La morte en robe blanche
Continuons lentement la découverte des aventures du détective Francis Bayard, écrites par Jean des Marchenelles.
Jean des Marchenelles est un auteur de littérature populaire, auteur de pièces de théâtre, et directeur de collections (regroupant généralement ses écrits).
Si l’homme manie aisément l’humour, il écrivit également dans le genre policier et, pour cela, fit régulièrement appel au même personnage, le détective Francis Bayard.
Si ce personnage vit, à partir de 1942, ses aventures regroupées au sein de la collection « Police-Privée » sous la forme de fascicules de 32 pages contenant des récits indépendants de moins de 10 000 mots, en cherchant bien, on trouve trace du personnage dans d’autres collections, chez d’autres éditeurs, comme, par exemple, la « Collection Rouge » des Éditions Janicot. Mais l’on peut aussi remarquer que Francis Bayard mena également des enquêtes au format roman comme « L’ombre jaune » ou « Moi, l’assassin ! ».
LA MORTE EN ROBE BLANCHE
À la sortie du métro, dans la foule dense, le détective Francis BAYARD sent une main dans son veston. Pas le temps de réagir, l’impudent inconnu a disparu.
Malgré les apparences, il ne s’agit pas là d’un pickpocket, puisque rien de lui ne manque. Bien au contraire, il retrouve dans sa poche une lettre le conviant à un mariage mondain, prétendant qu’un événement grave va s’y dérouler.
Curieux, Francis BAYARD décide d’assister à ces noces.
Le lendemain, la cérémonie s’apprête à démarrer, la voiture amenant la promise s’arrête devant la mairie, le chauffeur descend pour ouvrir à la jeune femme, mais, stupeur, celle-ci gît sans vie sur la banquette…
Francis Bayard reçoit une missive d’une curieuse manière, un inconnu lui glisse dans la poche à la sortie du métro. Celle-ci le prévient qu’il se passera un événement dramatique à un mariage mondain, le lendemain.
Francis Bayard décide de s’y rendre avec son ami écrivain Jean des Marchenelles.
Effectivement, au moment où la voiture de la mariée arrive à la mairie, c’est le drame, cette dernière est retrouvée morte sur la banquette arrière.
Plus j’avance dans la lecture des aventures de Francis Bayard et plus je constate que celles-ci sont relativement hétérogènes.
Car, parfois, le héros débarque tardivement, soit parce que l’auteur s’est appesanti sur les circonstances du crime soit que celui-ci apparaissait plus tôt, mais incognito.
Ici, Francis Bayard est présent d’entrée. Mais il est accompagné de son ami qui n’est autre que Jean des Marchenelles (l’auteur lui-même).
On retrouve dans ce récit pourtant très court, même pour un fascicule de 32 pages (8 800 mots) tous les ingrédients que l’on peut attendre d’un bon fascicule (voire d’un très bon).
Tout d’abord, l’humour qui imprègne le récit de bout en bout avec un épilogue en forme de mise en abîme dans lequel le détective dit à son ami que l’histoire ferait un bon roman policier et lui conseille même les titres de chapitres.
Ensuite, les fameux titres de chapitres qui, chacun, se concentre sur une couleur en rapport avec les événements qu’ils content.
En plus, le style, pas désagréable du tout, avec une plume plutôt alerte et une réelle maîtrise di format court avec une narration adaptée (ici, narration à la première personne par l’écrivain conteur).
Enfin, l’intrigue qui, malgré la concision inhérente à ce format court, parvient à donner au lecteur le maximum qu’elle puisse livre.
En effet, sur pas même 9 000 mots, Jean des Marchenelles délivre un début mystérieux avec cette façon dont la missive arrive dans les mains de Bayard.
Une suite tout aussi mystérieuse, mais un brin amusante, avec les mésaventures de Jean des Marchenelles aux préparatifs du mariage.
Ensuite, le drame que le lecteur pense avoir déjà dénoué avec la mort de la mariée.
Puis un rebondissement avec la mort du premier suspect. Un second rebondissement, un troisième et, enfin, un retournement de situation final qui surprend le lecteur.
Certes, tous ces événements sont rocambolesques et à la limite du crédible, à l’heure actuelle, mais il faut les replacer dans le contexte de l’époque et, surtout, dans celui du format très court qui ne permet pas de proposer des intrigues échevelées.
Au final, un excellent épisode de Francis Bayard dans lequel l’auteur propose au lecteur le maximum que lui permet le format fasciculaire, avec brio et un brin de second degré, en jouant de son personnage et de lui-même.