Le crayon et la kalachnikov
Le combat semble perdu d'avance et la balance devrait pencher vers la kalachnikov, mais, quels que soient les extrémistes, dans quelques pays que ce soit, quels que soient les massacres et quelles que soient les victimes, la plume, le stylo, le crayon, le feutre, le clavier, sortira toujours vainqueur du combat contre la folie, l'extrémisme, la violence, la dictature...
La barbarie n'a pas de limite, la lâcheté non plus. Attaquer des hommes et des femmes armés d'un stylo ou d'un crayon à l'aide de kalachnikov en dit long sur la lâcheté de certains hommes et sur leur manque de confiance en un Dieu (quel qu'il soit) pour lequel ils disent combattre.
Je suis athée, mais, si je ne crois en aucun être supérieur, il me semble évident que si tel n'était pas le cas, je considèrerais cet être à ce point supérieur qu'il ne craindrait pas le rire, la satire, voire même la contradiction.
Pour croire qu'il faille user d'une arme à feu, assassiner des gens, pour le défendre, c'est penser que cet être est faible.
Ainsi, ceux qui utilisent la force contre la plume ne font qu'affaiblir celui pour qui ils disent combattre.
Heureusement, la majorité des croyants, quelle que soit la religion, ont assez confiance en leur dieu pour ne pas sombrer dans la barbarie.
Malheureusement, pour une poignée d'abrutis ignorants, une partie de la population risque d'être montrée du doigt, si ce n'est pire.
La nouvelle de l'attentat à Charlie Hebdo m'a quelque peu assommé. Non pas que je sois un fervent lecteur du journal, non pas même que je fus toujours d'accord avec les décisions et les Unes du journal, mais outre l'odieuse attaque contre la liberté d'expression, outre la mort d'êtres humains qui n'ont eu d'autres torts que de chercher à faire rire, faire réfléchir et parfois dénoncer, c'est la disparition dans des conditions terribles de personnages comme Cabu ou Wolinski, des dessinateurs qui ont, non seulement contribué à la culture et à l'humour de ces dernières décennies, mais également, bercés mon enfance par leurs dessins, qui me touche profondément.
Cabu, tout particulièrement, puisque son visage est associé à ma tendre jeunesse au travers de sa participation au « Club Dorothée » ou « Récré A2 », mais également dans « Droit de Réponse » présenté par le regretté Michel Polac.
Les réactions à cet attentat sont nombreuses et proviennent du monde entier. Pour l'instant, ces démarches sont désintéressées même si déjà certains tentent de récupérer l'évènement, mais il est à craindre que cette retenue ne dure pas très longtemps et que le malheur soit vite politisé.
Les réactions des anonymes sont également à féliciter, quand il s'agit de manifester leur peine, mais aussi à craindre, comme les attaques contre des mosquées, ce matin.
Dans tous les cas, la kalachnikov ne parviendra jamais à faire taire la plume et il y aura toujours des journalistes, des caricaturistes, des dessinateurs, des écrivains pour continuer à faire leur travail et à combattre pour la liberté d'expression.
Puisque les réactions ont été très nombreuses, il m'est inutile de m'étendre plus longtemps sur le sujet, mais je tenais à dire ces quelques mots écrits d'un doigt d'honneur trempé dans l'encre à la lâcheté sanglante d'hier.
À Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, et toutes les victimes de la barbarie d'hier, d'antan et à venir.