A.D.G.
A.D.G., alias Alain Dreux Gallou, alias Alain Camille, alias Alain Fournier (pas celui qui a écrit « Le grand Meaulne ») était un écrivain français de romans policiers.
Auteur important de la « série noire » de Gallimard et l'un des initiateurs du renouveau du polar, il est un cas à part et dans ces catégories et dans ma liste d'auteurs préférés.
La raison en est simple, là où la plupart des auteurs de la série noire et la quasi-majorité des mes auteurs favoris, ont une conscience de gauche, A.D.G. a une sensibilité très à droite, trop à droite. Mais il faut savoir faire la part entre l'homme et l'artiste et il faut reconnaître à cet écrivain qu'il avait une fort belle plume.
A.D.G. est né Alain Fournier, de parents de gauche dont il ne goûte guère l'humour de lui avoir donné ce prénom qui en fait un homonyme parfait de l'auteur de « Le grand Meaulne ».
À douze ans, il quitte le système scolaire avec un B.E.P.C. (comme quoi il n'y a pas besoin de faire de hautes études pour savoir écrire) et transite par différents emplois avant de se lancer dans l'écriture.
Ne pouvant utiliser son vrai nom pour signer ses livres, il décide d'emprunter les noms de ses grands-parents et se fait appeler Alain Dreux Gallou. De là, en découlera son pseudo le plus connu : A.D.G.
Si les idées politiques d'A.D.G. transparaissent dans ses romans, elles sont souvent suffisamment estompées pour ne pas froisser le lecteur (voilà une réflexion que l'on aurait pas vis-à-vis d'un auteur comme J.P. Manchette qui avait des idées d'extrême gauche... comme quoi...)
A.D.G., à l'instar d'un J.B. Pouy ou d'un Frédéric Dard, aimait manier l'humour et une certaine gouaille argotique. Comme eux, il parsème ses écrits de jeux de mots ou d'assonances, comme eux, il adore les personnages gouailleurs, comme eux, enfin, il excelle dans le roman populaire, dans le roman de gare, dans des écrits courts.
L'auteur a ses personnages de prédilections dont, notamment, le journaliste Serge Djerbistkine alias « Machin », car son nom est trop difficile à prononcer (au passage je remercie A.D.G. pour cette idée que j'ai reprise dans « Marc-Antoine DECOME » avec mon personnage de « KêkeChoz » qui se nomme en réalité Damien Österreichischer Ben Abdalla), et son ami avocat, Pascal Delcroix.
Si les auteurs de gauche ont leurs obsessions (la police, l'armée, les nazis...), A.D.G. parsème également ses écrits de ses réflexions à l'encontre des étrangers, principalement.
Mais, passons sur ces quelques travers pour en revenir au talent de plume et au goût des mots.
Outre l'excellence de ses jeux de mots légèrement disséminés dans ses phrases, A.D.G. a aussi eu l'humour de produire sa propre version du « Grand Meaulne » de son homonyme en écrivant « Le Grand Môme », une version contemporaine de l'œuvre.
Tout comme Manchette, A.D.G. a été adapté au cinéma ou à la télévision comme pour :
- Quelques messieurs trop tranquilles (adaptation de « La nuit des grands chiens malades »)
- Le Grand Môme (adapté à la télévision du roman éponyme)
Dans la liste de ses ouvrages, j'ai une tendresse toute particulière pour son roman « Pour venger pépère » dans lequel on trouve ses deux personnages emblématiques, « Machin » et « Maître Delcroix » même si c'est principalement ce dernier qui est le héros malheureux de ce roman dans lequel sont grand-père est assassiné par un dangereux gauchiste lors d'un braquage de banque.
Bien que « politisé », ce roman nous livre également une part de grande tendresse pour son personnage ravagé par l'assassinat de son grand-père et qui sera prêt à tout pour le venger, d'où le titre.
A.D.G. malgré ses oppositions de pensées avec ses confrères a, malheureusement, respecté leur coutume morbide de mourir bien trop jeune (57 ans) tout comme J.P. Manchette (53 ans), Thierry Jonquet (55 ans)...
A.D.G. est donc un auteur à découvrir pour ceux et celles qui ne le connaîtraient pas encore. S'il n'y avait qu'un livre à lire de l'auteur, pour moi, sans hésitation, il s'agirait de « Pour venger pépère ».