La vengeance du mort
Georges Grison (1841-1928) est un journaliste, poète, auteur de pièces de théâtre qui écrivit également des récits sentimentaux et policiers pour la littérature fasciculaire de son époque.
J’ai déjà évoqué l’écrivain à quelques reprises par le passé et je reviens à lui avec la lecture du titre « La vengeance du mort » un fascicule initialement paru en 1921 dans la mythique collection « Mon Roman Policier » des éditions Ferenczi et réédité, comme bon nombre de titres de la même collection, dans la collection « Police et Mystère » du même éditeur, en 1935.
Dans les titres « policiers » de l’auteur que j’ai lus jusqu’à présent, on peut noter deux points communs : le côté sentimental très présent et une propension à baser ses intrigues autour de fantômes sans pour autant verser dans le fantastique…
LA VENGEANCE DU MORT
M. et Mme de Brunvillers mènent une vie luxueuse et heureuse depuis leur mariage quelques années auparavant.
Mais un événement va assombrir leur existence.
Pendant d’une soirée mondaine, Mme de Brunvillers s’évanouit en apercevant un homme ressemblant étrangement au commandant Hugues de Farge, son ancien époux mort subitement d’une mystérieuse maladie quand elle n’avait que vingt ans.
Le lendemain, M. de Brunvillers l’accompagne au Bois de Boulogne pour qu’elle s’aère. Elle y croise à nouveau le même personnage.
Les jours suivants, les apparitions se multiplient, mettant en péril la santé mentale de la jeune femme…
La très jeune Léonie Duport a épousé le comte Hugues de Farge, devenu commandant pour ses faits de guerre. Malheureusement a à peine vingt ans, la voilà veuve à la suite du décès subit de son mari d’une maladie mystérieuse.
Un an plus tard, elle épouse M. de Brunvillers et mène une vie heureuse jusqu’à ce que le fantôme de son ex-mari la harcèle au point de mettre en péril sa santé mentale…
Je vais faire assez court avec ce titre qui n’est assurément pas le meilleur de l’auteur même s’il se lit sans déplaisir.
D’abord, le sujet central de l’intrigue a été moult fois abordé, avant l’auteur et après l’auteur : un mariage heureux jusqu’à ce qu’une personne cherche à rendre folle l’une des deux personnes du couple en faisant intervenir des choses qui semblent surnaturelles.
Ensuite, et surtout, parce que ce titre n’a pas grand-chose de policier puisqu’on ne peut même pas dire qu’il y a enquête.
Du moins, si M. de Brunvillers cherche bien à découvrir qui veut nuire à son épouse, la solution lui tombe toute cuite dans le bec par l’intermédiaire d’une confession… confession que, normalement, le coupable n’aurait jamais fait (sinon, à quoi bon ?) pour laisser le couple dans l’expectative et dans la terreur.
Et du coup, cette confession met un terme brutal aux questionnements, autant ceux de M. de Brunvillers que ceux du lecteur, créant, chez ce dernier, une frustration qui n’est guère synonyme de plaisir de lecture.
Reste alors un récit agréablement écrit à la mode de 1920, abordant des sujets à la mode de 1920 (les Indes, les fakirs…) et mêlant un récit sentimental à un mystère qui, sans être transcendant, aurait pu être intéressant si l’enquête du personnage central avait été menée à son terme…
Au final, un petit récit dans la veine de ce que produisait l’auteur, mais qui pâtit de la quasi-absence de l’aspect policier et d’une solution qui arrive brutalement d’une façon frustrante.