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Loto Édition
3 juillet 2022

Les pieds de la dame aux clebs

 

poulpe

« Les pieds de la dame aux clebs » est un court roman policier mettant en scène le personnage de Gabriel Lecouvreur, une sorte de justicier anarchiste surnommé Le Poulpe à cause de ses longs bras.

Le personnage a été créé en 1998 par Jean-Bernard Pouy.

Plus qu’un personnage, c’est un concept puisque J.-B. Pouy écrira, en même temps que la première aventure « La petite écuyère a cafté », une bible afin de permettre à tous les auteurs désireux, d’écrire leur propre aventure du Poulpe en respectant les règles érigées par lui, assurant qu’il publierait tout ce qu’il recevrait en la matière.

Pouy a respecté sa parole et des centaines d’aventures ont depuis vu le jour, des bonnes, des moyennes et des mauvaises.

Pour la plupart des auteurs (Jean-Bernard Pouy excepté), écrire une aventure du Poulpe confère donc à l’exercice de style…

Il faut respecter une ambiance, des règles imposées par un autre, et proposer aux lecteurs ce qu’ils sont en droit d’attendre d’une telle lecture.

Le tout débute par un bon titre à base de jeu de mots, se poursuit par un schéma narratif débutant par une scène de crime, puis par la découverte du crime par Gabriel Lecouvreur à travers sa lecture quotidienne du journal dans son bistrot préféré et, par la suite, l’auteur peut laisser libre cours à son inspiration à condition que son Poulpe boive de la bière, se fasse tabasser, séduise des femmes, et résolve son enquête avec brio. Dans le lot, ne pas hésiter à rajouter de l’humour, encore des jeux de mots, des références littéraires à des textes courts (poèmes, haïkus, aphorismes) et vous voilà avec un bon Poulpe… ou pas.

Olivier Thiébaut est pour moi un illustre inconnu bien qu’il ait écrit une demi-douzaine de romans policiers, dont deux aventures du Poulpe.

Il a fait les Beaux-Arts, est licencié en cinéma et est également illustrateur et scénariste pour des séries télévision, dont « Une femme d’honneur ».

Les pieds de la dame aux clebs :

Un adolescent échappé de son foyer est retrouvé étranglé et violé dans une cour d’immeuble.
Tout semble accuser le clochard alcoolique et violent retrouvé ivre mort sur les lieux de crime. Mais, malgré les aveux de l’inculpé, le Poulpe refuse de croire à cette version des faits. Il ne lui en faut pas plus pour se remettre en chasse. Qui a réellement pu assassiner cet orphelin ? Et pourquoi ? Pour trouver la réponse, à deux pas de « l’atmosphère atmosphère » de l’Hôtel du Nord, Gabriel aura bien besoin d’avoir le vent en poulpe…
L’épée de Damoclès ne tient toujours qu’à un fil.

Un ado fugueur assassiné, un clochard alcoolique accusé d’avoir violé le gamin avant de l’étrangler, il n’en faut pas plus à Gabriel Lecouvreur pour sentir que cette affaire cache un loup. Un mec ivre mort, capable de bander alors que lui, après quelques bières, a fait faux bond à sa Cheryl ? Il n’y croit pas et va décider de laisser traîner les tentacules du Poulpe dans le quartier funeste.

Quand il apprend qu’un journaliste s’est suicidé, à quelques mètres de là et à quelques heures d’écart, le Poulpe est alors persuadé que son flair ne l’a pas trompé.

Écrire une aventure du Poulpe exige de respecter certaines règles.

La première, un titre sous forme de jeu de mots : c’est fait !

Un premier chapitre mettant en scène un crime : c’est fait !

Un second dans lequel Gabriel Lecouvreur apprend ledit crime en lisant le journal au « Pied de porc à la Saint Scolasse », son bistrot Q.G. : c’est fait !

Par la suite, il faut, comme je le disais, de l’humour, des jeux de mots, de la bière, des références littéraires.

Là aussi, l’auteur suit à la lettre la Bible en proposant un grand nombre de marques de bières, en jouant de belle façon avec les mots et en citant régulièrement des aphorismes de Lichtenberg, un philosophe allemand du XVIIIe siècle.

Dans une aventure du Poulpe, les intrigues sont souvent secondaires. Le principal étant le personnage, l’ambiance et l’humour.

C’est un peu le cas dans cet épisode dont la concision, de toute façon, n’aurait pas permis de poser une intrigue haletante.

Souvent, d’ailleurs, le lecteur a l’impression que l’intrigue est imposée par le jeu de mots du titre.

Malgré tout, le style de l’auteur est suffisamment plaisant, alerte, mélangeant travail sur les mots et l’humour, que l’ensemble se lit très agréablement malgré le fait qu’on se désintéresse un petit peu de l’histoire.

D’autant que hormis l’intrigue légère (ce qui est souvent le cas dans un « Poulpe »), l’auteur respecte parfaitement le cahier des charges comme un bon élève bien appliqué.

Au final, un exercice poulpien plaisant à lire.

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