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Loto Édition
15 avril 2018

Riquet m'a tuer

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Il est assez rare que je sois amené à chroniquer un ouvrage d’une personne que je connais... heureusement.

Déjà parce que je connais peu de monde (je suis un ours dans un monde de fourmis) et ensuite parce que, dans le microcosme dans lequel je gravite, rares sont les personnes, que je croise régulièrement, à écrire des romans... policiers...

Récemment, j’avais lu l’un des rares romans policiers d’un auteur de ma région connu principalement pour ses ouvrages terroirs et historiques. L’expérience avait été plutôt concluante puisque, hormis quelques broutilles, j’avais beaucoup aimé son livre (que je recommande, d’ailleurs : « Le pilier assassiné » de Gérard Raynal).

Mais, aujourd’hui, la critique va être d’autant plus ardue que, en plus de croiser régulièrement l’auteur, je sais qu’il passe parfois sur ce blog.

Difficile critique puisque je souffre d’une pathologie qui est pour beaucoup dans mon asociabilité : je n’aime et ne sais user d’hypocrisie. Du coup, la franchise est de rigueur chez moi et cela me joue bien souvent des tours.

Riquet m’a tuer : L’ombre du grand Riquet hante encore le Canal du Midi. Elle lui survit au point qu’on pourrait lire auprès des cadavres abandonnés par le tueur… L’enquête confiée au lieutenant Xabata ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices : trois crimes perpétrés sur les berges du Canal du Midi entre Saint-Martin Lalande et Castelnaudary, en l’espace d’un mois. Dépassé, notre policier fait appel à une vieille connaissance : Fragoni, ex-privé à la retraite, qui s’offre un tout dernier baroud en se lançant sur les traces de l’assassin, flanqué de son fidèle chien, le flegmatique Watson. Fait des plus surprenants, l’ancien privé découvre qu’une même série de crimes a eu lieu à l’époque de Riquet, fondateur du Canal. Flora Zeller, jeune toulousaine docteur en Archéologie, spécialiste de cette période et dotée de pouvoirs étranges, est appelée à la rescousse. Fragoni la prend sous son aile. Ce duo, aussi détonant qu’insolite, se lance à la poursuite du tueur du canal...

Appréciant et connaissant a minima l’auteur, je commençais donc la lecture de ce roman avec un esprit critique exacerbé. De crainte d’être trop complaisant pour, inconsciemment, ne pas le heurter pour le cas où il serait amené à lire cette chronique, je me concentrais plus que de raison afin de ne rien laisser passer.

Trop concentré sur la forme, je risquais de passer sur le fond.

J’avançais pourtant dans ma lecture sans déplaisir. Très vite, j’en vins à une première conclusion : je ne trouvais rien à redire ni sur l’histoire ni sur le style. À partir du moment où j’avais fait ce constat, je me détendais et entrais de plain-pied dans le roman d’Yves Carchon : « Riquet m’a tuer ».

« Riquet m’a tuer » met en scène le détective Fragoni, ancien flic vieillissant. Le personnage apparaît dans deux romans précédents (« Maudit blues » et « Le testament des muses »). 

Même si le passé de Fragoni est évoqué, et notamment sa première rencontre avec Flora Zeller quand elle était encore une enfant, il n’est pas nécessaire d’avoir lu les précédents ouvrages pour comprendre et apprécier celui-ci.

Fragoni est sur la pente descendante, dans une semi-retraite, mais en phase de questionnement : a-t-il toujours le feu sacré ? Serait-il capable de résoudre encore des enquêtes ?

C’est dans ces moments d’introspection, alors qu’il est parti à la pêche le long du canal, que son chien, Watson, ramène de sa promenade une vieille boussole. Le détective demande au chien de lui montrer où il a trouvé l’objet : dans la main d’un joggeur mort...

Le défunt est la troisième victime d’un tueur en série qui abandonne des corps sur les bords du canal en laissant à leur côté, un objet. Une faux... une équerre... maintenant une boussole. 

Mais le détective décide de conserver la boussole sans en informer son ami policier Xabata qui est chargé de l’affaire afin d’avoir une longueur d’avance.

La boussole va le mener à rencontrer une archéologue, Flora, passionnée de Riquet, le fondateur du canal. Le hasard fait que Fragoni a connu Flora quand elle était gamine. Mais cette rencontre est-elle vraiment due au hasard ?

Ce roman policier met en place tous les ingrédients d’un bon roman policier à ambiance (qui ne sont pas forcément les mêmes que pour un « Thriller ») : de bons personnages, une intrigue qui tient la route, une certaine ambiance et une plume alerte.

Mais, si Yves Carchon s’appuie sur des faits réels (la construction du canal du midi) et apporte quelques éléments historiques pour étoffer son histoire, il ne sombre pas dans le piège de vouloir se montrer trop érudit et de noyer son lecteur sous des informations, certes, intéressantes, mais qui, ajoutées les unes aux autres, ralentiraient le rythme, au risque de faire sortir le lecteur de l’histoire.

Maintenant, puisque je ne puis être dithyrambique, je ne le suis jamais, j’aurais trois bémols à apporter.

Le premier, un détail, mais il est peu crédible que Fragoni ne comprenne pas immédiatement le message caché à partir du moment où il en a compris le principe. Effectivement, à partir de là, pas besoin de réfléchir pour percuter sur l’instant. Le lecteur le fait, mais pas le détective qui doit y revenir plus tard...

Second bémol, mais il n’est question, là, que d’un goût personnel, le parti pris surnaturel, paranormal, qui intervient, notamment, par les visions de Flora...

Troisième bémol : Watson est trop peu présent. J’aurais aimé qu’il participe un peu plus à l’histoire, d’une manière ou d’une autre.

Enfin, si je devais ajouter une critique supplémentaire, elle serait, celle-là, indépendante du roman, lui-même, et de l’auteur. Le livre numérique est diffusé avec un tatouage numérique. Je n’ai pas percuté quand je l’ai acheté, ni même avant de l’installer sur ma liseuse et de commencer à le lire, du coup, j’ai été gêné par le tatouage qui, selon moi, a une légère tendance à faire sortir de sa lecture. C’est d’autant plus bête que le tatouage ne sert strictement à rien puisqu’il suffit de moins d’une minute pour le supprimer manuellement en rentrant dans le code.

Au final, un bon moment de lecture, une agréable promenade le long du canal du midi, en compagnie d’un détective vieillissant, mais non moins intéressant.

 

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