Parasite
« Parasite » est un roman de Sylvain Forge, un écrivain qui approche la cinquantaine et qui a été Lauréat du prix du Quai des Orfèvres en 2018 avec son précédent roman « Tension Extrême ».
Parasite :
La capitaine Marie Lesaux, fraîchement débarquée au sein de la brigade de protection de la famille de Clermont-Ferrand, se voit confier, sous le sceau de la plus grande des confidentialités, l’étrange mission de tester les capacités de son nouveau coéquipier. Valmont, réputé infaillible et doté d’une puissance de travail sans égale, serait capable d’élucider des affaires non résolues, quelle que soit leur complexité. De fait, Valmont n’est pas un policier comme les autres, mais bien une somme d’algorithmes, un formidable programme expérimental ultra secret à la puissance de calcul phénoménal mis en place par l’État français pour lutter contre toutes les formes de criminalité : un savant mélange d’intelligence artificielle et de réalité virtuelle que Marie va devoir appréhender pour mieux comprendre le formidable champ des possibles permis par la police 2.0. Assistée d’Ethan Milo qui a travaillé sur le projet et qui vit cloué dans un fauteuil des suites d’un attentat, mais en but à l’hostilité de certains de ses collègues, la jeune capitaine va mettre Valmont sur le cas du « suicide » d’une fillette d’origine africaine retrouvée au pied d’une tour. La gamine est-elle vraiment tombée toute seule ? Quel crédit accorder à cette rumeur insistante dans les quartiers, entre terreur et légende urbaine, indiquant qu’une « hyène » vaudou, mi-homme, mi-animal, tournerait dans les citées pour « voler » des jeunes filles ? Le fait est que des disparitions ont bel et bien eu lieu et que la population se tait. Un symbole étrange, là où il n’y avait été question que de morts naturelles ou d’accidents, se trouve sur bien des scènes de ce qui va très vite devenir des crimes irrésolus. Il se trame quelque chose dans l’illusoire banalité des jours... Marie et Ethan Milo, aidés du programme Valmont, vont bientôt être confrontés à une épouvantable vérité venue du fond des âges.
Que dire de plus sur ce roman que ne raconte déjà la 4e de couverture ??? Pas grand-chose, en fait, du moins, si l’on ne veut déflorer la résolution de l’enquête.
« Parasite » mélange à la fois l’archaïsme et la modernité, la technologie et certains rites ancestraux, la faune et la flore, l’action et la réflexion, avec, il faut bien l’avouer, un juste mélange évitant au roman de basculer dans un sous-genre ou dans un autre.
Et c’est, je crois, la grande qualité de ce roman : parvenir à naviguer sur le fil du rasoir sans jamais sombrer d’un côté ou de l’autre et maintenir cet équilibre d’un bout à l’autre et sur à peu près tous les chemins empruntés.
Car, avec un ordinateur omniscient, le lecteur pouvait craindre que l’histoire ne sombre dans le roman de science-fiction, ce qui n’est jamais le cas.
Quand l’auteur aborde la botanique, il lui était facile de sombrer dans le n’importe quoi (je reste vague pour ne pas déflorer trop l’histoire).
Avec les raisons du suicide de la petite fille, Sylvain Forge aurait pu se complaire dans des passages choquants afin d’asséner facilement des claques au lecteur, ce qu’il ne fait pas.
Quand il évoque une certaine attirance entre Marie Lesaux et Ethan Milo, il aurait pu, comme souvent dans tels cas, et comme l’auraient fait nombre de ses confrères, se lancer dans des passages sentimentalo-sexuels, avec grande scène de cul au chapitre X, mais il ne le fait pas.
Ce que, par contre, Sylvain Forge fait, c’est de prendre le risque de demeurer sur ce fil de rasoir ne cédant aux sirènes du guide du polar pour les nuls que via la concision de ses chapitres.
Car, les chapitres sont courts, très courts. Est-ce pour faussement dynamiser son récit qui n’a pas besoin de cela ? Je ne sais. Il faudrait demander au lecteur.
Mis à part ça, Sylvain Forge évite tous les écueils dont il a pourtant jalonné lui-même son intrigue et, rien que pour cela, il est à louer (enfin, à acheter).
Si on ajoute à cela un plume plutôt agréable, des personnages qui, sans révolutionner le genre, ne sombrent pas trop dans les clichés, une histoire qui, malgré les invraisemblances à craindre, tient plutôt la route, et ce malgré les nombreux sujets évoqués, on obtient un bon roman, qui se dévore avec un grand plaisir.
Au final, une bonne petite surprise que ce roman qui propose un récit crédible malgré des sujets casse-gueule, rythmés alors que les nombreux sujets auraient pu ralentir l’histoire, et, au final, très intéressant, surtout une fois lues les explications finales de l’auteur.