Le secret de la villa « Mon Rêve »
Allez, zou, revenons à Marcel Priollet, un auteur de littérature populaire fasciculaire que l’on ne présente plus, mais que je dois tout de même présenter malgré les nombreuses chroniques que j’ai faites sur ses différents récits.
Marcel Priollet, alias René Valbreuse, Henry de Trémière, R. M. de Nizerolles, Marcelle-Renée Noll, est un auteur dont l’activité littéraire s’étend sur un demi-siècle entre 1910 et 1960.
Durant ces cinq décennies l’auteur écrivit un nombre considérable de fascicules pour de nombreuses collections dans des genres aussi différents que les récits dramatico-sentimentaux, d’aventures, fantastiques ou policiers.
Si l’auteur est réputé pour ses séries développées autour de pauvres femmes ou jeunes filles martyrisées par les hommes et par la vie, il a également écrit énormément de récits policiers dont deux séries pour les éditions Tallandier au milieu des années 1940 : « Old Jeep et Marcassin » et « Monseigneur et son clebs ».
Mais, quand on épluche la collection « Les Grands Détectives » des Éditions Modernes, vers 1937, sur les 96 titres dont il signe la grande majorité du pseudonyme de Marcelle-Renée Noll, on découvre plusieurs personnages récurrents dont le détective radiesthésiste Claude Prince, l’inspecteur de la Brigade Mondaine Bob Rex, l’inspecteur principal François Pessart et le détective Sébastien Renard.
« Le secret de la villa « Mon Rêve » », numéro 70 de la collection, est un fascicule de 24 pages contenant un récit indépendant de 7 200 mots mettant en scène le détective Sébastien Renard et faisant apparaître l’inspecteur François Pessart.
LE SECRET DE LA VILLA « MON RÊVE »
Bernard Grandier a tout pour être heureux. Une place enviée au ministère des Finances, une belle et jeune épouse qu’il aime profondément.
Rien ne pourrait troubler ce bonheur… excepté une lettre anonyme lui annonçant que sa femme le trompe durant ses absences.
D’abord incrédule, il est très vite rongé par le doute et la jalousie et décide, finalement, de vérifier ces ragots.
Quel n’est pas son effroi, en débarquant dans le jardin, d’entendre sa dulcinée clamer son adoration à un autre, derrière le rideau de la fenêtre de la chambre.
Pris d’une fureur incontrôlée, il sort son browning et tire à travers le voile. Un cri féminin, le bruit d’un corps qui s’écroule. Bernard Grandier s’enfuit devant l’horreur de son geste.
Mais, la raison le pousse rapidement à se rendre au commissariat et à avouer son crime…
Seulement, quand les policiers investissent la villa « Mon Rêve » où le drame a eu lieu, ils ne découvrent rien ni personne.
Désireux alors de retrouver sa femme, Bernard Grandier fait appel au détective Sébastien RENARD… et de son équipier, un superbe berger allemand…
Bernard Grandier reçoit une lettre anonyme au Ministère lui annonçant que sa femme le trompe durant ses absences. Celui-ci n’y croit pas, mais finit par vouloir s’assurer par lui-même et rentre plus tôt que prévu. Il pénètre dans le jardin en silence et, parvenu sous la fenêtre éclairée de la chambre, il entend, à travers le rideau, une femme clamer son amour à un homme et voit deux silhouettes se découper en ombres chinoises sur le rideau. Pris de folie, il sort son browning et tire. Un cri de femme, le bruit d’un corps qui s’écroule. Il a commis l’irréparable et s’enfuit face à l’effroi de son acte. Après avoir erré et retrouvé sa raison, il se rend au commissariat et avoue son crime. Les policiers l’accompagnent à sa villa, mais ne découvrent rien d’autre que les impacts de balles. Sa femme a dû s’enfuir avec son amant, toujours est-il qu’il ne l’a pas tué et cela devrait le soulager.
Mais Bernard Grandier veut savoir ce qu’est devenue sa femme et finit par engager le détective Sébastien Renard dans ce but. Le détective décide de visiter la villa « Mon rêve », accompagné d’Argus, son berger allemand. Très rapidement, Sébastien Renard va faire une constatation heureuse… puis une découverte malheureuse…
Marcel Priollet, on le sait (et si on ne le sait pas c’est que l’on n’a pas lu le début de cette chronique), était surtout réputé pour ses séries dramatico-sentimentales (« Mère de quinze ans », « Trompée au seuil de la chambre nuptiale », « La mariée aveugle », « Les amours d’une femme mariée ») et d’autres joyeusetés du genre.
Aussi, il était fréquent que, même dans ses récits policiers, l’auteur revienne à ses premières amours et distille ses histoires de sentiments déçus, de femmes éplorées ou adultères…
C’est une nouvelle fois le cas dans ce fascicule puisque l’intrigue s’articule sur une présomption d’adultère et sur une jeune femme qui, déçu par un bellâtre l’ayant trompée dans tous les sens du terme finit par se marier par dépit pour, qui sait, retrouver, plus tard, son amour de jeunesse et replonger dans ses bras.
Rien de nouveau, donc, au Pays de Marcel Priollet.
Seulement, sur à peine plus de 7 000 mots, difficile de développer une intrigue, alors, deux [une sentimentale et une policière] voilà qui est impossible. Et comme à l’impossible nul n’est tenu…
C’est dire si l’une et l’autre des intrigues ne sont que prétextes à faire rapidement avancer un récit qui doit se terminer tout aussi brusquement.
D’ailleurs, du côté purement policier, le lecteur aura rapidement compris de quoi il retourne même si le rebondissement est assez peu crédible.
Du côté sentimental, la double intrigue dans cette intrigue est également très prévisible.
Cependant, on pardonnera l’auteur qui, de toute façon, fait ce qu’il peut avec le peu d’espace que ces fascicules lui laissaient.
On notera que le détective Sébastien Renard est assez peu présent et que l’inspecteur Pessart, lui, ne fait que passer.
Au final, un petit récit d’antan à lire et à prendre pour ce qu’il est : un texte dont l’unique ambition est de remplir un petit moment de lecture.