L'homme aux deux visages
Marcel Priollet (1884-1960) est-il besoin de le rappeler, fut un auteur très prolifique de la littérature populaire, notamment fasciculaire, pour laquelle il livra un nombre impressionnant de textes signés de son nom ou de ses différents pseudonymes (René Valbreuse, Henry de Trémières, Marcelle-Renée Noll, R.M. de Nizerolles…).
S’il écrivit beaucoup de séries sentimentalo-dramatiques autour de jeunes femmes amoureuses et/ou martyrisées par les hommes et la vie, c’est uniquement, pour l’instant, à sa production policière que je m’intéresse.
L’auteur alterna aussi bien les récits indépendants que ceux mettant en scène des personnages récurrents.
Vers la fin des années 1930, pour le compte des Éditions Modernes, Marcel Priollet, sous le pseudonyme de Marcelle-Renée Noll, signa 90 % des presque 100 titres de la collection de fascicules 24 ou 32 pages, « Les Grands Détectives ».
Si la plupart de ceux-ci sont l’occasion de retrouver des récurrents tels que le détective radiesthésiste Claude Prince, l’inspecteur principal François Pessart, l’inspecteur de la Brigade Mondaine Bob Rex, l’inspecteur Guillaume Lambert alias Fox ou encore le détective Sébastien Pessart, quelques-uns font vivre pour une unique fois d’autres personnages.
C’est le cas de « L’homme aux deux visages », le n° 40 de la collection.
L’HOMME AUX DEUX VISAGES
Pendant qu’il attend un ami au bord de la promenade, lors du Carnaval de Nice, Julius BARBARRIN, inspecteur de la Sûreté à la retraite, aperçoit des pêcheurs ramenant un corps dans leur filet.
Observant la victime, il reconnaît en elle un individu qui fut au cœur d’un secret d’État bien gardé autour d’une énorme mystification qu’il planifia.
Le passage des ans n’a pas entamé son sentiment de culpabilité et, maintenant que le personnage principal de l’affaire est mort, il décide de raconter l’histoire à son interlocuteur afin de soulager sa conscience…
Julius Barbarrin, inspecteur à la Sûreté Générale, a pris sa retraite à Nice.
Lors d’un Carnaval, alors qu’il attend un jeune ami sur la promenade, il aperçoit des pêcheurs remonter un corps dans leur filet. En s’approchant, il reconnaît la victime, un homme qui fut au centre d’une affaire d’État dont il est l’un des rares à connaître tous les détails.
Malgré le temps passé depuis cette histoire, sa conscience le pèse encore et il décide de s’en ouvrir à son ami…
Point de récurrent, donc, dans ce court récit de 8 300 mots.
Marcel Priollet nous livre une intrigue qui, désormais, peinerait à convaincre et ce pas uniquement par le fait qu’elle repose sur de nombreux hasards ou coïncidences.
Difficile, donc, d’adhérer aux confidences du personnage si l’on n’accepte pas de se replacer dans un contexte temporel (texte datant du milieu des années 1930) et du contexte d’écriture (probablement un travail à la chaîne étant donné que l’auteur a signé presque tous les titres de la collection).
En prenant conscience de cela, on appréciera une histoire certes un peu rocambolesque (même s’il y a eu pire avant et depuis), mais pas déplaisante à lire d’autant qu’elle est narrée à la première personne, d’abord par l’ami, ensuite par le retraité, ce qui donne un certain rythme au texte et facilite l’immersion du lecteur.
Au final, un petit récit dans l’air du temps (celui des années 1930).