Le meurtre du « Sequania »
Parmi les grands pourvoyeurs de la littérature populaire fasciculaire, il y a un nom que j’ai déjà abordé, mais bien trop rarement par rapport à sa production : Paul Dargens, de son vrai nom Paul Salmon (1884-1965) dont j’avais évoqué la grande bibliographie en chroniquant certains de ses récits mettant en scène Luc Hardy, un jeune détective millionnaire.
Mais Luc Hardy ne fut pas le seul détective à être né de la plume de Paul Dargens. En effet, un autre de ses personnages exerçait également cette profession : Jacques de Villefort.
Il apparaît, il me semble, au milieu des années 1930 dans la collection « Police et Mystère » des éditions Ferenczi dans des fascicules de 64 pages (récits d’environ 18 000 mots) dans au moins 24 aventures (sûrement plus, bien plus, mais je ne possède pas encore tous les textes de l’auteur).
Il est possible (mais pas sûr, toujours du fait que je ne possède pas tous les textes de l’auteur) que le personnage apparaisse pour la première fois dans le titre « Le meurtre du « Sequania ».
LE MEURTRE DU « SEQUANIA »
La jeune Lucile, héritière de l’empire industriel paternel, mène une vie calme et presque d’ascète.
Un matin, elle reçoit une lettre la menaçant de faire des révélations susceptibles de salir la réputation de la famille et de la ruiner.
Le corbeau l’engage à déposer une forte somme dans les bois proches de son domaine en échange de son silence. La missive est signée par une flèche de carton gris.
Lucile ne prend pas cette tentative de chantage au sérieux et poursuit son existence comme si de rien n’était…
Mais le lendemain de l’ultimatum, son chien est retrouvé étranglé par un collet. À son collier est accrochée une flèche de carton gris…
La jeune Lucile, héritière d’un riche industriel, mène une vie tranquille jusqu’à ce qu’elle reçoive, un jour, une lettre la menaçant de divulguer des informations sur feu son père susceptible de ternir sa réputation voire de mettre à mal son entreprise. Le corbeau réclame que la jeune femme dépose une grosse somme d’argent dans un bois proche de son domaine.
Mais Lucile ne prend pas la missive au sérieux jusqu’à ce que l’on découvre son chien étranglé au collet, avec sur le corps la même signature que sur la lettre reçue…
Le moins que l’on puisse dire sur ce récit de 18 200 mots, c’est que le héros, Jacques de Villefort, apparaît fort tardivement, presque autant que le crime donnant le titre à l’histoire, c’est-à-dire à plus de trois quarts du texte.
Jusque-là, on suit les pérégrinations de Lucile partie avec son tuteur en Belgique pour échapper aux menaces et qui retrouve sans cesse sur son chemin un peintre rencontré dans les bois un peu plus tôt…
Autant dire que ce texte mélange les genres : récit d’aventures, récit sentimental, récit policier… comme la plupart des titres de l’époque et de la collection.
On notera que l’auteur, comme il le faisait déjà à l’époque des aventures de Luc Hardy, se fend d’une légère description pour chaque personnage, description agrémentée d’une estimation très précise de leurs âges.
On notera également que si l’auteur s’étend sur les déboires de la jeune Lucile et si le meurtre intervient très tard, la résolution de celui-ci ainsi que celle du dossier des menaces se font très rapidement, à ce point rapidement que le lecteur n’est pas convié à y assister et qu’il doit se contenter d’écouter (ou de lire) Jacques de Villefort relater comment il s’y est pris.
Pour le reste, rien de bien nouveau, ni d’enthousiasmant, mais un récit tout de même agréable à lire et qui donne envie de découvrir Jacques de Villefort dans une histoire où il sera plus présent.
Au final, un récit policier d’aventures classique mettant en scène un héros tout autant classique et mené d’une plume d’un même classicisme.