Le fantôme noir
12e aventure (dans l'édition originale issue de la collection « Le petit roman policier » des éditions Ferenczi à la fin des années 1930) de Robert Lacelles, le gentleman-cambrioleur au grand cœur né de la plume de Claude Ascain, alias Henry Musnik, un pilier de la littérature populaire de la première moitié du XXe siècle.
Pour en savoir plus sur Claude Ascain, je vous invite à lire mes autres chroniques ou à faire des recherches sur Internet.
Pour en savoir plus sur Robert Lacelles, on peut dire que c’est un clone un peu plus moderne (à peine) d’Arsène Lupin.
LE FANTÔME NOIR : Le fantôme noir du prieuré de Graude existe, Jacques Delmont en est sûr, il l’a vu, mieux, il l’a imprimé sur pellicule en prenant un cliché d’un couple d’amis, près du couvent. Mais le spectre n’apparaîtrait que pour désigner une personne qui va bientôt mourir. Aussi, quand l’homme photographié périt au volant de sa voiture, tout semble présager que la superstition n’en est pas une. Témoin de l’accident par un malencontreux hasard, Robert LACELLES ne va pas résister à la curiosité de confronter son esprit cartésien à la légende du « fantôme noir ».
Alors qu’il est en balade en voiture, Robert Lacelles décide de faire un petit détour pour voir son ami Vauxier. Sur la petite route le conduisant au château de ce dernier (oui, Robert Lacelles a des amis fortunés, c’est le moins pour un gentleman-cambrioleur), il est doublé par une voiture qui roule à tombeau ouvert. Quelques lacets plus loin, un paysan l’arrête, car il vient d’y avoir un accident. La fameuse voiture a loupé un virage, le chauffeur est mort. Robert Lacelles apprend du paysan que le défunt logeait au château de Vauxier et décide donc d’amener le corps là-bas.
Sur place, il apprend que la veille, Vauxier et des amis sont allés se promener au prieuré de Graude, réputé pour son fantôme noir dont l’apparition signerait la mort de celui à qui il apparaît. Delmont, un autre ami de Vauxier, y aurait fait une photo du chauffeur décédé et sur la photo, on y distingue le fameux fantôme.
Mais Robert Lacelles a un esprit très cartésien et il ne croit pas aux fantômes, aussi, va-t-il faire en sorte de découvrir ce qui s’est réellement passé.
Petite aventure pour Robert Lacelles dans laquelle, une fois n’est pas coutume, le cambrioleur ne cambriole pas, mais se contente de rendre la justice.
Petite aventure, car, comme les autres de la série, elle a été éditée, en tout premier lieu, dans une collection de fascicules de 32 pages (« Le Petit Roman Policier », aux éditions Ferenczi, à la fin des années 1930). L’histoire ne s’étale guère sur 9000 mots, une taille insuffisante pour poser une intrigue haletante et des personnages recherchés. Ce n’est donc pas ce que l’on attend quand on entame la lecture d’un tel texte. Non, ce que l’on en attend, c’est un court et bon moment de lecture pour une fringale littéraire ou quand on n’a pas beaucoup de temps à consacrer à sa lecture et que l’on ne veut pas rester en suspens dans une histoire en cours.
Les aventures de Robert Lacelles remplissent correctement leurs offices sans pour autant révolutionner le genre. Il faut avouer que le format court, notamment celui des fascicules 32 pages qui dépassaient rarement les 10 000 mots, est un format contraignant qui permet difficilement de briller. Beaucoup d’auteurs, mêmes des réputés, s’y sont essayés, beaucoup ont échoués, quelques-uns s’en sont sortis sans heurts et très peu sont parvenus à exceller.
Claude Ascain, lui, sans atteindre les sommets de la série de même taille, « Odilon Quentin » de Charles Richebourg, parvient tout de même à tenir la barre et à proposer un court roman agréable à lire et fluide (ce qu’il n’était pas parvenu à faire sous un autre pseudonyme, Florent Manuel, et avec un autre personnage, Yves Michelot).
Au final, un texte idéal pour une courte lecture qui sans vous laisser béât d’admiration, vous fera passer un bon petit moment.