peuple se retrouve dans la rue pour manifester violemment, entrainant avec lui les simples casseurs présents uniquement dans le but de brûler et piller.

Les policiers sont sur les nerfs, la moindre bavure peut faire tout exploser d'autant que l'image des forces de l'ordre est grandement écornée par une affaire sordide dans laquelle le Commissaire Maxime Kolbe est accusé d'avoir livré à la vindicte populaire un présumé pédophile. Résultat, la populace a fait brûler la maison du suspect. Malheureusement, la femme et le jeune fils de l'accusé se trouvaient dans la baraque à ce moment-là et sont morts dans les flammes.

Alors que Kolbe doit passer devant les juges, son bras droit, le Capitaine Alain Broissard qui a décidé de s'enfuir est appelé sur un cargo dans les cales duquel a été retrouvé un carton contenant des DVD suspects se révélant contenir des films pédophiles.

De son côté, à Paris, le Lieutenant Léopold Appoline, spécialisé dans la traque informatique, prend connaissance de la diffusion d'un nouveau film pédophile dont il va chercher le diffuseur.

Paris, toujours, la jeune fliquette Blandine Ponthin est appelée par son supérieur, le commissaire Riilk, pour l'assister sur un double suicide dans le métro, Porte des Lilas.

Blandine conteste secrètement la version de son supérieur qui se dit pourtant témoin oculaire du suicide. Elle penche pour un double meurtre.

Léopold combat ses troubles du sommeil pour se plonger dans la recherche du diffuseur du film « Neverland » dans lequel le visage de l'une des gamines violées réveille en lui de vieux souvenirs troublants.

Alain décide de repousser sa fuite pour trouver les responsables des films gravés sur les DVD.

Trois enquêteurs, trois enquêtes, trois façons d'agir. Entre brutalité et indics, pour l'un, immersion sur les forums pédophiles pour l'autre, et une enquête angoissante pour la troisième, le lecteur sera chahuté entre les trois points de vue tout comme les enquêteurs le seront par leurs hiérarchies, par la population vindicative, par la justice, par l'écœurement des pratiques de ces acteurs et cinéastes pervers.

On pourrait se demander la raison qui a poussé l'auteur à inscrire les enquêtes dans une France révoltée, peut-être est-ce pour mettre le lecteur dans le même état d'esprit que les enquêteurs ou l'inverse. Révolté, le lecteur le sera par le sujet, même si Aurélien Molas évite la surenchère et le glauque à tout prix.

Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, à cause des trois enquêtes qui sont menées de front et du nombre de protagonistes, une fois les personnages et les situations mis en place, je n'ai pas pu lâcher le bouquin jusqu'à la dernière page (en fait si, j'ai bien été obligé, car, vu le nombre de pages, je n'ai pas pu le lire d'une traite, mais j'ai perdu quelques heures de sommeil que j'ai préféré investir dans cette lecture).

Alors, bien sûr, les personnages ne sont pas tous très originaux et les partis pris sont parfois contestables. Certes, on comprend bien vite que les trois enquêtes vont se rejoindre. Évidemment, on peut reprocher la révélation finale, bien qu'elle ne soit pas totalement manichéenne. Mais, il faut reconnaitre que l'auteur a su gérer ses enquêtes et ses personnages afin de distiller au mieux le plaisir de lecture et le côté haletant de l'histoire.

Avec des chapitres courts alternant les points de vue des enquêteurs, abandonnant l'un dans une situation périlleuse, pour s'intéresser à l'autre et finir par le délaisser dans une position chaotique pour revenir au troisième, puis au premier, dans les mêmes conditions, Aurélien Molas entretient l'envie du lecteur de poursuivre sa lecture sans faillir.

Et le lecteur n'a plus d'autre choix que de tourner page après page jusqu'à arriver à l'ultime et connaître le fin mot de l'histoire.

Comme je le disais, l'auteur n'évite pas les clichés et l'on se retrouve encore avec des flics au bout du rouleau, proches du gouffre, bousculés par la vie et les affres de leur profession. Effectivement, Aurélien Molas délaisse quelque peu ses personnages principaux qui ne sont décrits que dans le cadre de leur profession ou presque, mais c'est avant tout ce que l'on demande à ce genre d'ouvrage et je serais mal placé de me plaindre de ce parti pris alors que je me suis déjà plains de l'inverse dans un autre roman.

Pourtant, force est de constater l'efficacité du style et de la narration qui emporte le lecteur de la première à la dernière page.

Avec une histoire glauque menée sur un triple front, des rebondissements nombreux, de l'action, de la tension et des révélations, Aurélien Molas réussit, pour un premier roman, un polar haletant qui ravira les passionnés du genre.

Depuis, le deuxième roman de l'auteur est sorti, « Les fantômes du Delta », un projet apparemment ambitieux puisque Aurélien Molas s'intéresse à la Guérilla au Nigéria.

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