J'ai été tuée par...

Faire une liste exhaustive des auteurs de langue française de la littérature populaire est une tâche bien trop impossible pour que je m’y attelle. Pourtant, j’aime découvrir de nouveaux auteurs de cette paralittérature et notamment ceux ayant œuvré dans un format qui a lentement disparu à partir de la moitié du siècle dernier : le fascicule…

Et, comme je ne jure que par le genre policier et que j’adore suivre les aventures d’enquêteurs, rien de plus normal que je m’intéresse aux auteurs ayant travaillé pour la littérature fasciculaire policière par l’intermédiaire d’un même personnage.

C’est le cas d’André Charpentier (1884-1966), un journaliste également auteur de romans policiers pour la mythique collection « Le Masque » et d’autres collections, mais, aussi de fascicules d’aventures ou policiers.

« J’ai été tuée par… » est un récit publié en 1939 dans la collection « Police et Mystère » des éditions Ferenczi sous la forme d’un fascicule de 64 pages.

Il met en scène, dans l’édition d’origine, l’inspecteur Gérard (que l’on retrouve souvent sous le nom de Girard dans d’autres enquêtes), un enquêteur récurrent de l’auteur.

Cette enquête est, si je ne me trompe, la 13e enquête de l’inspecteur Girard (ou Gérard).

J’AI ÉTÉ TUÉE PAR…

Comment une jeune fille morte d’une balle dans le front sur une plage de Normandie et un homme abattu d’un projectile dans la nuque en forêt de Rambouillet, peuvent-ils avoir été assassinés en même temps par une arme retrouvée en plein champ situé à cinquante kilomètres dans les terres ?...

C’est ce que l’inspecteur GIRARD va devoir découvrir durant sa nouvelle enquête.

Ah ! Si la demoiselle avait eu le temps de terminer son message tracé dans le sable : « J’ai été tuée par… », la tâche aurait été bien plus facile pour le policier…

Une jeune femme est retrouvée assassinée d’une balle sur une plage normande. Quelques heures plus tard, on découvre le corps d’un jeune homme, tué également d’une balle, dans la forêt de Rambouillet. L’autopsie des deux corps démontre que les deux victimes ont été tuées à peu près à la même heure et par la même arme, qui est découverte dans un champ à 50 kilomètres de ladite plage.

C’est l’inspecteur Girard qui est chargé de l’enquête et qui va devoir expliquer comment deux personnes peuvent être tuées en même temps, à des centaines de kilomètres l’un de l’autre, par la même arme…

Comme bien souvent dans les enquêtes de l’inspecteur Girard, André Charpentier confronte son personnage à des intrigues apparemment impossibles à démêlées et qui vont, finalement, s’expliquer assez facilement même si, pour que la solution demeure a minima crédible (du moins pour le lecteur) il faut la replacer dans son contexte de l’époque (1939).

Effectivement, à l’heure actuelle avec les moyens des policiers et les connaissances des lecteurs, l’intrigue ne tiendrait plus debout d’autant que les policiers auraient en leur possession des indices, notamment via l’autopsie (je pense qu’ils devaient déjà les avoir à l’époque, mais les lecteurs étaient moins au fait), les guidant vers la bonne solution.

Peu importe, ce genre de fascicule est là pour offrir un petit moment de lecture sympathique et ce récit de 17 700 mots y parvient parfaitement grâce à un sens de la narration de l’auteur ainsi qu’à une plume adaptée au genre et au format (sans flamboyance, mais agréable).

En ce qui concerne les personnages, on ne saura toujours rien sur l’inspecteur Girard sur lequel l’auteur ne donne aucun indice si ce n’est qu’il est connu et compétent.

On suivra donc le début de l’enquête en se demandant de quelle façon l’auteur va expliquer le nœud de l’intrigue avant de le deviner en cours de récit, probablement en même temps que l’inspecteur Girard, mais bien avant les autres policiers.

Le lecteur actuel perd donc un peu de la « magie » de l’intrigue par rapport à son aïeul, mais est tout de même en mesure d’apprécier le texte, notamment s’il est habitué au format et aux récits de l’époque…

Au final, un bon épisode qui pâtit un peu, désormais, du fait que tous les lecteurs actuels sont abreuvés d’informations sur les techniques d’enquêtes, de la Police Scientifique, des autopsies et de toutes ces investigations qui font avancer la Justice, mais dont ne se doutaient probablement pas les lecteurs de l’époque.