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Loto Édition
10 mars 2019

Hôtel du grand cerf

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Franz Bartelt est un auteur que, malgré une certaine notoriété et une longévité certaine, je ne connaissais toujours pas et, plus, dont je n’avais jamais entendu parler.

C’est désormais chose faite avec « Hôtel du grand cerf », un livre qui m’est tombé dans les bras à un moment où je ne savais pas quoi lire, le meilleur moment pour que je me laisse tenter sans me renseigner.

Découvrir un auteur par son dernier ouvrage n’est peut-être pas la meilleure façon de faire sa connaissance, mais admettons que cela est rarement la pire.

Effectivement, si avec l’expérience et l’âge (qui vont souvent de pair) un auteur ne parvient pas à vous captiver, il y a peu de chance qu’il l’eut pu avant. Quoique, je dis cela, mais j’ai souvenance d’avoir préféré les premiers ouvrages de quelques auteurs, plus que leurs suivants que je trouvais par trop formatés.

Hôtel du grand cerf :

Reugny, petit village au cœur des Ardennes, plane depuis cinquante ans le secret de la mort de Rosa Gulingen. La star mondiale de cinéma avait été découverte noyée dans la baignoire de sa chambre à l’Hôtel du Grand Cerf, qui accueillait l’équipe de son prochain film ; du bout des lèvres la police avait conclu à une mort accidentelle. Quand Nicolas Tèque, journaliste parisien désœuvré, décide de remonter le temps pour faire la lumière sur cette affaire, c’est bien logiquement à l’Hôtel du Grand Cerf qu’il pose ses valises. Mais à Reugny, la Faucheuse a repris du service, et dans le registre grandiose : le douanier du coin, haï de tous, est retrouvé somptueusement décapité. Puis tout s’enchaîne très vite : une jeune fille disparaît ; un autre homme est assassiné. N’en jetons plus : l’inspecteur Vertigo Kulbertus, qui s’est fait de l’obésité une spécialité, est dépêché sur place pour remettre de l’ordre dans ce chaos.

Que dire sur un tel ouvrage que j’ai grignoté dans de bien mauvaises conditions ?

Probablement qu’il a les défauts de ses qualités et les qualités de ses défauts, phrase bateau s’il en est que l’on sort lorsque l’on n’a rien à dire.

Et cela est fort étonnant, que je n’aie rien à dire, me rétorqueraient certains auteurs que j’eu égratignés par le passé s’ils n’étaient pas, pour une majorité, déjà morts, enterrés et grignotés par les vers depuis fort longtemps.

Bah ! Si t’as rien à dire, alors, ferme ta gueule, me conseilleraient avec véhémence d’autres personnages bien moins sereins que les précédents, mais ayant pour eux une qualité vitale : la vie.

Mais, après tout, si je devais me taire quand je n’ai rien à dire, finalement, je ne l’ouvrirais pas souvent, aussi, bah, je vais essayer d’expliquer un peu plus longuement ce que j’eus voulu dire par cet aphorisme qui partage le point commun avec un nain d’un mètre quatre-vingt d’être un peu trop long pour obtenir son qualificatif.

« Hôtel du grand cerf » est un roman qui mélange plusieurs histoires, sur plusieurs époques et dont le principal des nombreux personnages est drôle et très excentrique.

Voilà ! Je viens de vous fournir toutes les qualités de l’ouvrage.

Voilà ! Je viens de vous fournir tous les défauts de l’ouvrage.

Bon... j’explique, car j’en vois qui ont le regard aussi vide que l’assiette d’un obèse affamé à qui on vient de servir une assiette de frites.

Quoi ? Je me moque des obèses ? J’ai le droit, j’en suis un. Et paf ! car oui, on ne peut se moquer que d’une catégorie dans laquelle on se trouve et comme il se trouve que je suis un nain noir, moche, homosexuel, catholique et obèse, dont le père est un géant musulman et la mère une rousse juive... imaginez la palette d’humour que je peux manier !!!

Bref, soyons plus sérieux. Enfin, moi, car vous, je vous soupçonne de ne rire que tous les 31 avril des années bissextiles (ce qui complique encore les choses).

Le personnage principal s’appelle Vertigo Kulbertus ce qui, rien que pour le nom, vaut le détour. Il est obèse, mais un obèse gros, de niveau olympique et il l’assume et le revendique. Il mange, énormément. Il boit, encore plus, surtout de la bière. Et avec ça, il est taquin, acerbe, ironique et malin, le bougre. Il est inspecteur, proche de la retraite et ne pense qu’à une chose, sa retraire, justement... mais aussi à manger... et à boire. En clair, il pense à trois choses en continu.

Il enquête sur le meurtre d’un douanier, qui est bientôt suivi de la disparition d’une jeune fille, puis de l’assassinat d’un idiot...

Dans le même temps, un journaliste enquête sur la mort d’une actrice dans l’hôtel du même village, mais une mort qui remonte à 40 ans...

Et on va suivre ainsi les pérégrinations du policier, du journaliste... mais aussi d’une chauffeur de taxi, de son mari chauffeur routier à l’international, de la tenancière de l’hôtel, de sa mère acariâtre, de sa fille disparue... du directeur d’un centre de motivation proche... de son jeune protégé... de sa secrétaire... du douanier... de l’idiot... de l’actrice... de son amant et partenaire de cinéma...

Bref, vous l’aurez compris, c’est un beau foutoir.

L’ensemble est inutilement complexe (dans un premier temps, du moins) avec un peu trop de personnages, des chapitres trop courts qui alternent entre une histoire et une autre, des individus trop étranges pour être honnêtes, mais, surtout, pour être crédibles... notamment le plus loufoque d’entre eux, le policier.

Et c’est ce personnage central qui fait à la fois la force et la faiblesse de l’ouvrage. Car, j’ai lu le roman jusqu’au bout grâce à lui, mais j’ai eu du mal à entrer dans le livre à cause de lui. Car, trop d’excentricité tue l’excentricité (encore une phrase bateau) à moins qu’elle ne s’installe dans un univers tout aussi excentrique, ce qui n’est pas le cas ici.

Du coup, l’écart entre la noirceur et l’envie de réalisme de l’ensemble et l’excentricité du personnage est trop grand pour qu’on le comble sans effort et l’effort tue le réconfort (pagaie encore, mon petit).

Mais il faut dire également que j’ai dû lire le roman avec parcimonie (oui, ma chérie a un drôle de nom, mais ce n’est pas l’auteur qui va m’en faire le reproche avec son Vertigo Kulbertus, quand même). Et quand je grignote, j’ai plus de mal à apprécier que lorsque je dévore... que voulez-vous, je suis un gourmand (sinon, je ne serai pas obèse, je vous le rappelle... et nain... et noir... et homosexuel... ce qui ne cadre pas avec le fait d’avoir une chérie, je vous l’accorde, mais en même temps, je fais ce que je veux.).

Bref de chez bref, je n’ai tellement pas grand-chose d’autre à rajouter que ce que j’ai dit de façon aussi concise que liminaire, que je circonvolutionne et me perds dans des propos ineptes.

Je terminerais tout de même en disant que si j’ai été au bout, malgré les mauvaises conditions, c’est déjà un bon signe et que le roman est tout de même drôle et l’intrigue suffisamment dense pour que l’intérêt soit conservé jusqu’au bout.

Au final, un roman qui a les qualités de ses défauts et les défauts de ses qualités ;-)

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