L'angora meurtrier
Plongeons-nous toujours dans la cultissime collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi, une collection de courts titres « policier » variant (entre 10 000 et 17 000 mots) entre le fascicule 32 pages et le 48 pages de l’époque. Une collection « poreuse » puisque, bien souvent, les titres de cette collection pouvaient tout aussi bien intégrer des collections « aventures » ou « sentimentales ».
Dans les auteurs qui ont nourri cette collection, l’un est encore plus mystérieux que la plupart de ses confrères : H.-R. Woestyn.
La seule chose que l’on puisse noter sur l’écrivain, ce sont ses différents pseudonymes (Roger Nivès, Jacques Bellême, Jules France, Henri Sevin...)
Dans les nombreux titres que l’auteur a écrits pour cette collection, deux personnages reviennent de façon récurrente (mais pas systématiques) : le vieux détective américain Ned Burke et son jeune élève français Romain Farel.
Parfois l’un apparaît sans l’autre, d’autres fois c’est l’inverse.
Dans le titre qui nous intéresse aujourd’hui, les deux compères sont présents... mais très tardivement.
L’angora meurtrier : La jeune et belle Nanine et Fabrice, travaillent tous deux pour la baronne de Cherny et son promis à une union prochaine quand la vieille dame meurt subitement. Le fils de la défunte qui hérite du domaine familial est un homme dépravé qui n’a d’autre but dans la vie que de faire la fête et mettre dans son lit toutes les femmes qui lui plaisent. Quand le baron jette son dévolu sur Nanine, il cherche à se débarrasser de Fabrice sans se douter du drame qui va bientôt se jouer dans son château…
Voici encore un court titre (13 000 mots) qui mélange les genres et le moins que l’on puisse dire, c’est que le « policier » n’est pas le dominant de l’histoire, la preuve, l’apparition très tardive des deux détectives.
L’auteur s’évertue plus à mettre en place une intrigue sentimentale qui va poser les jalons du crime que de mettre en place une intrigue policière. D’ailleurs, cette dernière se résume à très peu de choses et même les détectives sont très peu utiles à la résoudre (tout est dans le titre et sur l’illustration de la couverture).
Pour autant, le texte se lit agréablement et rapidement pour peu que l’on apprécie quelque peu les bluettes à l’eau de rose de l’époque.
Au final, une histoire pas désagréable à lire, mais qui manque terriblement de « policier » d’autant que ce duo entre un vieux détective américain et son jeune élève français avait matière à produire quelque chose d’intéressant.