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Loto Édition
1 septembre 2013

Le Cercle

le-cercle-bernard-minierOn prend les mêmes et on recommence, c'est à peu près l'adage qu'a du suivre Bernard Minier pour écrire « Le Cercle », puisque son second roman reprend les principaux protagonistes de son premier dont, notamment, le héros, Martin Servaz, flic de Toulouse.

Le Cercle : Un coup de fil surgi du passé, un e-mail énigmatique, qui signe peut-être le retour du plus retors des serial-killers, pré­ci­pi­tent le com­man­dant Martin Servaz dans une enquête dan­ge­reuse, la plus per­son­nelle de sa vie.

Un pro­fes­seur de civi­li­sa­tion anti­que assas­siné, un éleveur de chiens dévoré par ses ani­maux… Pourquoi la mort s’acharne-t-elle sur Marsac, petite ville uni­ver­si­taire du Sud-Ouest, et son cercle d’étudiants réu­nis­sant l’élite de la région ?
Confronté à un uni­vers ter­ri­fiant de per­ver­sité, Servaz va rouvrir d’ancien­nes et ter­ri­bles bles­su­res et faire l’appren­tis­sage de la peur, pour lui-même comme pour les siens.

Après le succès de « Glacé », déjà tra­duit dans de nom­breux pays, Bernard Minier, le maître des atmo­sphè­res som­bres et oppres­san­tes, nous entraîne dans une nou­velle intri­gue à couper le souffle, qui renou­velle les lois du genre.

Bernard Minier nous avait préparé à une suite avec la fin un peu obsolète de son premier roman, « Glacé » et l'on comprend bien qu'il n'avait pas envie d'abandonner si vite ses personnages.

Pour l'occasion, l'auteur nous permet d'en apprendre plus sur son policier de héros, Martin Servaz, au travers ce meurtre d'une prof du Lycée de Marsac dans lequel il a étudié et dans lequel sa fille, Margot, étudie. De plus, le principal suspect du meurtre n'est autre que le fils de l'amour de jeunesse du flic, Marianne et c'est d'ailleurs elle qui lui demande d'enquêter.

Mais, quand on est obligé de replonger dans un passé que l'on a cherché à oublier, qu'un tueur en série en cavale vous contacte via votre mail, que votre fille a la fâcheuse tendance à se foutre dans les emmerdes et tout se mêle et s'entremêle, difficile de mener à bien toutes ses missions.

Tout d'abord, il est important de signaler que s'il n'est pas nécessaire d'avoir lu « Glacé », pour lire « Le Cercle », les allusions à la première enquête sont tellement nombreuses qu'il est tout de même préférable de les lire dans l'ordre.

201210141001Mais qui a bien pu tuer la prof ? Le suspect est trop idéal pour être le coupable, mais serait-il possible que Hirtmann, le tueur sadique en cavale depuis « Glacé », soit de retour et se joue de Servaz ? Et si Hirtmann cherche à se venger de Servaz, se pourrait-il qu'il s'en prenne à Margot ou à Marianne ?

Bref, Servaz va devoir gérer sa paranoïa pour faire avancer son enquête tout en s'assurant de la sécurité des femmes qu'il aime.

Bernard Minier fait donc vivre une nouvelle aventure à son policier. Pour ce faire, il rappelle Espérandieu, l'ami et bras droit de Servaz, la fliquette Samira Cheung, la gendarme Irène Ziegler, laisse planer l'ombre de Hirtmann et poursuit les expérimentations scripturales qu'il avait entamées dans « Glacé ».

Malheureusement, tout ce qui passait dans le premier roman, de par l'innocence de la plume et sans doute par le manque de calcul, a du mal à glisser aussi bien maintenant que ces particularités deviennent plus calculées qu'intuitives.

Ainsi, la volonté de couper les séquences en pleine action pour passer à une autre et revenir à la précédente afin de dynamiser la lecture et obliger le lecteur à garder le livre ouvert, est à présent un peu indigeste, du moins plus visible que précédemment.

De même, l'habitude de citer chaque morceau de musique qu'écoutent Espérandieu, Samira ou Margot, finit par agacer là où, dans « Glacé », cela pouvait apporter un côté didactique et une dimension « ePub enrichi » en vous incitant à écouter le même morceau durant la lecture.

Tout cela confère un côté un peu factice et préfabriqué à l'ensemble qui empêche de trembler et de souffrir autant avec Martin Servaz qu'on avait pu le faire dans sa première enquête.

Si l'on ajoute à cela le procédé maintes fois utilisé d'alterner, avec les séquences de l'enquête, des séquences qui semblent n'avoir rien à faire avec celles-ci, mais qui va se révéler, au final, très importante, on comprendra que « Le Cercle » n'a pas le même potentiel de fluidité de lecture que « Glacé ».

Pour autant, il faut reconnaître à Bernard Minier un indéniable talent dans l'écriture de romans à suspens. Ses personnages sont toujours intéressants et originaux, mais, comme dans « Glacé », ils sont tous vampirisés par l'aura de Martin Servaz qui attire toute l'attention et toute la lumière de la part de l'auteur et du lecteur.

S'il avait malmené physiquement son héros lors de son premier roman, dans celui-ci, l'auteur s'attache à le malmener mentalement. Servaz est confronté à la femme qu'il a aimée comme un fou étant jeune et qu'il a eu tant de mal à oublier après que celle-ci l'ait trahi en se jetant dans les bras de son meilleur ami. Pire, les sentiments renaissent de leurs cendres et Marianne fait tout pour enflammer à nouveau le cœur du policier alors que celui-ci s'attache à innocenter le fils de celle-ci. Dans le même temps, un politicien très en vue s'avère être l'amant de la victime, autant dire que la pression sur les épaules du policier se fait sentir. Quand il reçoit un mail de la part de Hirtmann, le tueur sadique en cavale de « Glacé », Servaz commence à craindre pour lui, mais surtout pour sa fille. Entre pression, craintes et paranoïa, Martin va devoir s'appuyer sur ses amis, Espérandieu, Samira et Irène Ziegler pour mener à bien cette enquête dont toutes les pistes n'aboutissent nulle part.

Si le style est moins agréable, car plus calculé que dans « Glacé », le scénario, s'il ne révolutionne pas le genre, tient tout de même le lecteur en haleine et, si on passe sur l'aspect un peu factice de la narration, « Le Cercle » s'avère être un très bon roman policier.

Tout comme dans son premier roman, Bernard Minier ne se contente pas de l'enquête et offre un épilogue ouvert laissant présager une suite à son histoire.

Au final, si « Le Cercle » n'est pas un mauvais roman, il en est même un bon, l'auteur laisse malheureusement un peu trop voir ses tics d'écriture et l'aspect factice d'une construction et d'une narration dont l'ambition est de faire de ses romans des « Page turner » (terme anglo-saxon désignant des romans à suspens dont on ne peut plus interrompre la lecture tant on veut connaitre la suite de l'histoire) pour que la lecture soit réellement fluide et haletante et que le roman se hisse au rang des meilleurs ouvrages du genre. Espérons que l'auteur ne fasse pas encore de surenchère dans son prochain.

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