Pépita la Rouge à Paris
Un petit résumé des épisodes précédents s’impose.
La série « Marc Jordan, exploits surprenants du plus grand détective Français », plus communément appelé « Marc Jordan » (qui n’a aucun rapport avec le chanteur de boys band) fut créée en 1907 pour surfer sur le succès des traductions des aventures de Nick Carter, le détective américain qui ravissaient les lecteurs américains depuis 20 ans et dont les traductions venaient, quelques mois auparavant, d’inonder toute l’Europe par l’intermédiaire des Éditions Eichler.
L’auteur des « Marc Jordan » (ou les auteurs) est inconnu puisque les fascicules ne sont pas signés.
Mais la série est surtout l’occasion pour l’éditeur Ferenczi de faire sa première incursion dans le monde du récit policier et dans celui du fascicule (un double genre qui fera bientôt son succès pendant des lustres)
Il est rapidement évident, à la lecture des deux séries, que « Marc Jordan » est totalement calqué sur « Nick Carter » aussi bien dans le genre (récit policier d’action), les héros (un détective courageux, fort, intelligent, honnête, droit, épaulé par plusieurs fidèles lieutenants), les méchants (des êtres diaboliques, cruels, suprêmement intelligents et possédant des moyens incommensurables), le format (grand fascicule de 32 pages, double colonne) que les couvertures illustrées.
Pour rappel, Marc Jordan doit lutter contre deux ennemis récurrents qui forment un duo diabolique : une jeune femme belle et cruelle : Pépita la Rouge et son comparse, le ténébreux Comte de Cazalès.
Si dans les premiers épisodes la lutte engagée entre les deux parties était exaltante (toute proportion gardée) depuis que Marc Jordan était parvenu à les faire fuir de France, il faut bien avouer que la série avait un peu perdu de sa superbe.
Mais, ce 22e épisode titré « Pépita la Rouge à Paris » va-t-il redorer le blason du détective ?
PÉPITA LA ROUGE À PARIS
Pépita la Rouge est de retour à Paris !
Marc JORDAN en est convaincu, son fidèle lieutenant, Fil-en-Quatre, est persuadé de l’avoir vue monter dans une voiture rouge.
Rouge ! La couleur de l’automobile qui a violemment percuté la sienne quelques minutes auparavant et dont le chauffeur s’est enfui sans demander son reste.
Ainsi, l’ennemie jurée du grand détective a une nouvelle fois attenté à sa vie.
Et quand Pépita est là, le comte Cazalès n’est jamais très loin !
Marc JORDAN va enfin avoir l’occasion d’arrêter les deux plus terribles criminels qu’il ait eu à affronter…
Pépita la Rouge est à Paris. C’est certain, Fil-en-Quatre l’a vu monter dans une voiture rouge, le même genre que celle qui a violemment embouti le véhicule dans lequel se trouvait Marc Jordan. Heureusement, celui-ci n’a pas été grièvement blessé. Aussi, il va enfin pouvoir se confronter à nouveau avec la terrible jeune femme et, pour cela, il lance ses lieutenants à la recherche du locataire de la voiture rouge…
Il faut bien l’avouer, à quelques exceptions près, depuis que Pépita et Cazalès s’étaient enfuis de France, Marc Jordan n’avait affaire qu’à de petites enquêtes et, du coup, le lecteur, à de petits récits.
Il était donc temps que Cazalès et Pépita fassent leur retour afin de redynamiser une série qui était devenue un peu plan-plan.
Est-ce un retour gagnant ? Pas totalement, mais cet épisode marque indéniablement la première bataille d’une lutte bien plus plaisante que celles auxquelles la série nous avait habitué ces derniers épisodes.
Mais surtout, cet épisode est la preuve que la série n’est jamais aussi agréable à suivre que lorsqu’elle marche sur les pas de sa consœur américaine. Car, effectivement, ce récit possède tous les éléments de ceux de la lutte entre Nick Carter et le Docteur Quartz et sa terrible pupille Zanoni. On y retrouve les attentats déjoués, le machiavélisme, les subterfuges diaboliques, la chimie, la magie, les rebondissements et retournements de situation et la lutte qui reprend de plus belle lorsqu’on la croit terminée.
C’est dire que le plaisir de lecture est plus grand que dans les derniers épisodes et, j’espère, plus petit que dans les suivants.
Étant donné la fin de cet épisode et le titre du suivant, il y a fort à parier que Marc Jordan va encore avoir du pain sur la planche.
Au final, un récit qui remplit parfaitement son office : une lecture agréable, rythmée, sans prise de tête avec des personnages caricaturaux et manichéens à souhait.