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Loto Édition
3 mai 2020

Triple meurtre à Neuilly

TR06

« Triple meurtre à Neuilly » est la 6e extraordinaire aventure (ce qualificatif fait parti du titre de la collection) de Théodore Rouma, un gentleman cambrioleur justicier né de la plume de Jean d’Auffargis.

Jean d’Auffargis, de son vrai nom Maurice Laporte, fut le créateur des Jeunes Communistes Françaises en 1920 avant de devenir un farouche anticommuniste, puis de collaborer avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 1945, pour éviter de subir les conséquences de ses actes, il s’enfuit en Suisse d’où il écrira la série « Les extraordinaires aventures de Théodore Rouma » publiée à partir de la même année par les éditions SEBF sous la forme de fascicules de 24 pages, simple colonne contenant des récits indépendants d’environ 10 000 mots.

Plus d’une vingtaine de titres verront le jour dont la première dizaine sera illustrée par R. Charles, l’autre majeure partie par Brantonne.

Quelques titres seront publiés au Québec et résultent, probablement, de réécriture de titres déjà publiés.

Théodore Rouma est indéniablement un personnage inspiré d’Arsène Lupin.

En effet, dans le domaine de la littérature fasciculaire policière, pour tenir la contrainte de la concision, les auteurs n’hésitaient pas à développer des héros calqués sur des personnages célèbres afin de pouvoir les présenter brièvement aux lecteurs. L’imagerie autour du héros pris comme modèle suffisait alors pour que le lecteur se fasse une représentation du personnage et s’y attache plus facilement sans avoir besoin, pour cela, des descriptions oiseuses et papivores usuelles.

 

TRIPLE MEURTRE À NEUILLY

 

Une jeune sténodactylo se fait embaucher en tant que secrétaire dans une agence de détectives.

 

Passionnée de romans policiers, elle se voit déjà mêlée à des aventures exaltantes.

 

Mais, quand elle rencontre son patron, celui-ci, au lieu de s’intéresser, comme tous les enquêteurs et journalistes de France, aux crimes, à Neuilly, de trois personnes d’une même famille, lui demande de se renseigner sur des assassinats datant de plus de cent ans et ayant rapport avec les chouans.

 

Décontenancée, elle va se lancer, dans les journaux d’époque, à la recherche de la moindre information sans se douter qu’à travers ces événements, son boss espère trouver l’identité de l’assassin du « Triple Meurtre à Neuilly »...

 

Reine, jeune sténodactylo, est ravie de trouver un poste de secrétaire dans une agence de détectives. Elle qui adore lire des polars se voit déjà embarquée dans des aventures rocambolesques en compagnie d’un patron beau, charismatique et courageux.

Mais elle tombe sur M. Marcel, tout l’opposé de celui qu’elle espérait.

Cependant, elle comprend très vite que M. Marcel n’est pas le boss, mais qu’il s’agit de Louis Derval, correspondant parfaitement à l’image qu’elle se faisait de son patron.

Celui-ci lui demande alors de fouiller les journaux du siècle précédent pour rechercher des informations sur le procès et l’exécution de trois frères condamnés pour assassinats.

Déçue de ne pas s’occuper de l’affaire qui excite les journaux actuels, un triple meurtre à Neuilly dont la police n’a toujours pas trouvé ni suspect ni mobile, elle se lance pourtant corps et âme dans cette recherche, pour les beaux yeux de son patron.

Pourtant, à travers cette vieille affaire Louis Derval cherche à expliquer le « Triple meurtre à Neuilly »...

Jean d’Auffargis, comme de coutume, nous livre une première scène qui ne semble pas en relation avec sa série ni avec son héros. 

Si, d’ordinaire, celle-ci se montre efficace et a souvent pour but de poser un mystère, ici, elle semble plus servir un peu de remplissage ou de petite parenthèse.

Une nouvelle fois, seul le lecteur averti reconnaîtra la présence de Théodore Rouma qui est à nouveau sous une fausse identité. Celui qui lirait cette aventure sans connaître la série, se demandera bien longtemps où est le fameux Théodore Rouma, puisqu’il n’est nommé qu’à la toute fin du récit.

Si ce parti pris pose un souci lors d’une lecture anarchique de la série et encore plus pour proposer une 4e de couverture (dont se passaient les éditeurs de l’époque) mettant en scène le héros, il a cependant un grand avantage, pour l’auteur, en lui laissant totalement les coudées franches pour le sujet de son récit et la façon de l’aborder.

Effectivement, en faisant de Théodore Rouma un gentleman cambrioleur aventurier justicier, il peut alors le présenter sous l’identité qu’il désire (jusqu’ici, homme de la haute, policier et maintenant détective) laissant deviner au lecteur, par la description physique et par l’habitude qu’il a affaire au personnage récurrent.

En ayant un libre arbitre sur l’identité de son héros, Jean d’Auffargis peut alors aborder le sujet et le genre qu’il désire.

En faisant de Théodore Rouma un personnage éminent tentant de s’approcher d’une personne possédant une richesse qu’il convoite, il en fait un cambrioleur.

En plaçant Théodore Rouma sous les traits d’un policier, il le transforme en enquêteur officiel, vu comme tel pour les autres protagonistes.

S’il est dans la peau d’un détective, il devient enquêteur indépendant et peut alors agir comme le ferait un vrai détective.

De la même manière, rien n’empêche Jean d’Auffargis d’en faire un aventurier et de le lancer à la quête d’un quelconque Graal, ou bien un redresseur de torts jouant des poings pour rendre justice, un baroudeur fouillant les contrées lointaines... 

Avec le choix du type de personnage, l’auteur peut également sélectionner le genre dans lequel il veut œuvrer : « roman de cambriolage », « roman d’investigation », « roman d’aventures », « roman d’action »... sans oublier à chaque fois de parsemer ses récits de romances et d’humour.

Si le côté « romance » est à l’image de son époque, il est ici, à mon sens, un peu trop marqué, notamment à travers le personnage de la secrétaire énamourée dont les premières réactions frisent la naïveté futile.

On pourra également reprocher (et je l’ai déjà fait) que Théodore Rouma change aussi souvent de femme (qu’il aime, pourtant, du moins l’auteur nous l’assure) que d’identité.

Un épisode = un amour ! voilà qui sombre dans un sentimentalisme un peu gnangnan (bien qu’en se rappelant certaines séries télévisées bien plus récentes comme « Amicalement Vôtre » on peut constater que ce travers a perduré longtemps).

Malgré tout, Jean d’Auffargis maîtrise bien son personnage, le format, la narration et l’histoire pour proposer aux lecteurs un récit agréable à lire et qui jamais ne donne l’impression que l’on a coupé, à la hache dans le texte pour le faire tenir dans le cadre contraignant du très court roman de 10 000 mots, ce qui est un très bon point.

Cependant, je dois reconnaître que je trouve un peu déconcertant de découvrir chaque fois le héros sous une identité différente. Autant dans une série télévisée, le simple fait de voir le personnage suffit à le reconnaître, autant dans une série littéraire, même si la description est à chaque fois la même, le fait de changer de nom et de statut me perturbe un peu (mais juste un peu).

Au final, malgré quelques défauts mineurs, Jean d’Auffargis nous propose là une série fasciculaire très agréable à lire ce qui n’est pas simple dans un format aussi concis.

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