Deux gouttes de sang
Nick Carter est un personnage littéraire central de la littérature populaire américaine, mais également de la littérature populaire française puisque son succès outre-Atlantique puis, par l’intermédiaire de traductions, en Europe, a fait naître tout un pan de littérature policière : la littérature fasciculaire.
Parmi les centaines (milliers ?) d’épisodes qui pullulèrent sur des décennies aux É.-U. et les quelques centaines qui furent édités en France via les Éditions Eichler, puis, Sobelli, j’ai aujourd’hui choisi de vous parler de l’épisode n° 158 de la série II : « Deux gouttes de sang ».
DEUX GOUTTES DE SANG :
Un riche New-Yorkais disparaît de sa chambre mystérieusement.
Sa jeune sœur fait passer une annonce dans le journal offrant une prime généreuse à qui retrouverait son frère.
Quand le chef de la sûreté new-yorkaise demande au célèbre détective Nick CARTER de s’occuper de l’affaire, ce dernier refuse de crainte que son action soit entravée par les enquêteurs en herbe attirés par la récompense.
Nick CARTER finit par accepter d’autant qu’il soupçonne que l’enlèvement soit le fait de criminels redoutables…
Nick Carter est un redoutable détective américain qui a vécu des centaines et des centaines d’aventures, aux É.-U., à la fin des années 1800 et au début des années 1900, puis, via des rééditions et des adaptations, a passionné des lecteurs, des auditeurs de pièces radiophoniques et même des spectateurs de cinéma pendant encore des décennies et des décennies.
Cette fois, Nick Carter va avoir affaire à une mystérieuse bande de criminels qui enlèvent des riches hommes pour les forcer à signer allégeance à leur gang et à leur verser de fortes sommes d’argent.
Aidé de son cousin Chick, Nick Carter va tout faire pour mettre la main sur toute la bande.
Parce que, suite à la disparition d’un riche homme, Nick Carter est le seul à constater que trois hommes sont entrés dans la chambre de celui-ci et qu’à partir de deux gouttes de sang, il devine qu’il va être confronté à une bande de criminels, le célèbre détective décide de se grimer comme le frère du disparu pour infiltrer le club de Tennis mondain dans lequel celui-ci avait l’habitude de se rendre, soupçonnant qu’il y trouvera l’un des kidnappeurs.
Sur place il fait la connaissance d’un individu louche et sait qu’il est sur la bonne piste.
Dans ma précédente lecture des aventures de Nick Carter, j’avais noté la piètre qualité de la traduction et notamment de quelques phrases assez lourdingue.
Le texte d’origine faisait partie du début de la première série de rééditions. Celui concerné par cette chronique fait lui, à l’origine, partie de la fin de la seconde série et ceci explique peut-être que la traduction soit meilleure.
Ainsi, si le texte ne fait pas montre d’une qualité littéraire extraordinaire, du moins, les approximations de traduction n’entravent-elles pas le plaisir de lecture.
Car, ce qui a fait le succès de la série, c’est avant tout le rythme et l’aventure. Et il faut avouer, même si j’étais réticent puisque je préfère lire des textes écrits en français plutôt que des textes traduits, que le rythme est présent et que ces courts romans (20 000 mots) remplissent leur office qui est d’offrir un simple plaisir de lecture immédiat qui, s’il ne laissera pas de souvenirs individuels (je ne pense pas qu’un lecteur usuel des aventures de Nick Carter puisse citer un titre qui l’ait marqué plus qu’un autre), laissera pourtant un plaisir général. En effet, on se souviendra de Nick Carter pour son personnage et son ambiance plus que pour telle ou telle enquête.
Aussi, quand on se lance dans la lecture d’un Nick Carter on fera fi du vocabulaire assez pauvre, des tournures de phrases soit basiques soit complexifiées par une traduction hasardeuse. De même, on pardonnera les facilités qui permettent au détective d’avancer dans son enquête soit grâce à des hasards bienheureux soit par des déductions magiques. On passera probablement (je le confirmerai ou l’infirmerai après plusieurs lectures) sur des structures similaires, des histoires similaires, des méchants récurrents ou bien calqués sur d’autres...
Oui, on excusera tout cela, car la lecture d’un Nick Carter n’a, comme beaucoup d’autres textes de la littérature populaire (mais pas tous, heureusement), d’autre but que d’être vite lu et d’offrir un plaisir immédiat.
C’est cette immédiateté qui fait que le travail éditorial de cette littérature est souvent bâclé, que le papier utilisé pour imprimer ses histoires est souvent de faible qualité, que le prix des fascicules est toujours bas...
Mais revenons-en à l’histoire de « Deux gouttes de sang ». Tout ou presque est dans le titre, car, à partir de deux gouttes de sang, Nick Carter parvient à anticiper l’affaire et à la résoudre avec son style habituel fait de courage, de sang-froid, d’intelligence, de force, de perspicacité, d’astuce et de chance.
Au final, un épisode qui se lit facilement et qui ne cherche pas à tromper son lecteur en offrant plus qu’il ne peut. Un bon moment de lecture et c’est déjà beaucoup.