Aveux spontanés
7e et avant-dernier épisode de la série « Les enquêtes de l’inspecteur Barre ».
La série est parue initialement à partir de 1945 sous la forme de 8 fascicules de 16 pages contenant des récits entre 6 500 et 8 500 mots au sein d’une collection plus généraliste, « La Clé de l’Énigme » des Éditions Populaires Monégasques.
Certains titres de la série sont signés Michel Cory (les autres ne sont pas signés), un probable pseudonyme de l’auteur Maurice Coriem.
L’inspecteur Paul Barre est un homme riche et cultivé navigant dans la haute société et qui, promis à un bel avenir, préféra, par goût des énigmes, devenir policier de terrain.
Ayant des relations et n’ayant pas besoin de sa paie (qu’il reverse à une association de soutien aux policiers), Paul Barre est un enquêteur indépendant qui a les moyens de faire ce qu’il veut, d’autant plus qu’il est efficace.
AVEUX SPONTANÉS
Un vieux monsieur est retrouvé pendu dans la chambre d’un hôtel borgne louée par une jeune femme sous un faux nom.
Les enquêteurs n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent si ce n’est le témoignage de la personne qui logeait dans la pièce voisine et qui a surpris des bribes de conversations anodines...
La police piétinant, l’inspecteur Paul BARRE est appelé à la rescousse et va rapidement organiser une série de perquisitions dans l’espoir de trouver… un livre !
L’inspecteur Paul Barre est chargé de retrouver le couple responsable d’un crime crapuleux sordide dans une chambre d’hôtel.
Très vite, il soupçonne un moyen de trouver les coupables, perquisitionner chez les souteneurs pour y trouver un certain livre.
Bon, une fois n’est pas coutume, je ne peux pas vraiment parler de ce titre sans faire quelques révélations (qui ne sont pas préjudiciables, mais, tout de même...).
Pour son avant-dernière enquête, l’inspecteur Barre, ou, plutôt, l’auteur, Michel Cory, a décidé de revenir sur un crime qui fit grand bruit à la fin du XIXe siècle : « L’affaire Gouffié ».
Si vous ne connaissez pas ce cas, je vous invite à vous renseigner grâce à votre moteur de recherches favori.
En effet, le meurtre qu’il a à résoudre lui semble totalement inspiré par ce crime odieux et tant l’inspecteur que l’auteur n’ont, d’ailleurs, qu’à se laisser porter par la véritable affaire pour écrire ou résoudre celle de papier.
Mais nous n’en tiendrons pas ombrage à l’auteur, car le parallèle est plutôt habilement utilisé pour faire naître l’intérêt chez le lecteur.
Ceux qui ne connaissaient pas « l’affaire Gouffié » apprendront certaines choses, les autres les redécouvriront.
Dans tous les cas, utiliser, dans le cadre d’un récit aussi concis, un cas d’école du crime est une idée ingénieuse.
Paul Barre continue à faire du Paul Barre (et ce que font beaucoup de policiers de papier) c’est-à-dire à faire des choses incompréhensibles au commun des mortels, mais qui, finalement, s’avéreront très payantes parce que le héros aura compris avant tout le monde les tenants, les aboutissants de l’enquête.
Mais, plus que Paul Barre, cet épisode prévaut avant tout et surtout pour sa scène quasi finale menant aux fameux « aveux spontanés » du criminel (en passant, l’illustration de couverture n’a rien à voir avec l’histoire. Peut-être y a-t-il eu échange involontaire d’illustration avec un autre titre comme j’avais déjà pu le constater dans la collection « Le Roman Policier » des Éditions Ferenczi).
Effectivement, cette scène est parfaitement menée pour faire monter la pression chez l’assassin qui certes, dans ce cas, craque un peu trop vite (mais il faut dire que l’auteur n’avait plus beaucoup de place pour le faire avouer alors que ce texte est déjà bien plus long que les autres de la série).
Toujours est-il que le procédé est efficace, du moins, littérairement parlant, pour attiser le plaisir de lecture en sentant le tueur commencer à perdre sa sérénité, à se poser des questions, à douter puis à craquer totalement.
Je n’en dirais pas plus pour ne pas déflorer la scène, je vous laisse la découvrir si tant est que vous en ayez envie.
Au final, avec une affaire inspirée d’un célèbre crime qui défraya la chronique à la fin du XIXe siècle et une scène menant aux aveux à la fois efficace et judicieuse, Michel Cory nous livre là probablement le meilleur titre de la série.