Graine de courge
Graine de courge : J'aurais pas dû accepter. Rien qu'à les voir, « Lu » et « Zé », ces deux estrasses décaties en ténors du grand banditisme marseillais et Bouboule, dit « graine de courge », la terreur des boulangeries des quartiers sud... Mais j'avais pas prévu avec Tête d'œuf comme directeur de banque, avec Sultan, son doberman cyclothymique et avec Stravinsky, l'Ukrainien aussi convivial qu'un congélateur modèle familial... Rien que des tronches de poulpe. Cheudeucon, braquer une banque ! J'aurais mieux fait de rester tranquille chez moi. Mais à Marseille, quand tu habites chemin du mauvais Pas, faut pas s'étonner si tu t'embronches.
Philippe Carrese est un touche-à-tout : illustrateur, réalisateur, chroniqueur de presse, né à Marseille en 1956 d'une famille napolitaine.
Philippe Carrese est donc marseillais et cela se sent et se ressent dans ses personnages et son écriture.
« Graine de courge » est l'histoire d'une équipe de bras cassés (avec certains bras cassés encore plus cassés que les autres) qui sont embauchés pour braquer une banque.
Dans la bande, Bouboule, un jeune qui ne pense qu'à bouffer et qui tente de braquer une station-service avec un pistolet qu'il a monté lui-même à partir d'une maquette, mais dont les morceaux se décollent. Lu', le vieil oncle de Bouboule et Zé, la gloire du quartier qui est censé avoir participé au « casse du siècle » avec Spaggiari.
Comme le dernier pied nickelé devant servir de chauffeur est indisponible, Bouboule propose le job à Titounet, un employé de la station-service. L'affaire devant se dérouler sans accrocs, Titounet accepte pour l'argent.
Lu', chargé de trouver un véhicule se pointe avec son camping-car, c'est le début d'une série de problèmes qui va s'abattre sur la bande.
Entre un braquage qui tourne mal, le commanditaire qui décide d'éliminer chacun d'eux, un ancien légionnaire qui cherche à venger la mort de la seule femme qu'il ait aimée, et bien d'autres encore, l'affaire va très vite se corser pour la bande.
Philippe Carrese s'amuse et nous amuse malgré ce qu'il fait subir à ses personnages. Le lecteur ne peut s'empêcher de prendre l'accent marseillais en lisant ce roman, ce qui renforce et la sympathie que l'on peut éprouver pour ces bras cassés et l'immersion dans la cité phocéenne.
Bouboule et Titounet deviennent vite les personnages principaux de cette mésaventure. Aussi opposés soient-ils (l'un ne pense qu'à manger, est bête à manger du foin, justement, l'autre est plus réfléchi et œuvre pour le bien de sa sœur). Le lecteur entre vite en empathie avec Titounet, un jeune homme apparemment honnête à qui il n'arrive que des crasses. Sa mère est en tôle pour avoir tué son mari, sa sœur est belle comme une déesse, mais tellement naïve et désireuse de devenir une star qu'elle finit à poil sur des affiches de sites minitels porno...
Au final, « Graine de Courge » est un livre rafraichissant, drôle, un voyage dans les rues de Marseille qui vous donne le sourire.