Un poignard dans la nuit
À force de me pencher sur la littérature populaire, je finis par avoir mon « cheptel » d’auteurs préférés que la plupart d’entre vous méconnaissent.
Je pourrais citer l’anonyme Charles Richebourg (dont on ne sait qui se cachait derrière le pseudonyme), découvert avec ses enquêtes du commissaire Odilon Quentin, ou bien encore Maurice Lambert, de son vrai nom Géo Duvic, dont j’ai apprécié les enquêtes de plusieurs de ses personnages récurrents comme l’inspecteur Machard, le commissaire Mazère ou encore A.B.C. Mine.
Évidemment, je ne puis oublier Albert Boissière dont les romans policiers sont parmi les meilleurs que j’ai pu lire ou encore un autre anonyme, J.-A. Flanigham, dont tous les textes que j’ai lus de lui ont su me ravir.
Mais, dans le lot, je ne manquerais pas d’évoquer un nom, des pseudonymes, plutôt : René Byzance, Jean Buzancenais, Jean Buzançais ou, encore Léo Sandrey.
Cet auteur qui sut me divertir avec ses courtes enquêtes du Professeur, surnom de l’inspecteur Gonzague Gaveau et, plus encore, avec les enquêtes de son commissaire Jules Troufflard, signe le titre du jour sur le dernier pseudonyme cité : Léo Sandrey.
« Un poignard dans la nuit » est un roman de 130 pages contenant un récit de 33 000 mots, publié en 1955 par les éditions du Puits-Pelu dans la collection policière « Le Glaive ».
UN POIGNARD DANS LA NUIT
La curiosité est un vilain défaut !
Sylvain Forêt, tennisman et professeur de bridge, va l’apprendre à ses dépens.
C’est en voulant découvrir pourquoi ses amis et partenaires de cartes ont refusé, dans une gêne évidente, de passer la soirée de Pâques avec lui et sa fiancée, qu’il se rend chez les Muray où toute la bande a coutume de se réunir.
Face à la réticence du vieux domestique, Sylvain force l’entrée : il ne manque que lui autour des tables de jeu.
Énervé et déçu, il décide de s’incruster et de regarder les autres taper le carton.
À son grand étonnement, chacun commet des erreurs qui leur sont inhabituelles, comme s’ils n’étaient pas concentrés sur la partie.
Soudain, la lumière s’éteint.
Quand elle se rallume quelques minutes plus tard, Sylvain constate que l’une des participantes a été poignardée en plein cœur…
L’homme du monde, professeur de bridge et tennisman avéré Sylvain Forêt est amoureux de la délicieuse Mireille Carle, et fréquente des « amis » de tous horizons qui se réunissent régulièrement pour jouer aux cartes et faire des soirées.
Mais, le jour de Pâques, toutes ces personnalités semblent avoir quelque chose de prévu et refusent l’invitation de Sylvain à passer la soirée ensemble. Pire, tous ont l’air gênés, comme s’ils cachaient quelque chose.
Le soir même, alors que Sylvain flâne avec Mireille non loin de la demeure des Muray où généralement les amis se réunissent, Sylvain, curieux, décide de faire un petit détour pour vérifier un doute qui l’assaille. Il retrouve tout le monde réuni dans la maison. Accueilli comme un chien dans un jeu de quilles, Sylvain s’incruste pourtant et observe ses « amis » jouant étrangement mal aux cartes.
Soudain, la lumière s’éteint et, quand elle se rallume, Éliane Leduc, l’une des joueuses, est retrouvée morte, poignardée en plein cœur…
René Byzance, sous le pseudonyme de Léo Sandrey, propose aux lecteurs un petit roman qui n’entre pas du tout dans la veine légère et concise de ses enquêtes du professeur, ni dans celle toute en ambiance et menée par un personnage fort et charismatique, de ses enquêtes du commissaire Jules Troufflard.
D’ailleurs, on ne retrouve pas ici l’humour auquel l’auteur nous avait habitués dans les deux séries évoquées.
Si le texte fut publié en 1955, il a pourtant des airs de récits des années 30 ou 40 dans sa construction, sa narration et même un peu son sujet.
Mais, une référence à Gilbert Bécaud date bien l’ensemble dans le milieu des années 1950.
Dans ce roman, pas réellement de personnage fort. Le policier, le commissaire Merlier, n’est pas le héros de l’histoire. Quant à Sylvain Forêt, le personnage central, le « coupable idéal » qui va se battre pour prouver son innocence, il n’est étrangement pas très charismatique.
Et pourtant, le récit se lit très agréablement même si, on le constatera à la fin, ni l’intrigue, ni le mobile du meurtre, ni même l’identification du vrai coupable, ne soient original ou enthousiasmant.
D’ailleurs, le procédé utilisé pour découvrir la coupable a déjà, à l’époque, moult fois été utilisé par les auteurs de récits policiers et il est bien difficile, de nos jours, de penser qu’un tel artifice fonctionne encore.
Nul doute, pas le meilleur récit de l’auteur, la faute, principalement, à l’absence d’une personne forte et charismatique comme ceux auquel il nous avait habitués.
Au final, un petit roman policier plaisant, mais qui ne demeurera pas dans les esprits des lecteurs…