Crime à la campagne
Je poursuis donc ma découverte de la production policière de l’auteur Jean Normand, découvert à travers la série « Inspecteur Doublet à travers le monde », une série de 14 fascicules de 14 pages se déroulant principalement en Guyane.
Pour rappel, derrière le pseudonyme de Jean Normand se cache l’écrivain Raoul Anthoni Lematte (1885-1956). Un auteur qui, après des études de droit travailla dans l’administration pénitentiaire en Guyane d’où il tira inspiration pour la série suscitée, mais aussi pour divers récits d’aventures.
Mais, principalement sous le pseudonyme de Jean Normand, l’auteur s’essaya plusieurs fois au genre purement policier et c’est cette production que je cherche à découvrir ces derniers temps.
CRIME À LA CAMPAGNE
Le père Grandin a été étranglé dans sa maison, durant la nuit, avec sa propre ceinture.
Les inspecteurs Doublet et Foulon sont chargés de l’enquête.
La suspicion se porte immédiatement sur le plus proche voisin quand une reconnaissance de dette à son nom est retrouvée sur la victime.
Mais le père Grandin, en plus d’être usurier à la petite semaine, pratiquait la sorcellerie et vendait ses services.
Sachant qu’il n’était pas du genre à mettre son magot à la banque, tout le monde, dans la région, pense qu’il cachait son pactole chez lui.
Un bon mobile pour multiplier les suspects…
Le garde champêtre Sicot, de Rainville-sur-Seine, lors de sa tournée, découvre, la porte entrouverte de M. Grandin. Inquiet, il pénètre dans la maison pour découvrir ledit Grandin mort, étranglé avec sa propre ceinture.
Les inspecteurs Doublet et Foulon débarquent sur place pour mener l’enquête, mais les soupçons se portent rapidement sur le voisin de la victime après avoir découvert dans le portefeuille de celle-ci, une reconnaissance de dette signée par ledit voisin.
Jean Normand met en scène le personnage de l’inspecteur Doublet, nom qu’il utilise la même année pour ses aventures de « L’Inspecteur Doublet à travers le monde ».
Pour autant, les deux personnages ne semblent rien avoir en commun.
Il me semble, d’ailleurs, que l’on retrouve aussi l’inspecteur Foulon dans d’autres titres de l’auteur.
Passons.
Jean Normand nous propose une intrigue simple, mais rondement menée (par l’auteur, moins par les enquêteurs) durant laquelle la suspicion se porte sur différents protagonistes.
On notera que Jean Normand apporte (dans les notes de bas de page) des éléments d’informations juridiques qui apportent un côté un peu plus réaliste, comme il avait pu le faire dans un autre titre en évoquant les dossiers anthropométriques de la police.
Un rien, un détail, mais dans ce format très court, cela apporte un indéniable plus, d’autant que l’enquête est menée d’une manière plutôt réaliste par les deux inspecteurs. Pas de scènes rocambolesques, de déductions tirées par les cheveux, même si on peut reprocher la légèreté des preuves apportées contre chacun des suspects.
L’ensemble se lit très agréablement, malgré les quelques répétitions et coquilles présentent dans le texte original, et ce jusqu’à la révélation finale.
Effectivement, même si on peut excuser l’auteur d’utiliser un tel artifice pour apporter la réponse aux enquêteurs et aux lecteurs, c’est encore une fois la chance qui va donner la solution toute cuite dans le bec de chacun.
Dommage tout de même, car le reste était à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre d’un bon récit policier fasciculaire de la part d’un auteur maîtrisant à la fois le genre et le format.
Au final, une agréable surprise que ce récit (notamment comparé aux aventures de l’inspecteur Doublet à travers le monde) qui démontre que Jean Normand maîtrisait à la fois le genre et le format, un peu trop, même, en usant d’un artifice un peu gênant pour résoudre son enquête au plus vite.